Tony Hillerman

Un avis personnel...

Publié le : 1er décembre 2006

Le Peuple des Ténèbres est le premier roman dans lequel apparaît Jim Chee, un jeune sergent de la police tribale Navajo. A l'instar de Joe Leaphorn, le premier personnage récurrent de Tony Hillerman, Jim Chee est le héros d'une trilogie (Le Peuple des Ténèbres, Le Vent Sombre, La Voie du Fantôme).
Jim Chee se voit confier par l'épouse d'un riche exploitant, une enquête concernant la disparition d'un coffre. Ce coffre n'est censé contenir uniquement des objets dont la valeur n'est que sentimentale aux yeux de son mari, Benjamin Vines, actuellement hospitalisé. Pourquoi vient-elle le solliciter lui ? Elle est persuadée que ce coffre a été volé par le Peuple des Ténèbres… Que contient ce coffre ? Quel mystère entoure ce clan indien et pourquoi les corps de ses représentants disparaissent ? Quels liens unissent ce riche blanc à ce peuple adepte de la peyote (une plante hallucinogène interdite) ?

L'intrigue est efficace, un peu classique, racontée sur un rythme plutôt lent, une impression dû au chapitrage loin des canons modernes. Elle nous plonge dans le monde et les différentes croyances indiennes, confrontés au monde des blancs. Peu de mystique, d'ésotérisme ou de surnaturel chez Tony Hillerman, on sent qu'il connait et respecte trop cette culture pour la caricaturer.
Au fil des pages, bercé par l'ambiance et la culture Navajo, on découvre cet indien éduqué par les deux cultures de son pays, la culture Navajo transmise par sa famille, notamment son grand-oncle, un chanteur Navajo (une sorte de Shaman ou de guérisseur chez les Navajos), très respecté, et, la culture de "l'homme Blanc" de part son cursus universitaire. Mais il doit choisir entre les deux, devenir, lui-même chanteur, ou bien intégrer dans les rangs du FBI. C'est aussi dans ce roman que Chee rencontre Mary Landon, une institutrice blanche qui fera peut-être pencher la balance. Plus cérébrale que physique, Jim Chee ressemble à un Columbo navajo, explorant tous les scénarios possibles qu'il élabore.
Le Peuple des Ténèbres est une entrée en matière convaincante pour Jim Chee.

Il est à noter que ce livre a paru initialement sous le titre Le Peuple de l'Ombre. Une version, apparemment désavouée par l'auteur. L'essentiel des œuvres de Tony Hillerman étant édité chez Rivages et traduit par Danièle et Pierre Bondil, il semble plus judicieux de préférer leur version.

Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Les trois volets de la trilogie Jim Chee sont rassemblés sous un même volume pour le Grand Format de Rivages :
Après Joe Leaphorn, le navajo "sceptique vis-à-vis de ses propres traditions", voici Jim Chee, un personnage plus jeune, plus romantique et, selon Hillerman, « plus traditionnel et moins sûr de lui, beaucoup moins ». Ce navajo "traditionaliste" est, selon son créateur, « un être partagé. Dans la solution des énigmes, il démontre que l'irrationnel et le religieux ne s'opposent pas à la raison, surtout quand ces énigmes sont elles-mêmes teintées de surnaturel ».

Le début...

Les dix premières lignes...

Pour ce travail il fallait attendre, attendre que les cultures se développent, que les toxines soient sécrétées, que les anticorps se forment, que les réactifs agissent. Et pendant cette attente, la bactériologiste approchait son fauteuil roulant des fenêtres et contemplait le monde en dessous d'elle. En bas, le monde, c'était le parking du Centre de Recherche et de Traitement du Cancer, le bâtiment voisin du Laboratoire des Maladies Transmissibles sur le campus de l'Université du Nouveau-Mexique Nord. C'était un parking pris d'assaut (...)

La fin...

Quatrième de couverture...

La femme d'un milliardaire américain engage Jim Chee à titre privé pour retrouver un petit coffre de souvenirs dérobés, selon elle, par le "peuple des ténèbres", c'est-à-dire les membres d'une sorte d'église fondée par un Navajo, mais déclarée illégale par le conseil tribal parce qu'elle autorise, lors de cérémonies, l'usage d'une drogue psychédélique, le peyolt. C'est dans Le Peuple des ténèbres qu'apparaît pour la première fois Jim Chee, l'un des deux héros fétiches de Tony Hillerman. Impliqué dans une enquête touffue sur fond de magouille uranifère, poursuivi par un tueur qui possède des bombes à mercure, il se retrouve, comme souvent, confronté à ses propres contradictions.