Gallimard / Série Noire - Août 1966 - Traduction (anglais) : France-Marie Watkins
Tags : Roman noir Quidam Amérique profonde Années 1950 Moins de 250 pages
Publié le : 30 juin 2006
Violent et menteur on peut même dire psychopathe doublé d'un sacré salopard, Lou aime cogner sur les moins forts que lui. Il aime particulièrement démolir les femmes. On retrouve un peu le shérif de 1275 Âmes en moins drôle et plus noir. On retrouve encore cette espèce de malédiction du mariage avec laquelle les "héros" de Thompson tentent de composer. Toujours la justice corrompue par les puissants, le personnage malade qui se fait passer pour plus con qu'il ne l'est avec, toujours le "je" comme narrateur et cette vision du monde désabusée, paranoïaque et noir de chez noir.
Tu crois ? Comment peux-tu savoir si je suis comme ça Johnnie ? Comment peut on être sûr de quelque chose ? Nous vivons dans un monde tordu, fiston, dans une drôle de civilisation. Les policiers y jouent aux truands, et les voyous font le boulot de la police. Les hommes politiques se mettent à jouer aux clergymen et les pasteurs à tâter de la politique. Quand aux percepteurs, ils perçoivent pour leur propre compte... Les " Méchants " voudraient qu'on ait tous plus de fric, et les " Bons " se bagarrent pour nous empêcher d'en avoir. Il parait que ça ne vaudrait rien pour notre santé. Si chacun mangeait à sa guise, on chierait trop. Ça provoquerait une inflation dans l'industrie du papier-cul ! Moi, c'est comme ça que je vois les choses. La plupart des arguments que j'entends répéter autour de moi sont à peu près du même acabit.
Il est étrange de voir comment Thompson, avec ses personnages branques,
alterne les moments de tendresses et les moments de violences. Ce sont
des salauds, mais des salauds humains. On y croit. Comme dans 1275 Âmes
on retrouve le dilemme du shérif : s'il fait son boulot VRAIMENT,
il ne va pas plaire aux gens et il ne sera pas réélu, alors il en fait
le minimum.
Lou, le narrateur psychopathe, n'est pas tout à fait sans conscience, le
point de départ de sa folie est la culpabilité qu'il traîne depuis son
enfance (on retrouvera ce thème de l'enfance et de la découverte
pervertie et malheureuse du sexe dans Un Chouette Petit Lot).
La fin du livre nous plonge dans un plaidoyer noir durant lequel Lou
explique comment il en est arrivé là. Autant vous dire qu'on n'en
ressort pas indemne.
Le Démon dans ma Peau, de l'avis de Thompson était sa meilleure production.
Quelques pistes à explorer, ou pas...
1275 Âmes du même auteur où l'on retrouve un shérif pas piqué des hannetons. Ou encore Un Chouette Petit Lot.
Les dix premières lignes...
J'avais finis ma tarte et j'en étais à mon deuxième café quand je l'ai repéré. Le train de marchandise était arrivé quelques minutes auparavant,
c'est-à-dire à minuit, comme d'habitude. Planté tout au bord de la
vitrine du bistrot, côté gare, le gars lorgnait dans la salle, la main
en visière pour se protéger les yeux que la lumière faisait clignoter.
Il a vu que je le guettais et son visage s'est aussitôt replongé dans
l'ombre. Mais je savais qu'il était toujours là. Je me doutais bien
qu'il attendait. Les cloches me prennent toujours pour un cave facile à
couillonner (...).
Quatrième de couverture...
C'est un tueur, un psychopathe dangereux et violent qui aime battre les
femmes, un monstre sans conscience. C'est un flic. Il est le narrateur
de ce roman très noir qui nous fait pénétrer dès les premières pages
dans l'esprit malade de Lou Ford, shérif adjoint à Central City... Un
grand thriller.
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...