Moisson Rouge - Janvier 2010 - Traduction (russe) : Thierry Marignac
Tags : Polar social Quidam Russie Années 1980 Littéraire Original Entre 250 et 400 pages
Publié le : 10 avril 2010
Étrange roman que ce Racailles. Roman, ou plutôt assemblage de quelques nouvelles qui encadrent l'une d'entre elles, plus longue, plus étoffée, qui donne son titre à l'ensemble.
Nous sommes à la fin des années quatre-vingt, le mur de Berlin n'est pas encore tombé mais la Perestroïka de Gorbatchev est à l'œuvre, la Glasnost, le communisme en ruine. Là, dans un alignement d'immeubles sordides, vivent Andreï Gontsov et ses amis, le regard froid de Vladimir Kozlov posés sur eux. Un regard en arrière, peut-être un regard sur son propre passé. Au fond, peu importe. Un regard.
Au milieu de cet effondrement politique, coincés entre l'orthodoxie de leurs éducateurs et la fuite en avant de la doctrine officielle, les adolescents se meurent d'ennui.
Chaque chapitre est un instantané de misère sociale, intellectuelle, qui crée comme une sorte de malaise. Vladimir Kozlov montre, ou se rappelle, dans une écriture minimaliste, les blagues de potaches, les abus d'alcool, de tabac, les aventures sexuelles, les bagarres, l'école ou ce qu'il en reste, la violence, les restes du Komsomol… Montrer n'est pas juger.
La mort de l'Union Soviétique, son délabrement, servent de décor à l'ensemble, mais se situent, comme tout décor, à l'arrière-plan. Reste le constat, affreux. Le gâchis, désespérant.
Il ne se passe rien d'autre que ce délabrement et pourtant, par son écriture, Vladimir Koslov nous garde scotché à la page, figé devant ce non-spectacle, effrayé et fasciné à la fois. Troublante lecture.
Le soleil vient de se coucher. Une foule moche de gens mal habillés piétine sur la plage. Certains sont installés à même le sable, certains ont posé des couvertures. Un tas d'hommes ventrus, difformes. Leurs femmes encore plus grasses avec des varices et des permanentes à la mode du début des années quatre-vingts. Des mômes crasseux et surexcités qui se jettent des pierres et des poignées de sable. Quelques uns ont de féroces coups de soleil rose vif aux épaules.
La mer est d'une couleur indéfinissable. De la mousse, des algues vertes, des mégots et des papiers de bonbons viennent échouer sur la plage. L'idée de se plonger dans l'eau et écœurante, mais je me force : c'est la première fois que je suis à la mer, quand même. L'eau est froide. Je nage une vingtaine de mètres et je fais demi tour.
Ainsi soit-il…
Quelques pistes à explorer, ou pas...
Désolé, pas d'idée…
Ou plutôt si. Explorez le catalogue proposé par Moisson Rouge.
Les dix premières lignes...
Hourra ! Les vacances ! Trois mois ! C'était hier le dernier jour d'école, et il n'y a même pas eu d'école. Il y a seulement eu deux vieux croûtons dégarnis, et une grosse matrone qui se sont pointés pour choisir les élèves de l'école pour crétins k'année prochaine. Ils ont interrogé sur la table de multiplication, six fois huit soixante-quatre ou non ? Qu'est-ce qui distingue un taureau d'un tracteur et quel est le plus lourd un kilo de pain ou un kilo de sucre. Mais ils ont pas dit qui ils avaient choisi, ils le diront plus tard. Pour l'instant on peut jouer au foot et au poker, fumer de mégots, et balancer des caillasses sur les trains, pour péter les vitres, piéger les chats noirs et les pendre, et encore tout le tas de trucs qui restent (…)
Quatrième de couverture...
Chronique noire d’une bande de gopniks dans une cité crasseuse de l’Union soviétique au temps de la Perestroïka. École, castagne, baise et alcool font le quotidien de ces adolescents bas du front, sans éducation ni avenir, pour qui seule compte la loi du plus fort.
Un récit sans lumière et sans rêve, sans jugement ni compassion, rapporté dans un langage minimaliste, cru et argotique ; une histoire de brutes racontée dans une langue de brute. « Une littérature autochtone ».
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...