Funky Guns

Un avis personnel...

Publié le : 31 mars 2005

Troisième volet de la trilogie consacrée par George P. Pelecanos à la ville de Washington, Funky Guns, qui explore les années 90, vient après King Suckerman, pour les années 70 et Suave Comme l'Éternité pour les années 80.

Les frères Farrow, accompagnés d'un troisième larron, Roman Otis, forme un trio de truands minables mais extrêmement dangereux parce prêts à tout. Ensemble, ils préparent le hold-up d'un restaurant où tout devait se passer simplement et rapidement. Naturellement, rien ne se passe comme prévu, tout le monde défouraille, tire, et c'est le carnage. Un des frères Farrow est abattu, les témoins également. Un flic présent au moment du casse est gravement blessé et, lors de sa fuite, le frère survivant renverse et tue un enfant qui passait par là. Franck Farrow et Roman Otis réussissent tout de même à s'enfuir et décident de se mettre au vert quelques temps.
Pour le père de l'enfant qui n'est autre que Dimitri Karas, c'est le drame. Douleur, abattement, désespoir, sa vie est cassée alors même qu'elle prenait enfin tournure. Puis vient le temps de la vengeance, car l'enquête piétine et rien ne bouge. Dimitri va trouver sur son chemin le détective Nick Stefanos et ensemble ils vont traquer Franck Farrow, alors même que celui-ci est de retour en ville et qu'il a décidé de venger lui aussi une mort : celle de son frère, en s'attaquant au flic qui l'a mortellement blessé et qui vit aujourd'hui en fauteuil roulant.
Les années 90 ne sont pas reluisantes sous la plume de George P. Pelecanos, en tout cas pas plus que les années 80, et la gangrène qui avait attaqué ne cesse de gagner du terrain. La violence est partout, mais surtout elle est maintenant gratuite, sans limite, aveugle et sourde.

Alors la vengeance d'un père est terrible qui, pour n'avoir pas pu protéger son enfant, retourne sa rage sur celui qui le lui a enlevé. Mais Pelecanos traite aussi l'histoire d'un quartier, d'une famille, et l'amitié qui unit Dimitri, le père, et Nick, le détective, est aussi le fruit d'une solidarité affective issue des générations antérieures : leurs grand-pères respectifs étaient amis. Et c'est peut-être là que George P. Pelecanos laisse entrevoir une porte de sortie et un avenir moins sombre pour une population laissée de côté par les politiques. Mais même cette pâle lueur d'espoir ne vient éclairer que faiblement le constat amer, sombre et désabusé d'une génération perdue.

Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Prenez donc cette trilogie dans l'ordre chronologique afin de mieux appréhender l'analyse de vingt années dans le cœur d'un quartier de Washington. King Suckerman d'abord, Suave Comme l'Éternité ensuite, pour finir seulement par le présent Funky Guns.

Le détective Nick Stefanos est également le "héros" de deux autres romans de Pelecanos : Nick la Galère et Anacostia River Blues.