Fayard - 1933
Tags : Roman noir Polar social Psychologie Flic Quidam Paris Historique (avant 1930) Moins de 250 pages
Publié le : 10 février 2007
Monsieur Hire est un homme terne et banal qui vit dans un petit appartement à Villejuif. Un quotidien triste et morne, pimenté certains soirs par la vision de sa jeune voisine d’en face, Alice, qui se plait à se déshabiller sous les regards qu’elle devine. La concierge de l’immeuble, n’aime pas ce locataire peu engageant, et depuis que l’on a découvert le corps d’une femme morte, agressée dans le terrain vague voisin, elle l’épie, le soupçonne et finit par avertir la police.
Cette dernière décide de le mettre sous surveillance. Filé par des inspecteurs assez peu discrets, M. Hire continue à suivre le rythme habituel de ses journées, passant de son logement à un local éclairé par un soupirail, lieu où il prépare des colis, petites arnaques auprès de personnes dans des situations aussi peu envieuses que la sienne.
L’ennui et la solitude sont au cœur de ce roman, une atmosphère lourde et pesante, rendue par cette confrontation incessante entre les bruits de la vie extérieure et cet homme qui circule, anonyme dans la foule. Mais, plus que de la pitié, M. Hire suscite un rejet, un dégoût de la part de ses congénères. Une antipathie immédiate se crée lors des rencontres qu’il fait. Seule, Alice semble s’intéresser à lui, le provoquant derrière ses vitres, jouant avec les sentiments qu’elle sait avoir faits naître.
La scène du bowling est assez explicite, il devient le centre d’intérêt car il est doué pour ce sport, mais n’arrive pas à passer ce cap, à communiquer et même ses gestes amicaux ne sont pas appréciés à leur juste valeur.
Pourtant, il va essayer de se défendre en allant s’expliquer auprès de la police, mais il perd ses moyens et échoue totalement. Il va alors laisser les événements suivre leur cours, et tenter de se défaire de cette situation en prenant la fuite.
Une fin noire et pleine de cynisme, mais une mort triste et banale à l’image de ce M. Hire.
Quelques pistes à explorer, ou pas...
Ce roman a été adapté par deux fois au cinéma, par Julien Duvivier sous le titre de Panique en 1947 (avec Vivianne Romance et Michel Simon) et plus récemment par Patrice Leconte (avec Sandrine Bonnaire et Michel Blanc).
Simenon est le maître des atmosphères et a une bibliographie plus que dense, autant s’y plonger pour y découvrir ou relire certaines de ces œuvres.
Les dix premières lignes...
La concierge toussota avant de frapper, articula en regardant le catalogue de la Belle-Jardinière qu’elle tenait à la main :
« C’est une lettre pour vous, monsieur Hire. »
Et elle serra son châle sur sa poitrine. On bougea derrière la porte brune. C’était tantôt à gauche, tantôt à droite, tantôt des pas, tantôt un froissement mou de tissu ou un heurt de faïences, et les yeux gris de la concierge semblaient, à travers le panneau, suivre à la piste le bruit invisible. Celui-ci se rapprocha enfin. La clef tourna (...)
Quatrième de couverture...
La concierge toussota avant de frapper, articula en regardant le catalogue de la Belle-Jardinière qu'elle tenait à la main : "C'est une lettre pour vous, monsieur Hire". Et elle serra son châle sur sa poitrine. On bougea derrière la porte brune. C'était tantôt à gauche, tantôt à droite, tantôt des pas, tantôt un froissement mou de tissu ou un heurt de faïences, et les yeux gris de la concierge semblaient, à travers le panneau, suivre à la piste le bruit invisible. Celui-ci se rapprocha enfin. La clef tourna. Un rectangle de lumière apparut, une tapisserie à fleurs jaunes, le marbre d'un lavabo. Un homme tendit la main, mais la concierge ne le vit pas, ou le vit mal, en tout cas n'y prit garde parce que son regard fureteur s'était accroché à un autre objet : une serviette imbibée de sang dont le rouge sombre tranchait sur le froid du marbre...
Sa trombine... et sa bio en lien...
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