La Voie de l'Ennemi

Un avis personnel...

Publié le : 05 février 2007

Horseman, un jeune Navajo, vient de poignarder un mexicain. Il s'est enfui et se cache dans une zone désertique de la réserve, peu fréquentée par les Navajos eux même, à cause des fantômes d'un ancien village Anasazi. Au même moment, des actes de sorcelleries sont signalés dans la région. Joe Leaphorn, lieutenant de la Loi et de l'Ordre, chargé de retrouver Horseman, va profiter de ce déplacement pour inviter son ami, le professeur McKee qui étudie les sorciers Navajos, à venir avec lui. Afin que Horseman se rende, Leaphorn fait passer l'information au clan de celui-ci que le Mexicain poignardé est sorti d'affaire. Le lendemain, Horseman est retrouvé mort très loin de l'endroit où il était censé se cacher. Pour Joe Leaphorn, la mort du jeune Navajo n'est pas naturelle, et dans la région la rumeur d'un Loup-Navajo enfle…

Premier roman de Tony Hillerman, La Voie de l'Ennemi, n'est pas le meilleur de sa production. Un livre qui souffre peut-être des défauts inhérents aux premières productions même s'il dut à l'époque le retravailler à plusieurs reprises avant de trouver un éditeur. C'est sûrement pendant ces relectures que Joe Leaphorn séduit définitivement l'auteur, qui en fera son premier personnage récurrent, même si c'est plutôt le personnage de McKee qui tient le premier rôle dans La Voie de l'Ennemi.
Dès les premières pages, Tony Hillerman n'arrive pas contenir son envie de partager cette culture Navajo et le lecteur se retrouve rapidement noyé de termes et de rites inconnus. Et, le lexique en fin de livre n'est pas, non plus, des plus complet. Par la suite, l'auteur rectifie le tir et approche la qualité de la suite de son œuvre. Quelques passages permettent, ainsi, de mieux cerner Joe Leaphorn et d'entrevoir son scepticisme par rapport aux croyances Navajos et sa lucidité sur l'être humain :

— Mon petit-fils, il faut que je retourne à l'intérieur du hogan. Mais maintenant j'ai une question à laquelle je veux que vous répondiez. Dites-moi si vous croyez à la sorcellerie.
— Mon père m'a appris ce dont il s'agit. Quand l'eau monta dans le Quatrième Monde et que le Peuple Sacré émergea par le roseau creux, Premier Homme et Première Femme émergèrent eux aussi. Mais ils avaient oublié la sorcellerie alors ils envoyèrent Héron Plongeur la rechercher. Ils lui dirent de remonter "le moyen de devenir riche" pour que ceux du Peuple Sacré ne sachent pas ce qu'il allait chercher. Et Héron le rapporta et le remit à Premier Homme et à Première Femme qui en donnèrent une partie à Serpent. Mais Serpent ne pouvait l'avaler, alors il lui fallut le garder dans sa bouche. Et c'est pour cela que ça nous tue quand un serpent nous mord.
Les mots étaient exacts, pensa Sandoval, mais il les récitait comme une leçon.
— Vous ne m'avez pas dit si vous y croyez.
L'homme qui s'appelait Leaphorn eut un léger sourire.
— Mon grand-père, dit-il, j'ai appris à croire au mal.

L'intrigue, bien que distrayante, m'a paru peu aboutie et pâtit, je pense, du fait que l'auteur navigue dans la narration entre Leaphorn et McKee, pour écarter, presque totalement, le flic Navajo du dernier tiers du récit. Au final, les motivations des truands semblent assez légères ou assez obscures selon le point de vue, mais on n'en saura pas plus, "Secret Défense" oblige. En tout cas, je suis resté sur ma faim.
Si La Voie de l'Ennemi est un passage obligé pour les fans dans l'œuvre de Tony Hillerman puisque c'est le premier de la trilogie Joe Leaphorn, ce n'est peut-être pas celui par lequel il faut entrer dans son monde.

Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Forcément si vous avez aimez celui-ci, vous ne serez pas déçu par la suite des aventures de Joe LeapHorn : Là où Dansent les Morts et Femme-qui-Écoute.
Comme pour Jim Chee, Rivages a rassemblé la Trilogie Leaphorn dans une édition Grand Format.