Jean-Paul Jody

Un avis personnel...

Publié le : 1er décembre 2006

Le « stringer » évolue dans le bas-fond du journalisme. Il traque et vole des images chocs, sans traitement aucun.
Filo est un jeune étudiant français « parti aux States ». À Los Angeles. Devenir réalisateur. De cinéma. Forcément…

Dès les premières pages, j'ai eu le frisson du cliché. L'angoisse du syndrome Scalese. Les thèmes abordés par Jody sont sur le fil. On tangue en compagnie de Filo et ses rêves. On manque de basculer lors du couplet sur sa vie passée, sa romance hollywoodienne, ou de phrases comme « la peur a distillé son venin sournois dans mes veines ».
Mais Jody équilibre l'ensemble. Un petit je-ne-sais-quoi de plus aurait donné davantage d'impact au livre. Les phrases sont courtes, le rythme bien dosé. Les craintes se stabilisent. Les pages se tournent avec curiosité. De gros bons morceaux d'ambiance et de glauque surgissent. L'histoire accroche. Le lecteur est renvoyé à sa relation à l'image télévisuelle, ce qu'il en attend et ce qu'il ingurgite sans même y prêter attention.

Jody réussi à capter l'intérêt. Il donne envie de découvrir ses autres productions.
À noter que Stringer est au départ un scénario qui a donné un film franco-américain en 1997. Le roman, lui, est sorti chez Actes Sud en 2000.

Lorsque je me suis réveillé, le soleil pointait au-dessus des montagnes de San Bernardino. La pendule de la voiture annonçait cinq heures du matin. Dans une heure il ferait grand jour. Une lueur diffuse enveloppait la ville. Je me suis maudit de m'être endormi. N'importe quoi aurait pu m'arriver sur ce parking. Les lumières du Coréen brillaient toujours, seuls signes de vie dans la ville assoupie. Los Angeles s'accordait encore quelques minutes de répit avant le grand rush.

Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Le Film En 1997, c'est Klaus Biedermann qui tourne à New York le scénario écrit par Jean-Paul Jody. À l'affiche de cette production franco-américaine, entre autres, le duo Elie Seimoun / Burt Reynolds.

Côté lecture, dans le registre « déraciné de son pays », L'oiseau Tempête de Susanna Jones, avec son étrange personnage de Lily.

Le début...

Les dix premières lignes...

Le grand noir a lâché son volant et s'est levé d'un bon. J'ai entrouvert un œil, le temps de comprendre qu'il se dirigeait vers moi, visage fripé, pas content, et mes paupières sont retombées aussitôt. Il a attrapé mon épaule et l'a secouée :
— Hé ! Mon gars, ça ne va pas ?
À l'extérieur le décor s'était stabilisé. Plus rien ne bougeait. Trois ampoules égarées se balançaient dans la nuit. Plongé dans l'obscurité, moteur au ralenti, l'autocar s'était vidé de ses autres passagers (...)

La fin...

Quatrième de couverture...

Qu'est-ce qu'un stringer ? Un vidéaste indépendant qui capture jour et nuit les images les plus sordides du quotidien américain pour les monnayer, d'ailleurs assez modestement, auprès des chaînes de télévision. Le stringer court de drame en tragédie. Paparazzo du fait divers sanglant, il est bien sûr le révélateur privilégié de la folie d'un système. Mais il en est aussi une victime, certes dangereuse, dès lors que, comme l'apprendra à ses dépens Filo, un jeune français venu perdre ses rêves et ses principes à Los Angeles, il met le doigt dans l'engrenage et participe à cette course à l'image la plus "forte"...