Fayard - 1933
Tags : Roman noir Discrimination Quidam Afrique Historique (avant 1930) Populaire Moins de 250 pages
Publié le : 09 février 2007
Soleil brûlant et triste des colonies. Timar un jeune homme de vingt-trois ans pistonné par son oncle qui a de l’entregent quitte La Rochelle pour prendre un poste à la Sacova près de la rivière au Gabon parmi ceux qui ont "fuit" la France ou qui sont venu chercher quelque chose. Réunis à Libreville "sur une étroite bande de terre défrichée en bordure de la forêt équatoriale".
Le Coup de Lune (1933) de Georges Simenon ou le roman de la désillusion coloniale. Simenon sous ses divers pseudonymes a déjà beaucoup écrit sur l’Afrique (Le Gorille Roi, Le Cercle de la Soif, La Panthère Borgne, Le Sous-Marin dans la Forêt, Seul Parmi les Gorilles, Aux 28 Négresses…), mais c’est d’une Afrique de roman d’aventure dont il parlait alors. Une Afrique au service des codes en vigueur dans le roman feuilleton, bourré des clichés racistes. L’été 1932 il débarque en Egypte, puis Khartoum, Juba, le Congo belge, la descente du fleuve sur 1 700 km jusqu’à Kinshasa, Port-Gentil, Libreville et Conakry. Il revient en Europe avec une toute autre vision comme en témoignent ses articles (dont L’heure du Nègre violent réquisitoire anti-colonialiste paru dans Voilà) et trois romans : Le Coup de Lune (1933), 45° à l'Ombre (1936) et Le Blanc à Lunettes (1937).
Dans Le Coup de Lune, après dix huit Maigret, Simenon veut tuer "le meneur de jeu" et passer à une nouvelle étape. Il garde cependant une formule énigmatique pour dérouler son histoire et une intrigue policière grossière double le voyage initiatique de Joseph Timar, héros un peu niais fraîchement débarqué de La Rochelle qui va être broyé par l’Afrique coloniale.
Simenon décrit le mirage colonial, le soleil triste, les blancs écrasés par la torpeur, les maladies, une nature hostile, la quinine, l’alcool et l’ennui. Les blancs qui humilient sans cesse le colonisé servile. L’administration comme une vaste farce aux mains d’incapables qui carburent au whisky. Un monde en perdition, indigne. Cette dignité, essentielle à chacun, est au centre du roman de Simenon. Dignité perdue par les colonisés qui se battent pour une poignée de cigarettes jetées par le héros, dignité perdue par l’administration blanche, le blanc et sa puissance, son irrespect. Le Coup de Lune est une montée aux enfers dont personne ne sortira indemne et où pour retrouver cette dignité il faudra se protéger derrière la folie. Folie passagère sans nul doute, qui servira d’alibi pour les coupables et de protection au jeune homme pour ne pas s’auto détruire face au monde qu’il vient de découvrir.
Quelques pistes à explorer, ou pas...
Serge Gainsbourg a porté Le Coup de Lune au cinéma sous le titre Équateur (1983).
Le Coup de Lune fait partie de la trilogie simonienne sur l’Afrique coloniale, on peut continuer l’aventure avec 45° à l'Ombre et Le Blanc à Lunettes.
Les dix premières lignes...
Avait-il une seule raison grave de s'inquiéter ? Non. Il ne s'était rien passé d'anormal. Aucune menace ne pesait sur lui. C'était ridicule de perdre son sang-froid et il le savait si bien qu'ici encore, au milieu de la fête, il essayait de réagir.
D'ailleurs, ce n'était pas de l'inquiétude à proprement parler et il aurait été incapable de dire à quel moment l'avait pris cette angoisse, ce malaise faits d'un déséquilibre imperceptible.
Pas au moment de quitter l'Europe, en tout cas. Au contraire, Joseph Timar était parti bravement, rouge d'enthousiasme.
Lors du débarquement à Libreville, du premier contact avec le Gabon ? Le navire s'était arrêté en rade, si loin qu'on ne voyait de la terre qu'une ligne blanche, le sable, surmontée de la ligne sombre de la forêt. Il y avait de grandes houles grises qui soulevaient la vedette et l'envoyaient heurter la coque du paquebot (...)
Quatrième de couverture...
Parti plein d’enthousiasme pour les colonies, Joseph Timar ressent, dès son arrivé au Gabon, un malaise indéfinissable qui n’est pas seulement dû à la moiteur accablante du climat. Il s’installe dans l’unique hôtel de la ville. Dès son arrivé, la patronne, Adèle, s’offre à lui.
Sa trombine... et sa bio en lien...
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