Editions de l'Olivier - Janvier 1999 - Traduction (anglais) : Frédérique Pressmann
Tags : Polar social Discrimination Quidam Washington Années 1970 Moins de 250 pages
Publié le : 31 mars 2005
King Suckerman est le premier volet d'une trilogie consacrée par George P. Pelecanos à la ville qui l'a vu naître et grandir : Washington DC, capitale des États Unis, siège du pouvoir absolu de la maison blanche. Mais ça n'est pas cette face rutilante de la ville qu'a voulu peindre Pelecanos mais
bien plutôt la face "cachée", celle qu'on ne connait qu'en vivant sur
place, en plein cœur des quartiers noirs défavorisés. Cette trilogie
explore trois décennies de la vie de Washington et ce premier volume
débute en 1976, à la veille du bicentenaire de la nation (faut-il y
voir un symbole ?). On y fait tout d'abord la connaissance de Wilton
Cooper qui, alors qu'il assiste à la projection du film Black Caesar,
surprend le stratagème d'un jeune blanc qui profite de la scène finale
et de ses fusillades pour assassiner en toute impunité et de manière
synchronisée. Cette mise en scène n'est pas sans plaire à Wilton
Cooper, lui-même tueur à gages qui, cherchant un acolyte, choisit
celui-là : Bobby Roy Clagget.
Apparaissent ensuite les deux principaux protagonistes de cette aventure : Marcus Clay, grand noir vétéran du Vietnam, disquaire de son état et ami de
Dimitri Karas, petit dealer grec. Les deux duos vont se rencontrer lors
d'une transaction "illicite" chez l'italien Eddie Marchetti. Une
rencontre qui tourne mal et où les coup pleuvent. Marcus, qui n'était
là que pour accompagner son copain, empoche en "représailles" une
enveloppe qui ne lui était pas destinée et dès lors ce sera
l'affrontement.
Telle est l'entame de l'intrigue qui constitue la trame de ce roman, mais Pelecanos est un adepte du roman noir, et l'intrigue n'est pas son seul propos. À travers les différentes communautés rencontrées : grecque, italienne,
et surtout noire, c'est la vie d'un quartier de Washington qu'il
dissèque, insouciante et violente comme elle put l'être au milieu des
années 70. La musique est omniprésente - assurément Pelecanos est un
fin connaisseur de la soul music et du funk, vous pouvez lui faire
confiance - les parties de basket au coin des rue, la fumette, l'herbe,
et le cinéma noir, la fameuse "blaxploitation".
La communauté noire décrite par un blanc ; on pourrait douter du bien
fondé de ses analyses et conclusions. Mais Pelecanos est né dans ces
quartiers, a grandi au milieu de cette communauté, il sait de quoi il
parle, et les comportements qu'il décrit ne sont autres que ceux qu'il
connait, les siens, ceux de sa culture. Un régal.
Quelques pistes à explorer, ou pas...
La trilogie entamée ici se poursuit sur deux volumes avec Suave Comme l'Éternité qui aborde les années 80, puis Funky Guns pour les années 90. À lire dans la continuité.
À
propos de ce qu'on appelé la "blaxploitation" (parfois écrit
"blackploitation) et des nombreux films aux héros noirs qui
constituèrent ce courant cinéphile au début des années 70 dont un des
plus connus reste Shaft (1971), vous pouvez visiter ce site anglophone qui s'y consacre entièrement.
Les dix premières lignes...
Wilton Cooper attrapa le haut-parleur et baissa le volume. Avec tous ces
parasites à la con, on aurait dit que les frangins causaient chinois.
Comme si c'était un truc de Niakoués qu'il était venu voir, genre Les Cinq Doigts de la Mort ou un machin comme ça. De toute façon, Cooper n'avait pas besoin de cette boîte en ferraille qui pendouillait à la fenêtre. Il connaissait
les dialogues par cœur. Black Caesar, il l'avait déjà vu -
quoi, cinq, six fois ? Il avait même la bande son du film en cassette,
avec James Brown qui se la donnait à fond. "Down and Out in New York
City", "The Boss", et tout.
D'ailleurs, c'était pas Black Ceasar qu'il était venu voir (...).
Quatrième de couverture...
En 1976, à la veille du bicentenaire de l'Indépendance américaine, Wilton Cooper, un tueur à gages, regarde L'Exécuteur Noir,
l'un de ses films de "blaxploitation" favoris. Plusieurs coups de feu
retentissent, parfaitement synchronisés avec la dernière scène - celle
où un privé noir règle ses comptes avec une bande adverse. Leur auteur,
un jeune blanc, pourrait bien être un partenaire idéal pour Cooper.
Marcus Clay, un vétéran du Vietnam, et Dimitri Karas, un petit dealer, sont
inséparables. Lors d'un rendez-vous "d'affaires", ils se retrouvent
face à Wilton Cooper et son nouvel acolyte...
C'est ainsi que commence King Suckerman, dans le fracas des armes à feu et
l'odeur de la poudre, sur fond de soul music et de sirènes hurlante.
Un condensé de la culture populaire noire américaine.
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...