Seuil Policiers - Février 2007 - Traduction (anglais) : Etienne Menanteau
Tags : Polar social Polar urbain Quidam Washington Années 2000 Entre 250 et 400 pages
Publié le : 24 février 2007
Lorenzo Brown a purgé sa peine. Après huit années passées en prison, il retrouve son quartier à Washingron D.C., ses anciennes connaissances aussi, des amis d'enfance devenus les caïds du coin, organisant chacun sur son territoire le trafic de drogues.
Lorenzo a changé, son séjour en cellule l'a marqué, il s'est assagi et n'aspire aujourd'hui qu'à une vie tranquille : un boulot, une famille peut-être... Heureusement pour lui, il s'est trouvé un emploi à la fourrière municipale, il passe son temps dehors à venir en aide ou à surveiller les conditions de vies des animaux du district.
Rachel Lopez est son agent de probation, celle qui contrôle les détenus en liberté conditionnelle. Pour elle Lorenzo est plus que sur la bonne voie...
Les années passent... et le monde bouge, même à Washington. Dans ce nouvel épisode consacré à la ville qui l'a vu naître et dont il a fait le cœur de son œuvre, George Pelecanos met en scène Lorenzo Brown qui, au sortir de huit années passées en prison pour trafic de stupéfiants, tente de (re)trouver une vie normale sous l'œil vigilant de Rachel Lopez, son agent de probation. Heureusement pour lui, Lorenzo a de quoi occuper ses journées, et pas seulement un petit boulot de merde habituellement réservé aux anciens détenus : il s'occupe du bien-être des animaux, strictement règlementé à Washington (!). C'est sa chance.
Pelecanos nous présente des gens ordinaires dans une vie ordinaire. Il semble même que la violence ait reculé dans les quartiers défavorisés de Washington, que les guerres de gang soient terminées, même si les trafics perdurent, mais ceux-ci s'organisent dans une espèce de ronronnement tranquille. L'auteur calque son roman, le rythme de son récit sur la vie de ces quartiers, une vie plutôt morne où rôdent l'ennui, le chômage, la drogue, les séquelles d'une misère sociale. La violence, les bandes, ont reflué, les habitants se sont résignés, acceptant la nuit tombée que leur environnement soir livré aux trafiquants.
Certains, passés par là, par la prison, essayent de s'en sortir, de se racheter une conduite, tant bien que mal, d'autres tentent de les y aider, mais la législation est stricte, là aussi, les contrôles draconiens : il faut un boulot, régulier, et pas question de toucher à la drogue, même si elle est omniprésente. Le tableau n'est pas reluisant. Il semble bien que l'administration américaine ait plus de considération pour les animaux que pour certains de ses concitoyens. Parmi ceux-là, les femmes étant les plus mal loties. Souvent seules, avec enfant, mais aussi avec des lois qui leur interdisent, en tant qu'ex-toxicos, l'accès aux aides sociales, les renvoyant inexorablement dans la spirales de trafics, de la drogue, voire de la prostitution pour s'en sortir puisque de boulot il n'y a pas. Au point que certaines préfèrent encore la prison au "confort" du dehors. La vie est dure en bas d'une échelle qui n'a plus de barreaux...
Cercle vicieux encore, celui de la violence. Pelecanos en fait un cancer qui dissémine dans le corps social. Pour lui le mal est fait, depuis longtemps. La bête est là, endormie parfois, mais toujours prête à bondir. On ne se sort pas de la violence, comme on ne se sort pas de la drogue, comme on ne se sort pas de l'alcool, ou difficilement.
Drama City est aussi un roman autour de la rédemption, des tentatives de certains de se sortir de ce cercle vicieux, des ces cercles vicieux. Il en montre la difficulté, voire pour certain l'impossibilité. Certaines maladies sont incurables...
Pelecanos ne juge pas. Il montre. Il ne prend pas parti non plus.
Sa démonstration passe par des personnages qu'il sait rendre particulièrement attachants dans leur quotidien, leur banalité, mais on peut être "déçu" par cette approche.
Au fil des romans, l'auteur s'éloigne du polar proprement dit pour prendre une couleur plus "sociologique". Ici, l'intrigue, si intrigue il y a, n'apparaît qu'après une bonne moitié du récit, en filigrane, reléguée loin au second plan.
Si le sujet est grave, l'image présentée bien sombre, le constat amer, il manque comme le souffle. On ressent chez l'auteur une sorte de résignation, bien compréhensible fasse au spectacle donné. Pelecanos endosse le costume du spectateur, attentif, mais impuissant.
Quelques pistes à explorer, ou pas...
L'œuvre de George Pelecanos est à considérer dans son entier. Chaque roman est une nouvelle image donnée de la ville de Washington et par extension de la société américaine. À travers ce prisme particulier il explore les époques mais aussi et surtout ceux qui les traversent.
Les dix premières lignes...
Lorenzon Brown ouvrit les yeux. Contempla les fissures du plafond en plâtre et reprit ses esprits.
Il ne se trouvait pas dans un lit de camp, mais au fond d'un vrai plumard bien propre. Dans un appartement dont les portes s'ouvraient et se fermaient à volonté. Dans un appartement où il pouvait se déplacer à sa guise.
Il balança les pieds par-dessus le bord du matelas. Sa chienne, une bâtarde de taille moyenne qui répondait au nom de Jasmine, se leva de son coin de tapis, s'étira et s'ébroua. Et vint le voir en faisant cliqueter ses griffes sur le plancher et posa le museau sur son genou. Il la frotta derrière les oreilles et lui flatta les flancs (...)
Quatrième de couverture...
Enfin sorti de prison, Lorenzo Brown, presque la quarantaine, revient dans son ancien quartier de Park View, à Washington D.C. Engagé par la Humane Society, il s'occupe des chiens maltraités, mal nourris ou, pire, entraînés pour des combats interdits. Décidé à ne pas retomber, il fait bien son travail et évite l'argent facile gagné par ses anciens amis, Nigel Johnson et Deacon Taylor, devenus des patrons de la drogue.
Rachel Lopez, elle aussi, aime et fait bien son travail. Contrôleuse judiciaire, elle s'applique à aider les détenus qui sortent de prison, dont Lorenzo. Mais, le soir venu, elle fréquente des bars pour y chercher l'amour et se perdre dans l'alcool. Lorenzo, qui s'est pris d'amitié pour elle, comprend vite comment tout cela risque de se terminer. C'est alors qu'une querelle de territoire en Johnson et Taylor précipite l'inévitable.
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...