Presses de la Cité - 1964
Tags : Roman d'enquête Trafic Arnaque Flic Quidam Paris Années 1960 Littéraire Moins de 250 pages
Publié le : 09 janvier 2011
On pourrait classer les Maigret de Simenon suivant l’époque à laquelle se rapporte la rédaction du livre. Maigret et le Fantôme a été rédigé en 1963, c’est ce que j’appelle un « Maigret en pantoufle » : l’inspecteur ne se déplace pas beaucoup, il visite les lieux du crime, envoie ses agents quand il faut sortir de Paris et reste cloîtré dans son bureau à réfléchir avec ses sandwiches et ses bières. Même si l’on ne tient pas là un grand cru, on retrouvera avec plaisir la façon dont Simenon capte les ambiances et les caractères. 1963 est une année où Simenon n’écrit "que" trois romans : La Chambre Bleue, L’Homme au Petit Chien et Maigret et le Fantôme.
Sans trop dévoiler l’intrigue — mais ceux qui n’aiment pas avoir des éléments de lecture avant de lire le livre devraient s’arrêter là et revenir plus tard — et puisque c’est d’art qu’il s’agit dans ce livre, rappelons (cf. entre autres Anne Cauquelin, L’Art Contemporain, Puf) que le monde de l’art devient un véritable marché avec la révolution industrielle qui voit l’enrichissement d’une classe bourgeoise prête à investir dans l’art se coupler avec le changement de statut du peintre qui se libère peu à peu de l’académie des arts. Un afflux d’argent qui a aussi pour effet d’engendrer la multiplication des vols et des arnaques. C’est une de ces arnaques que nous allons explorer dans ce Maigret.
On croisera des artistes, un collectionneur / expert et des acheteurs, ainsi que le monde aisé — à peine entrevu — où le marché de l’art peut se déployer. Et Simenon nous offre mine de rien une petite analyse de ce monde de l’art et de ses réseaux de légitimation. Nous sommes dans le début des années soixante et une parole d’expert vaut pour authentifier une œuvre d’art (dans Maigret et le Fantôme cette parole d’expert sert à valider la provenance de l’œuvre : c’est bien un Renoir que vous êtes en train de regarder et non une copie) ; aujourd’hui les réseaux de l’art ont changé et cette parole sert surtout, dans l’art contemporain, à légitimer l’œuvre en elle même comme faisant partie de l’art. Le lieu d’exposition par exemple a pris beaucoup d’importance : galerie, musée, FRAC garantissent le fait que c’est bien une œuvre d’art que vous êtes en train de regarder et non pas la tuyauterie du musée.
Quelques pistes à explorer, ou pas...
Notons que ce roman est d’abord paru en feuilleton dans Le Figaro, du 18 mai au 12 juin 1964 en vingt-trois livraisons. Oui il y a eu une époque où l’on pouvait lire des romans dans les journaux…
Le livre a été adapté deux fois pour la télévision, je n’ai vu aucune des adaptations.
Maigret et son Fantôme, téléfilm français de René Lucot, avec Jean Richard, diffusé en 1971.
Maigret le Fantôme, téléfilm français de Hannu Kahakorpi, avec Bruno Cremer, diffusé en 1994.
Et pour continuer l’aventure au sein de l’art — contemporain cette fois-ci — pourquoi ne pas vous pencher sur Trois Carrés Rouges sur Fond Noir de Tonino Benacquista ?
Les dix premières lignes...
Il était un peu plus de une heure, cette nuit-là, quand la lumière s’éteignit dans le bureau de Maigret. Le commissaire, les yeux gros de fatigue, poussa la porte du bureau des inspecteurs, où le jeune Lapointe et Bonfils montaient la garde.
— Bonne nuits, les enfants, grommela-t-il.
Dans le vaste couloir, les femmes de ménage balayaient et il leur adressa un petit signe de la main. Comme toujours à cette heure là, il y avait un courant d’air et l’escalier qu’il descendait en compagnie de Janvier était humide et glacé.
On était au milieu de novembre. Il avait plu toute la journée (…)
Quatrième de couverture...
Il était un peu plus de une heure, cette nuit-là, quand la lumière s’éteignit dans le bureau de Maigret.
Le commissaire, les yeux gros de fatigue, poussa la porte du bureau des inspecteurs, où le jeune Lapointe et Bonfils restaient de garde.
— Bonne nuit, les enfants, grommela-t-il.
Dans le vaste couloir, les femmes de ménage balayaient et il leur adressa un petit signe de la main. Comme toujours à cette heure-là, il y avait un courant d’air et l’escalier qu’il descendait en compagnie de Janvier était humide et glacé.
Sa trombine... et sa bio en lien...
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