Echo Park

Michael Connelly

Seuil Policiers - Mai 2007 - Traduction (anglais) : Robert Pépin

Tags :  Roman noir Roman d'enquête Corruption Serial Killer Arnaque Flic Los Angeles Années 2000 Littéraire Entre 250 et 400 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 28 mai 2007

L’avant dernier ouvrage de Connelly vient de paraître en français, au même moment où est publié aux États-Unis le dernier The Overlook. La bonne nouvelle est que ce sont deux romans avec Harry Bosch. The Overlook a été d’abord publié en feuilleton dans le New York Times, mais pour l’instant il n’a pas encore été traduit en français. Je n’ai pas encore lu The Overlook. Mais j’ai lu Echo Park que j’ai dévoré dans la nuit.
Autant La Défense Lincoln était très en dessous de ce qu’écrit habituellement Connelly, autant Echo Park est excellent. D’abord évidemment il y a l’intrigue qui est pleine de rebondissement et qui incite fortement le lecteur à continuer à lire même s’il tombe de sommeil. Mais cela a toujours fait partie du talent de Connelly, ce n’est pas nouveau.
Harry Bosch se retrouve embarqué dans une vieille affaire non résolue qui le poursuit depuis des années. Et soudain la solution lui est apportée sur un plateau. Mais c’est justement là que tout commence. Los Angeles est un panier de crabes et Bosch légèrement psychorigide sur la question des principes a bien du mal à naviguer entre les policiers véreux et les procureurs corrompus.
Bien sûr il triomphera, mais à quel prix ! Car Bosch est un être humain plein de faiblesses et de culpabilité. Un brin paranoïaque et un rien dépressif. Et à la différence des deux derniers romans de Connelly, Bosch touche le lecteur par son humanité et ses contradictions. Car il est plutôt dépassé par l’évolution de l’Amérique et aussi de L.A. Il a des principes qui ne sont pas très compatibles avec le monde de Bush et la logique mercantile. C’est un inadapté social, rongé par les souvenirs. Comme il ne se fait pas à la musique d’aujourd’hui — il s’obstine à écouter du Jazz des années cinquante — il ne se fait pas à la logique de la justice moderne. Mais comme il a appris à vivre dans les tunnels comme un rat (voir Les Égouts de Los Angeles), il a aussi un sacré instinct de survie.

Quand on pense à Connelly, on pense d’abord à ses personnages, aux histoires bien calées qu’il concocte, mais on ne parle jamais de son style. C’est normal, car le bon style dans un roman policier c’est celui qu’on ne voit pas. Et chez Connelly, le style ne se voit pas. Et pourtant, on pourrait parler pendant des heures de son style. Son originalité peut se décliner en trois volets :
- d’une part, il représente une synthèse entre le roman à énigme et le roman de détective, façon Chandler. Et d’une certaine manière il est l’héritier de Chandler. Ce n’est pas un hasard si c’est très « californien ».
- d’autre part, il y a une minutie qui donne un côté hyperréaliste à son écriture. Une minutie incroyable dans les détails accompagne le déroulement de l’enquête et donne corps à sa logique inexorable. De ce côté-là, on pourrait dire qu’il est sur la même longueur d’onde que la série The Shield, autre objet noir californien.
- enfin il y a une étude approfondie des caractères sous l’angle psychologique, la solitude, la crainte des objets qui nous entoure et nous paralysent, la difficulté à exprimer des sentiments simplement et sans excès.
Mais c’est bien sûr parce que l’aspect matériel des choses est si finement décrit que la misère psychologique des personnages, y compris de Bosch, prend toute sa dimension. Certainement que l’importance de l’œuvre de Connelly prend aussi sa source dans cet ancrage social et économique. Sans être aussi rébarbatif qu’un traité de sociologie, Connelly renvoie une image précise d’un monde en voie d’effondrement qui ne tient debout que par miracle, un monde qui a perdu son sens et sa dignité depuis longtemps et qui se vautre dans la veulerie et la lâcheté. Cet aspect critique de Connelly reste toujours, et c’est heureux, un peu en retrait, mais il est bien là et donne indirectement une dimension politique à ses écrits.

Je conclurai sur deux remarques :
- la première est que si Echo Park n’est pas tout à fait le chef d’œuvre de Connelly, cela tient d’abord à la fin. Tout auteur de roman policier sait que la fin c’est ce qu’il y a de plus difficile, si on ne veut pas que cela paraisse bâclé. Ici, la fin n’est pas mal, ça tient la route de tous les points de vue, mais elle reste un peu en dedans, un peu trop conventionnelle.
- on se demande pourquoi on n’adapte pas Bosch au cinéma, alors que Clint Eastwood avait adapté Créances de Sang, un des plus insipides roman de Connelly. Certes, on comprend bien qu’il y aurait des difficultés énormes de casting, surtout si on veut travailler dans la continuité, mais tout de même…
Bon, je m’en vais lire Overlook en anglais, tant pis pour moi puisque Robert Pépin traîne pour le traduire…


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

La série télévisée The Shield, les romans de Charles Williams et de Raymond Chandler.

Le début...

Les dix premières lignes...

C’était bien la voiture qu’ils cherchaient. La plaque d’immatriculation avait disparu, mais Harry Bosch reconnut le véhicule : Honda Accord 1987, couleur bordeaux, peinture depuis longtemps décolorée par le soleil. Remise au goût du jour en 92 avec l’autocollant vert pro-Clinton — mais même lui avait pâli. Il avait été confectionné avec de l’encre bon marché, ça n’était pas fait pour durer. À ce moment-là l’élection était loin d’être jouée. Le véhicule était rangé dans un garage à une place si étroit que Bosch se demanda comment le conducteur arrivait à en sortir (...)


La fin...

Quatrième de couverture...

En 1993, la jeune Marie Gesto disparaît à la sortie d'un supermarché d'Hollywood. L'affaire est confiée à l'inspecteur Bosch, qui ne peut la résoudre, la victime n'ayant jamais été retrouvée. Treize ans plus tard, soit en 2006, Bosch reçoit un appel lui signalant qu'un suspect accusé de deux meurtres de femmes particulièrement ignobles, dont celui de Marie Gesto, est prêt à passer aux aveux moyennant un recours à la procédure du "plaider coupable" qui lui éviterait la condamnation à mort. La tâche de Bosch consiste donc à recueillir ces aveux et à vérifier si l'assassin n'est pas en train de blouser l'appareil judiciaire afin d'éviter la piqûre.


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Sa trombine... et sa bio en lien...

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