Rivages / Noir - Octobre 1988 - Traduction (anglais) : Isabelle Reinharez
Tags : Amérique profonde
Publié le : 30 juin 2006
Une infirmière zozotante, Rufus à tout faire docteur en Astro - cosmologie,
une cuisinière hystérique... Une bande d'alcooliques, patients tragiques,
pire que des gosses, près à tout pour mettre le main sur un verre de
whisky et le pasteur - docteur Murphy en capitaine du navire El
Healtho, établissement de cure pour malade de la bibine de la côte
ouest. Et comme si ça ne suffisait pas il y a les quinze mille dollars
qu'il faut trouver rapidement parce que le navire prend l'eau... Et la
chambre quatre, insonorisée, avec ses murs capitonnés et ses draps de
contentions...
Thompson nous sert un verre de liquide sombre et amer, un de ses trucs noir de chez noir qui foutent le bordel dans la tuyauterie et la salle des
machines avec not' estomac qui tente de se faire la belle toutes les
trois pages. À la lecture de The Alcoholics, en a cette
conviction : ce gars, Thompson, ne triche pas. Il y a dû en user
quelques fonds de culottes dans ce genre d'endroits. Ensuite
l'imagination a sûrement fait le reste à moins que cette foutue
infirmière n'ait vraiment existé ?
Quoi qu'il en soit, Thompson peint ici ses personnages avec une certaine
tendresse et beaucoup de lucidité. Le récit, tout comme dans Un Chouette Petit Lot
est raconté à la troisième personne. À croire que quand Thompson parle
d'endroit qu'il semble bien connaître, il laisse tomber le "je"
(quoique Cent Mètres de Silence
qui se déroule dans le milieu des salles de cinéma est rédigé à la
première personne et que l'on sait que Thompson fut projectionniste). À
noter que comme Nuit de Fureurs, on croise quelques lignes de H.G. Wells.
Quelques pistes à explorer, ou pas...
Ken Kesey Vol au-dessus d'un Nid de Coucou, qui ne se déroule pas dans un centre de désintoxication mais dans un hôpital psychiatrique et qu'il serait bon d'avoir lu.
Les dix premières lignes...
De son vrai nom, il s'appelait Pasteur Semedelweiss Murphy ; alors,
bien sûr, il avait opté pour docteur S. Murphy : ou plutôt ses
malades et ses collègues le connaissait sous cette dénomination. Lui,
il s'accablait d'épithètes aussi affreuses et désespérées que
l'angoisse qui les lui inspirait. Eh toi ! grondait-il avec hargne. Eh toi, foutue rame de haricot ! Interminable salaud ! Connard de rouquin squelettique !
Le docteur Murphy avait toujours accablé le docteur Murphy de son mépris et de ses injures (...).
Quatrième de couverture...
15 000 dollars ! Voilà ce qu'il devait trouver avant la fin de la
journée. Sinon, c'en était fait de sa maison de cure. Il restait
pourtant une solution au docteur Murphy : le cas de la chambre n°4.
Pourri de fric, alcoolique et, depuis peu, crétin, grâce à la simple
section de quelques fibres nerveuses entre l'encéphale et les lobes
frontaux. Sa famille voulait l'enterrer, ici, loin des feux indiscrets
de la rampe ; ici, où personne ne pourrait le trouver et où il ne
causerait plus d'ennuis. Le docteur Murphy n'avait qu'à autoriser cet
enterrement.
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...