Presses de la Cité - 1953
Tags : Road Polar Psychologie Criminel Quidam Etats Unis Années 1950 Populaire Moins de 250 pages
Publié le : 09 février 2007
Ambiance lourde et orageuse des chassés croisés de période de vacances. "Le National Safety Council prévoit pour ce soir de quarante à quarante-cinq millions d’automobiles sur les routes et évalue à quatre cent trente cinq le nombre de personne qui, d’ici lundi soir, perdront la vie dans des accidents de la circulation." C’est le week end du Labor Day et parmi les quarante-cinq millions de personnes qui sillonnent les routes des USA il y a Steve & Nancy, puis Sid Halligan qui vient de s’échapper de la prison de Sing Sing. Le décor est planté, la tragédie est en route. Le road movie peut commencer.
Feux Rouges s’ouvre sur une engueulade. Le roman s’inscrit dans les romans simoniens consacrés aux problèmes de couples. L’analyse y est lucide et sincère. Simenon décrit finement les mécanismes du côté de ce qui se passe chez le mari de Nancy, Steve, un peu trop porté sur la picole ce soir là. Plusieurs thèmes sont abordés par Simenon. Nous en tairons la teneur par soucis de garder un peu de suspense à l’œuvre, mais on peut d’ores et déjà avancer celui-ci : la fascination que le pékin moyen éprouve parfois pour le rebelle. Celui qui s’oppose aux lois et à la société pour affronter la grande route et dans lequel on place souvent, avec facilité, un autre nous même qui n’aurait pas été lâche.
Quelques pistes à explorer, ou pas...
Feux Rouges (2003) réalisé par Cedric Khan avec Jean Pierre Daroussin et Carole Bouquet.
Les dix premières lignes...
Il appelait ça entrer dans le tunnel, une expression à lui, pour son usage personnel, qu’il employait avec personne, à plus forte raison pas avec sa femme. Il savait exactement ce que cela voulait dire, en quoi consistait d’être dans le tunnel, mais, chose curieuse, quand il y était, il se refusait à le reconnaître, sauf par intermittence, pendant quelques secondes, et toujours trop tard. Quand à déterminer le moment précis où il y entrait, il avait essayé, souvent après coup, sans y parvenir.
Aujourd’hui, par exemple, il avait commencé le week end du Labor Day dans des dispositions d’esprit excellentes. C’était arrivé, d’autres fois. C’était arrivé aussi que le week end n’en finît pas moins assez mal. Mais il n’y avait aucune raison pour que ce soit inévitable (...)
Quatrième de couverture...
En prenant le volant pour aller chercher ses enfants dans le camp de vacances où ils ont passé l'été, Steve sent qu'il est "entré dans le tunnel"... Il a déjà bu deux verres et ne rêve que du prochain. Il devine la réprobation de Nancy, sa femme, ce qui ne fait que renforcer son envie. Pourquoi ne boirait-il pas encore ? Ne sait-il pas conduire ? Ils ont quitté New York depuis un moment et n'échangent que des paroles banales. Nancy peut-elle comprendre qu'il étouffe sur les rails de sa vie ? Mais non, elle ne comprend pas. Encore un bar. Qu'elle parte donc, comme elle menace de le faire ! Lui, il ira boire un autre verre.
En cours d'adaptation pour le cinéma, ce roman, l'un des meilleurs de la période américaine de Georges Simenon, confirme le génie intemporel, l'absolue modernité du grand écrivain belge dont on célèbre, en 2003, le centenaire de la naissance.
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...