Gallimard / Série Noire - 1970 - Traduction (anglais) : Noël Chassériau
Tags : Roman noir Polar rural Polamour Quidam Amérique profonde Années 1950 Moins de 250 pages
Publié le : 23 décembre 2006
Dans un coin paumé des Etats-Unis, à la façon de 1275 Âmes ou d'autres romans de Thompson, Tom est un jeune garçon de 19 ans, coincé entre un vieux salaud de père adoptif, une belle-mère / sœur / mère adoptive lâche et malsaine, et son amour pour une jeune fille "sang-mêlée" du coin.
Le père de celle-ci, un indien, est propriétaire de la ferme où travaillent Tommy et son paternel. Plus pour très longtemps.
Non content de pourrir la vie de Tommy, le vieux saligaud se débrouille pour s'emmêler avec le propriétaire et se faire foutre à la porte.
Petit à petit, Tommy change de regard sur celui qu'il a toujours considéré comme son sauveur et protecteur, l'homme qui l'a recueilli à l'enfance, et s'est occupé de lui sans rien demander en retour que quelques services et de lui offrir un dos pour se défouler dessus à coups de fouet.
Tommy est un personnage un peu paumé, naïf, assez différent par certains côtés d'autres personnages de Thompson. Il est tout innocent et émotif, et se fait rouler dans la farine le plus facilement du monde.
Sans que vous ayez rien fait de répréhensible, et sans votre consentement, votre sort est entre les mains d'une dénommée Justice. Et cette fille est aveugle, Tom. C'est une dégénérée, une alcoolique bigleuse et sourdingue qui est incapable de distinguer la vérité si on ne lui fourre pas le nez dedans.
Deuil dans le coton raconte l'histoire de ce gamin qui devient un homme, en envoyant bouler ses carcans et ses habitudes, en essayant de ne pas trop faire de conneries dans l'emportement de la colère, en essayant de se défendre comme il peut, contre l'extérieur et aussi contre les bêtises qu'on lui a fourrées dans le crâne.
C'est un roman court, et comme toujours très bien écrit. Et malgré sa noirceur (ou peut-être grâce à elle ? ), dans un contexte crasseux qui ne laisse que peu d'espoir, c'est une histoire émouvante où l'on se prend vraiment d'affection pour ce petit môme de 19 ans qui essaye de faire son chemin.
Des thèmes essentiels du roman noir y sont abordés : la justice et son corollaire humain, la loi ; la question de la fatalité ou de la capacité des personnages à décider de leur vie : homme écrasé ou libre ?
On m'avait expédié à Sandstone sans me demander mon avis, je n'étais pas responsable de l'existence que j'y menais. Je n'avais pas eu le choix, comme lui...
Mais est-ce que je n'aurais pas pu éviter d'y aller ? Est-ce que je n'étais pas en partie responsable de l'enchaînement de faits qui avait contribué à m'envoyer là-bas ? Est-ce que je n'étais pas en partie responsable de la vie que j'y avais mené, en refusant de faire quoi que ce soit pour améliorer mon sort et en obligeant les autres à veiller sur mon existence ?
Quelques pistes à explorer, ou pas...
De Thompson, 1275 Âmes, Le Démon dans ma Peau, Des Cliques et des Cloaques ...
Les dix premières lignes...
L'après-midi tirait à sa fin et je savais qu'elle devait m'attendre, comme tous les soirs, dans sa bagnole camouflée au plus touffu de la saulaie. C'était une pensée bien réjouissante.
Elle s'appelait Donna. C'était une sang-mêlée : un quart de sang indien et trois quarts de sang blanc. Le dosage idéal pour obtenir de beaux sujets. Pour ce qui est d'être belle, elle l'était, avec pas mal de choses en plus. Et elle pouvais aussi m'attirer pas mal d'ennuis, si jamais quelqu'un découvrait le pot aux roses (...)
Quatrième de couverture...
Paillard, menteur, fainéant, ivrogne : un beau salaud, mon vieux ! Et dire que je le respectais, que je croyais qu'il m'avait recueilli par charité, que je lui devais tout ! Jusqu'au jour où le shérif a voulu m'embarquer. Il savait bien que je n'avais pas tué l'Indien, mon vieux. Il pouvait le prouver, mais non, il avait bien trop peur que ça lui retombe sur la tête. Et qu'on apprenne du même coup ce qu'il avait fait à ma mère, il y avait dix-sept ans de ça...
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...