George Pelecanos

Un avis personnel...

Publié le : 31 mars 2005

On avait quitté Nick Stefanos et ses histoires d'amitié trahie dans Nick la Galère, le voici qui réapparait, toujours sous le costume du détective privé et toujours sans client. Nick est fidèle dans ses amitiés, et celle qui le lie au Spot, bar des quartiers défavorisés de Washington où il officie en tant que barman trois à quatre fois par semaine, est aussi solide que sa dépendance au bourbon et à la bière.
Ce roman débute au bord de l'Anacostia River où notre "héros" atterrit dans un état second après une nuit de virée alcoolisée. Trop d'alcool brouille la vue, mais l'ouïe reste performante, et Nick, dans un brouillard, perçoit près de lui une altercation avant de sombrer dans un semi coma éthylique.
Le lendemain, c'est le cadavre d'un jeune noir assassiné qui est découvert au bord de la rivière. Cette affaire sera bien vite enterrée, tant par la presse que par les flics : après tout ça n'est jamais qu'un règlement de compte de plus entre bandes rivales, et surtout, ça n'est jamais qu'un noir.
Mais les souvenirs de Nick, bien qu'embrouillés, ne concordent pas avec l'explication donnée. Pris par le remord de n'avoir pas pu porter secours à la victime, il va enquêter en solo, dans son coin, pour découvrir la vérité.

Nick la Galère était une histoire d'amitié, Anacostia River Blues est l'histoire d'un alcoolique. George P. Pelecanos nous plonge allègrement dans les verres de bourbon ingurgités par son détective, il nous décrit sa vie, ses virées nocturnes de bars en bars. Mais c'est un constat plat, sans jugement moral, presque une description sociologique d'un fait de société ; du roman noir quoi.
Pelecanos, comme à son habitude, inscrit son intrigue, savamment orchestrée, dans les quartiers pauvres de Washington, et rend ses personnages attachants. Un humaniste de la littérature noire américaine.

Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Retrouvez le détective Nick Stefanos dans sa première "enquête" intitulée Nick la Galère. À lire indifféremment avant ou après celui-ci ; les traductions françaises étant parues sans respecter l'ordre des éditions originales.

Le début...

Les dix premières lignes...

Comme la plupart des ennuis qui me sont arrivés, ou que j'ai causés, dans ma vie, ceux qui me sont tombés dessus cette nuit-là ont commencé par un verre. Personne ne m'a forcé la main, je me suis servi tout seul : deux doigts de bourbon dans un petit verre. Il fut suivi de beaucoup d'autres, du bourbon encore et aussi des bouteilles de bière, beaucoup trop pour qu'on puisse les compter. Mais c'est le premier verre qui m'a conduit au bord de la rivière cette nuit-là, à l'endroit où ils ont tué un jeune gars nommé Calvin Jeter.
Ce premier verre, je l'ai bu au "Spot", au niveau de la 8ème et de G street, dans le Southeast, où je tiens le bar trois à quatre fois par semaine (...).

La fin...

Quatrième de couverture...

Il est tard, et bien que la nuit soit tombée, la chaleur écrase encore Washington. Nicolas Stefanos, détective privé, est étendu dans un parc, au bord de la rivière Anacostia. Il ne dort pas, non, il maudit ce premier verre d'alcool qui en a entraîné tant d'autres. Ivre mort, il est cloué au sol.
Soudain une voiture s'arrête ; des voix, un gémissement qui se transforme en hurlement, trop vite interrompu par un "pop" facilement identifiable. Les portières claquent, la voiture repart. Nicolas sombre dans l'inconscience.
Au petit matin, il a la gueule de bois et le cadavre d'un adolescent sur les bras...