Rivages / Thriller - Septembre 2003 - Traduction (anglais) : Danièle et Pierre Bondil
Tags : Polar militant Mystique Flic Amérique profonde Littéraire Moins de 250 pages
Publié le : 1er mars 2006
Et voilà une nouvelle réussite, saluée comme il se doit par la critique. On y retrouve tous les ingrédients qui font la force et la particularité de l'auteur : l'élégance, la sérénité, la rigueur de l'enquête, la finesse de l'analyse des rapports humains.
Et pourtant, une fois de plus, Tony Hillerman réussit le tour de force de ne pas donner le sentiment de "déjà lu". Ce qui fait la particularité de ce livre est que beaucoup y voient effectivement le premier roman féminin de Tony Hillerman. C'est en effet ici qu'il met en avant un personnage déjà rencontré, dans Le Premier Aigle, Bernadette Manuelito. Son apparition permet à l'auteur d'aborder de nouveaux thèmes autour des rapports entre humains.
"Bernie" comprendrait tout à fait que son chef lui reproche ses erreurs de policier. Et pourtant, elle lui en voudrait si tel était le cas. Jim Chee, le chef en question, lui, est partagé entre son rôle de flic, son statut de Navajo traditionaliste. et les sentiments qu'il éprouve pour "Bernie". Heureusement, l'ex "Légendaire Lieutenant", Joe Leaphorn, qui n'en finit pas de se faire à son nouveau statut de retraité de la Police Tribale, n'est pas bien loin, et pèsera, une fois de plus, de toute son humanité. Un grand moment de lecture, une fois de plus.
Quelques pistes à explorer, ou pas...
À noter la parution simultanée de Rares Furent les Déceptions une autobiographie de Tony Hillerman. Il s'y définit notamment comme un auteur de "polar anthropologique". Il y parle de sa rencontre avec Arthur Upfield qui a choisi pour sa part la culture aborigène d'Australie.
Les dix premières lignes...
Bernadette Manuelito avait eu une journée chargée dont, désormais débarrassée du sentiment qu'elle était la recrue la plus inexpérimentée de la Police Tribale Navajo, elle avait apprécié la majeure partie. Elle avait remis son mandat de comparution à Desmond Nakai, au bâtiment administratif de Cudai, se conformant à la politique qui consistait à s'affranchir d'abord des tâches les plus désagréables. En fait, Nakai se trouvait bien sur place, ce qui lui évitait d'avoir à le pourchasser et, contrairement aux prévisions du capitaine Largo, il était resté aimable (...).
Quatrième de couverture...
Bernadette Manuelito a beau être officier de police, elle n'en est pas moins navajo. Aussi, lorsqu'elle découvre un homme mort dans un pick-up truck abandonné, son premier réflexe est de penser à la contamination par le chindi, le deuxième d'observer les graminées et débris végétaux visibles sur le cadavre. Influencée par sa culture, elle n'examine pas le corps avec toute la minutie requise par son métier et se méprend sur la cause du décès qu'elle juge, à tort, naturel. Cette erreur lui est reprochée par le FBI et par son supérieur hiérarchique, le sergent Jim Chee, qui va prendre les choses en main.
Dans le véhicule du mort, on retrouve un dossier contenant des articles sur la mine du Veau d'Or. Ce nom rappelle à Joe Leaphorn une vieille affaire, classée mais non résolue. Une histoire d'arnaque, mais aussi de meurtre et de disparition. Quel mystère plane sur cette mine fantôme et quelle est cette étrange plainte entendue par des enfants dans un ancien dépôt de munitions situé à proximité ? Bernadette Manuelito n'a pas dit son dernier mot, Jim Chee suit ses méthodes habituelles et, chacun à sa façon, ils apporteront des éclaircissements.
Le livre se referme en laissant planer l'ombre de futurs bouleversements. Une fois encore, on reste étonné par l'imagination inépuisable de Tony Hillerman qui bâtit une intrigue passionnante, empreinte de tous les mystères du pays navajo, tout en donnant à ses personnages une dimension toujours plus humaine, toujours plus juste, qui touche en profondeur. Avec Le Vent qui Gémit, Tony Hillerman signe son premier roman "féminin".
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...