Albin Michel - Novembre 1982
Tags : Polar politique Polar militant Années 1980 Entre 250 et 400 pages
Publié le : 31 octobre 2005
Publié pour la première fois en 1982 sous le pseudonyme de Ramon Mercader (l'assassin de Trotski), Du Passé Faisons Table Rase apparaît dès sa sortie comme un véritable brûlot et est salué par la critique, hormis celle de l'Humanité...
À travers ce roman de politique-fiction, Thierry Jonquet s'en prend au
parti communiste français et à ses dirigeants, ceux de la scène
médiatique ou ceux de l'ombre, organisant en sous-main, à l'instar de
leurs collègues du KGB, la réécriture des biographies des pontes de
l'appareil ou les lignes directrices du parti.
L'auteur revient sur les trous "malencontreux" dans le cursus du secrétaire
général, un certain Castel, gouailleur, dans les traits duquel il est
difficile de ne pas reconnaître un certain Georges Marchais, sur une
série de meurtres non élucidés datant du début des années
soixante-dix... Il met en scène un chantage politique qui lui permet de
régler quelques comptes, en tant que militant, et éclaire d'une lumière
crue la vie interne d'un parti dont l'image, mise en avant, ne
correspondait pas forcément à la réalité, beaucoup plus noire que
rouge...
Jonquet préfigure, par ses "révélations" (mais peut-on douter d'un personnage qui s'appelle Robert
Dia ?) la chute annoncée d'une institution qui voit arriver là la fin
de sa grande époque.
Leçon de mémoire, leçon d'histoire, ce roman est servi par une écriture violente, sans
concession, qui met à plat, à travers une fiction, ce que chacun sait mais que personne ne dit.
Un roman militant, "engagé" (avec les guillemets parce que Thierry Jonquet abhorre l'expression), à l'image de son auteur.
Quelques pistes à explorer, ou pas...
Politiquement incorrect, ancré du côté gauche de l'échiquier politique, militant... Si ça n'était déjà fait, je vous invite à sauter sur le roman de Jean-Patrick Manchette, Nada, retrouvant ainsi un des inspirateurs de la vocation littéraire de Thierry Jonquet.
Les dix premières lignes...
Il pleuvait abondamment. Et Georg Staffner détestait la pluie. Cela
n'avait aucun rapport avec la mélancolie qu'engendre chez de nombreux
mortels la vue des flaques luisantes sur le bitume des rues des villes.
Staffner détestait la pluie car pour lui humidité rimait avec douleur.
Il revenait justement de l'hôpital, où, depuis de longues années, on le
suivait pour une maladie rhumatisante qui lui rongeait les
articulations avec une avidité sournoise. Appuyé sur sa canne, il
attendait le bus (...).
Quatrième de couverture...
Comprenant que le fait d'être membre de l'avant-garde de la classe
ouvrière ne pouvait que lui être bénéfique pour sa promotion sociale à
l'intérieur de l'usine, René adhéra au Parti. Le 22 avril 1947 : il
venait tout juste d'atteindre ses vingt-sept ans.
Et l'on vit bientôt le jeune Castel vendre l'organe central du Parti sur
les marchés de Montmartre ou de Saint-Ouen, le dimanche matin. Cet être
fragile, plein d'amertume à l'encontre de son enfance misérable, déjà
marqué par les épreuves de la guerre, le Parti allait le transformer,
lui donner cette belle assurance, cet allant imperturbable que tout le
monde lui reconnaît.
Mais le chemin est encore long, qui fera de ce militant obscur et sans grade le secrétaire
général du Parti, lors du Congrès de 1972.
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...