Rivages / Thriller - Mars 1994 - Traduction (anglais) : Danièle Bondil - Pierre Bondil
Tags : Roman d'enquête Polar militant Polar rural Corruption Mystique Arnaque Flic Etats Unis Années 1990 Littéraire Entre 250 et 400 pages
Publié le : 16 décembre 2010
Un professeur blanc d'une mission catholique est retrouvé mort et un de ses élèves, Delmar, qui l'a vu en dernier, est introuvable. Jim Chee retrouve sa trace — pour la reperdre aussitôt — lors d'une cérémonie du pueblo à Tano au cours de laquelle un des clowns est assassiné. Pour Joe Leaphorn, qui est maintenant le supérieur direct de Jim Chee, il est impératif de retrouver le jeune homme…
Les Clown Sacrés est un roman qu'on sent charnière dans le cycle navajo de Tony Hillerman. Notamment dans l'évolution des deux personnages que sont Joe Leaphorn et Jim Chee, même si, au départ, l'histoire commence avec un schéma qui est devenu classique depuis la rencontre des deux policiers Navajo ; à savoir des relations tendues entre les deux hommes entre respect et irritation, chaque policiers enquêtant de son côté sur une affaire différente. Mais cette fois, Leaphorn et Chee ont tous les deux la tête ailleurs. Préoccupés par leur vie privée : Janet Pete pour Jim Chee et son voyage en Chine pour Joe Leaphorn.
L'intrigue tourne autour d'un projet de création d'une décharge de déchets au sein de la réserve, contre lequel un écologiste chevronné fait du lobbying auprès du conseil tribal. Preuve que malgré les traditions, malgré l'autogestion de la réserve, le monde des blancs pénètre insidieusement le territoire indien. Et pas seulement de cette unique manière, il y a aussi le rythme de vie calqué sur celui des Blancs et leur système économique, incarné par cette discussion entre Chee, le haatalii débutant, et son oncle et mentor, sur le respect des traditions par rapport aux nouveaux "chanteurs" qui adaptent leur chant aux contraintes économiques en l'étalant lsur plusieurs week-end pour que ceux qui travaillent, puissent y assister. Bref, respecter les traditions anciennes à la lettre et perdre sa culture petit à petit, ou bien l'adapter à la vie contemporaine et la préserver mais en la modifiant.
C'est aussi ce qui transparait de la relation entre Jim Chee, le policier haatalii, et, Janet Pete, l'avocate : tous les deux étant prêts à franchir le pas d'une relation amoureuse, mais se heurtant à un tabou navajo : le mariage entre personnes du même clan ou de la même "famille". Jim Chee n'ayant toujours pas fait une croix définitive sur un avenir de "chanteur". Et puis il y a cette enquête sur un homme qui a été renversé par un pick-up et qui est mort de ses blessures, qui va amener Jim Chee à, aussi, adapter les règles de la justice blanche aux préceptes Navajo.
Leaphorn, lui, achève son deuil en concrétisant son voyage en Chine avec Louisa, tout en observant les frasques de son jeune adjoint. Il est d'ailleurs étonnant que Tony Hillerman maintienne une certaine distance entre les deux flics, une certaine incompréhension due à un manque de communication, qui ressemble aux rapports entre un père et son fils adolescent, alors qu'ils se connaissent depuis quelques livres maintenant.
Au final, il ressort de ce livre, et pour la première fois, une espèce de fatalisme quant à l'érosion de la culture Navajo, ainsi que celle des autres tribus, face à celle des "Blancs", là où tous les précédents livres se terminaient sur une note d'espoir. Quant à l'intrigue générale et l'interaction des personnages avec celle-ci, je trouve que c'est une des plus réussie.
Quelques pistes à explorer, ou pas...
Tout Hillerman. Après vous pouvez toujours faire un tour du côté de Little Bird de Craig Johnson qui traite en toile de fond de la vie des réserves indiennes.
Les dix premières lignes...
Au début, Jim Chee s'était senti tout bête, assis sur le toit de quelqu'un qu'il ne connaissait absolument pas. Mais cette gêne s'était rapidement estompée. Maintenant, cette position stratégique, sur le toit, lui semblait être finalement l'une des rares bonnes idées de Cowboy Dashee. De cet endroit, il voyait pratiquement tout. Les joueurs de tambour, juste sous le bout de ses bottes fraîchement cirées, la file des danseurs masqués qui, sur sa gauche, entraient à l'instant sur la plazza, la foule des spectateurs pressée contre les murs des habitations, les échoppes qui, plus loin, frangeaient les étroites ruelles, il dominait tout cela (…)
Quatrième de couverture...
Un professeur d'atelier de l'école de Thoreau a été mortellement frappé à la tête. C'est un meurtre extrêmement important selon les critères de la réserve. Chee, récemment muté dans le service du lieutenant Joe Leaphorn, espère retrouver un écolier en cavale au Pueblo de Tano, le jour des cérémonies annuelles. Après la danse des Kachinas, c'est le moment des Koshares, les clowns sacrés des habitants des pueblos. Avec leur corps zébré de rayures noires et blanches, leur visage peinturluré de blanc, fendu d'un immense sourire noir, ils gesticulent en tous sens, provoquent de fausses bagarres avec force chutes et maladresses. Mais ce qu'un des clowns fait ce jour-là fige le rire des spectateurs. On va le retrouver assassiné dans une ruelle adjacente…
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...