Gallimard / Série Noire - Mai 1968 - Traduction (anglais) : Nelly Shklar
Publié le : 30 juin 2006
Bill " Dusty " Rhodes est chasseur de nuit au Menton dans un hôtel
qui se veut respectueux. Il est plutôt copain avec Tug et ses deux
acolytes. Bien sûr, tout le monde sait que Tug n'est pas très clair,
mais tant qu'il fait pas de grabuge... Puis arrive Miss Marcia Hillis,
cette femme belle comme tout, elle demande une chambre à Bascom le
maître d'hôtel et normalement on ne donne pas une chambre aussi
facilement à une femme qui arrive seule en pleine nuit, alors les
événements s'enchaînent et la vie s'accélère.
Cette Miss Hillis ressemble beaucoup à la maman de Bill. Et Thompson a lu
Freud. Les relations parents/enfants, tout comme le mariage malheureux,
est un thème qui revient souvent dans son œuvre. Il n'y a pas de paix
dans Un Chouette Petit Lot, à peine une heure de repos par ci
par là pour Dusty quand il arrive à trouver le sommeil. Il y a aussi le
père Rhodes un peu parti de la caboche, pire qu'un gosse et quand Dusty
rentre du boulot, il se retrouve face à une relation père fils, comme
inversé.
Thompson aime travailler la psychologie de ses personnages et nous présenter ce qui dans leur enfance les a modelé telle qu'ils sont... Des drames bien
sûr ! Des drames sur lesquels se greffe une inévitable culpabilité
entêtante qui finit par terrasser son anti-héros. D'ailleurs parfois,
Thompson explique un peu trop ses personnages et leurs actions.
Plusieurs histoires apparemment distinctes s'enchevêtrent tout au long du bouquin pour finir, inexorablement par se rejoindre dans un final très
thompsonnien.
Comme pour La Maldonne des Sleepings de Tonino Benacquista, on sent bien que Jim Thompson s'est servi de l'un
de " ses petits boulots " pour l'ambiance de son bouquin
écrit à la troisième personne. On retrouve du Charles Williams
dans la façon dont il tarabuste ses histoires, dans celle-là on se fait
mener par le bout du nez au milieu d'une galerie de portraits ciselés
façon noire. Le personnage le plus terrible de ce bouquin est sûrement
Kossymeyer, l'avocat, qui mime ce qui c'est passé ou ce qui va se
passer, dans un final terrifiant.
Quelques pistes à explorer, ou pas...
La Maldonne des Sleepings de Tonino Benacquista, même si le sujet n'est pas le même, il y a des accointances.
Les dix premières lignes...
Il avait rêvé d'elle. Mais, en se réveillant dans la moiteur étouffante de
la nuit, il découvrit que c'était son oreiller qu'il tenait enlacé. La
taie était humide de salive à l'endroit où il avait pressé les lèvres.
Il envoya valser l'oreiller à l'autre bout de la chambre, dégoûté et
déçu à la fois.
Une fille sensationnelle, se dit-il, l'esprit encore embrumé, tout en cherchant à tâtons ses cigarettes sur la table basse, entre le réveil et la lampe de chevet. Une pépée de rêve ! Malheureusement pour lui, elle ne serait
jamais qu'un rêve, autant se fourrer ça dans le crâne. Il lui fallait
continuer à gagner du fric, à éviter les histoires. On l'avait bien
prévenu, le jour de son engagement à l'hôtel Manton : les
chasseurs qui faisaient du gringue aux clientes s'attiraient fatalement
les pires embêtements (...).
Quatrième de couverture...
Elle était arrivée à l'hôtel en taxi, peu après minuit. Dusty, le petit
chasseur, se précipita à sa rencontre pour lui porter ses bagages.
Lorsqu'elle apparut, dans la pleine lumière du hall, il fut si médusé
qu'il faillit en lâcher la valise. C'était l'incarnation de ses rêves
les plus purs, la Femme personnifiée. Il ne se doutait pas qu'avec
elle, c'étaient le vol, la corruption, l'assassinat qui pénétraient
dans le palace, sans compter les malices et les malentendus qui, à
l'insu du jeune garçon, allaient le mettre à la torture.
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...