Biographie succincte... Bibliographie sélective et non exhaustive...
George P. Pelecanos est un pur produit de Washington DC, capitale des États-Unis et siège de la Maison Blanche. Il y est né, en 1957, de parents d'origine grecque, y a grandi, loin du fameux bureau ovale et plutôt du côté des quartiers noirs et ouvriers, y a appris la vie, et y réside aujourd'hui.
À dix-sept ans, un évènement inattendu va changer le cours de son existence : il blesse accidentellement un ami au visage avec une arme à feu. Celui-ci échappera de peu à la mort et Pelecanos prend alors conscience de la fragilité de la vie humaine et de la facilité avec laquelle le destin frappe parfois à la porte.
Il fait quelques études de cinéma à l'université de Maryland et enchaîne les petits boulots : d'abord dans le snack de son père, puis en tant que barman, cuistot, ou encore vendeur de chaussures. En 1981, retour au cinéma chez Circle Film, où il organise la distribution de films tels que The Killer de John Woo, ou Un Ange à ma Table de Jane Campion. La légende voudrait qu'il ait produit certains films des frères Coen, mais il semblerait bien que ce soit justement... une légende. C'est aussi l'époque où il se met à écrire, surtout la nuit.
En 1990, il tente l'aventure de l'édition avec un premier roman, A Firing Offense, qui sera d'abord refusé, puis finalement édité en 1992. Dès lors le succès arrive rapidement et il va enchaîner les romans, au rythme d'au moins un chaque année, et est considéré à juste titre comme une des références de la littérature noire américaine.
Publié le 31 mars 2005
Los Angeles a ses écrivains attitrés : James Ellroy et Michael Connelly. Washington, pour son côté sombre, a George P. Pelecanos.
On nous présente souvent la ville de Washington comme uniquement la capitale des États-Unis et le siège de la Maison Blanche ; on oublie bien sûr de préciser que c'est ici un des endroits les plus violents de l'Amérique, où les inégalités sont d'autant plus frappantes que se côtoient le siège du pouvoir le plus puissant de la planète et les ghettos les plus sordides.
Pelecanos a grandi du coté "noir" de la ville, il la connaît sur le bout des doigts, il l'a arpentée de long en large, jusqu'au plus perdu des terrains vagues, lui, le fils d'émigrés grecs, coincé entre les "blacks" qui faisaient de lui un "sale petit blanc", et les WASP qui lui renvoyaient l'image d'un "basané".
Mais Pelecanos est aussi un observateur, peu bavard, un peu taciturne. Il emmagasine les images, les digère : le racisme, la violence, les dealers, les communautés, l'alcool, les bars, mais aussi les histoires d'amitié, puis il les restitue à travers ses romans où il reprend, aidé d'une succession de personnages récurrents, l'histoire de sa ville depuis les années 40 jusqu'à nos jours ; Nick Stefanos d'abord, le classique détective privé un peu (beaucoup ?) alcoolique, la chronique de la famille Karras ensuite, décennie après décennie, et plus récemment ce duo de flics "bicolore" : Derek Strange / Terry Quinn.
Pelecanos aime les gens, aime ses personnages et fait preuve d'une grande sensibilité (sous des airs de vrai "dur") qu'on retrouve dans chacun de ses romans. Il n'y a que rarement de vrais méchants tordus chez lui, mais plutôt de pauvres bougres ayant mal tourné qu'on aurait presqu'envie d'excuser. Sa peinture sociale de la société américaine n'en reste pas moins efficace et crédible, et suffisamment éloignée du politiquement correct pour qu'on prenne un réel plaisir à sa lecture.
Une dernière chose tout de même, et d'importance : Pelecanos est un fin connaisseur en matière de musique, et ses romans sont truffés de références qu'on voudrait pouvoir noter au fur et à mesure, ce qu'on ne prend jamais le temps de faire... Dommage.