Gallimard / Série Noire - Janvier 1966 - Traduction (anglais) : Marcel Duhamel
Tags : Roman noir Polar rural Amérique profonde Historique (avant 1930) Moins de 250 pages
Publié le : 30 juin 2006
Nick Corey a un logement de fonction dans une petite ville, une femme et des
maîtresses. Il se foule pas trop et en fait le moins possible ce qui
semble être d'ailleurs le meilleur moyen pour rester à sa place de
shérif. Mais il a ce problème, les élections approchent et il se
pourrait bien que son rival arrive à les remporter. Et puis il y a
aussi ces deux maquereaux qui lui ont manqués de respect...
1275 Âmes, c'est un peu la horde sauvage de Sam Peckinpah, je veux dire c'est salauds contre salauds, y en a pas un, pas une pour rattraper l'autre. On y trouve les thèmes chers à Thompson, ceux qu'ils traînent comme une
série de casseroles tout au long de son œuvre : la parano, la
folie, la violence, le sexe... Le personnage du Shérif aussi qui veut se
faire réélire, le mariage foiré. Les monologues déjantés du héros
(l'anti-héros devrait-on dire) qui tente de justifier ses actions et de
tout expliquer au lecteur.
Le personnage de Nick Corey, shérif du conté de Pottsville, est une
ordure, mais on s'y attache avec dégoût, c'est un narrateur complexe
qui jette un regard désabusé sur le monde. Plus on avance et plus il
semble qu'il prenne toutes les bassesses, tous les côtés sombres de
l'être humain sur ses épaules, il y aura d'ailleurs cet étrange passage
où Corey se prend pour une sorte de Jésus moderne. C'est un jouisseur,
un calculateur qui tente de retirer son épingle du jeu pour se la
couler le plus doucement possible. Il ne recule devant rien pour
arriver à ces fins. Il se fait passer pour un idiot afin de mieux
enterrer la méfiance des autres et les écrabouiller plus sûrement. Et
on avance dans le bouquin, on s'englue dans le sordide tout en se
demandant jusqu'où tout ça va nous mener. Les scènes comiques alternent
avec des scènes d'une rare violence physique et morale (le passage
durant lequel Nick s'occupe du cas d'Oncle John est terrible), parfois
Thompson mélange tout ça. Alors, on rit. Mais on rit jaune, plus que
jaune, disons, qu'on rit noir...
Quelques pistes à explorer, ou pas...
Le Démon dans ma Peau
de Jim Thompson, qui reprend le même thème en plus noir, avec beaucoup
moins d'humour, plus de violence et un narrateur définitivement
psychopathe.
Bertrand Tavernier adaptera 1275 Âmes au cinéma en 1981 sous le titre Coup de Torchon en transposant l'action dans les anciennes colonies françaises d'Afrique.
Jean-Bernard Pouy et son 1280 Âmes où Pierre de Gondol tente de résoudre cette énigme : le roman de Thompson, n°1000 de la Série Noire, 1275 Âmes s'intitule Pop. 1280 aux États-Unis. Il manque cinq âmes après traduction ! Où sont-elles passées ?
Les dix premières lignes...
He ben, mes enfants, je devrais l'avoir belle. Être peinard ce qui
s'appelle. Tel que vous me voyez, je suis le shérif en chef du canton
de Potts, et je me fais pas loin de deux mille dollars par an - sans
compter les petits à-côtés. En plus, je suis logé à l'œil au premier
étage de l'immeuble du tribunal, et il faudrait être bougrement
difficile pour ne pas se contenter de ça : il y a même une salle
de bain, ce qui fait que j'ai pas à me laver dans une lessiveuse ni à
patauger jusqu'au fond du jardin pour aller aux cabinets, ce qui est le
cas de la plupart des habitants de ce pays. Moi, mon paradis, je peux
dire que je l'ai sur terre. Un vrai filon, que je tiens là, et pourquoi
je continuerais pas à faire ma pelote, du moment que je m'occupe de mes
oignons et que je prends bien garde de n'arrêter personne, à moins que
je puisse pas faire autrement - et encore, à condition que ça ne mène
pas loin (...) !
Quatrième de couverture...
Je m'appelle Nick Corey. Je suis le shérif d'un patelin habité par des
soûlauds, des fornicateurs, des incestueux, des feignasses, et des
salopiaux de tout acabit. Mon épouse me hait, ma maîtresse m'épuise et
la seule femme que j'aime me snobe. Enfin, j'ai une vague idée que tous
les coups de pied qui se distribuent dans ce bas monde, c'est mon
postère qui les reçoit. Eh bien, les gars, ça va cesser. Je ne sais pas
comment, mais cet enfer va cesser.
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...