Seuil Policiers - Avril 2006 - Traduction (suédois) : Anna Gibson
Tags : Roman d'enquête Vengeance Flic Suède Années 2000 Plus de 400 pages
Publié le : 1er mai 2006
Kurt Wallander n'est plus... On pourrait le penser à la lecture de ce roman
de Henning Mankell qui, pour une fois, ne met pas en scène son
inspecteur favori. Mais ce serait aussi oublier les facéties
éditoriales qui font paraître ce récit, en France, en 2006 alors qu'il
fut écrit en 2000 et édité avant Avant le Gel qui voyait l'arrivée dans la police de la fille Wallander. Mais passons...
Le Retour du Professeur de Danse est l'occasion de découvrir une nouvelle création de l'écrivain suédois
(même si on l'a déjà croisé, en français, dans le roman suivant paru
avant... merci Monsieur Seuil). Celui-ci a à peine la quarantaine, fait
partie de la police, et profite de cette première apparition pour
apprendre qu'il est atteint d'un cancer ; à la langue !..
Stefan Lindman, puisque tel est son nom, se retrouve donc en congé, dans
l'attente d'un début de traitement et pour meubler le laps de temps qui
le sépare de cette échéance, pour éviter de penser à ce qui l'attend et
aux conséquences éventuelles de sa maladie, il remonte vers le nord, là
où son ex-collègue, Herbert Molin, celui qui lui a tout appris, vient
d'être sauvagement assassiné.
Henning Mankell met l'accent sur la construction de son intrigue et arrive à
nous surprendre encore par son métier et son efficacité en la matière.
Ses personnages sont, comme il en a l'habitude, d'une épaisseur, d'une
consistance, d'une vérité reconnues. Stefan Lindman, confronté à
bientôt quarante ans à un cancer en est l'exemple parfait, ou encore
Giuseppe Larsson, flic débonnaire, comme un Wallander qui aurait oublié
ses angoisses au vestiaire tout en conservant sa perspicacité. Et ils
sont nombreux ceux qui traversent cette enquête difficile.
Mais c'est le fond du roman qui retient l'attention malgré les qualités de
l'intrigue, l'acuité des portraits. Henning Mankell, en situant son
récit sur les terres qui l'ont vu naître (sûrement pas un hasard), pose
un regard sur le passé récent de la Suède et éclaire quelques passages
oubliés de son histoire. On y découvre, au détour des années 30/40, un
pays séduit par l'idéologie de l'Allemagne voisine, on y balaie sa
neutralité prudente communément admise, on y rappelle sa participation
active à la machine de guerre allemande à travers sa production
d'acier...
L'idéologie nazie n'avait pas que des opposants en Suède, loin de là !.. Mais Henning Mankell va plus loin dans son "introspection". Pour lui, ces idées d'un autre temps sont toujours vivantes, même dans son propre pays, longtemps considéré comme le modèle social européen.
- Je m'étais toujours représenté les petits fachos comme des types rasés, avec des rangers. En fait, ils peuvent avoir n'importe quelle tête. La tienne par exemple.
Henning Mankell se renouvelle dans la continuité. Kurt Wallander n'est plus là mais il aurait tout aussi bien pu mener cette enquête tant le
personnage colle à son auteur et son ombre plane sur ses romans. Avec
une différence peut-être : Wallander s'est toujours interrogé sur
l'avenir de son pays, Stefan Lindman, quant à lui, amènerait plutôt un
regard sans concession sur son passé.
Quelques pistes à explorer, ou pas...
Il semble bien que Stefan Lindman deviennent un personnage récurrent dans la production de Henning Mankell. Il apparaît à nouveau dans Avant le Gel, comme personnage secondaire et pourrait bien continuer dans au moins l'un des trois ouvrages que l'éditeur annonce comme "à paraître".
Les dix premières lignes...
Le 12 décembre 1945, peu après quatorze heures, l'avion décolla de la base
militaire des environs de Londres. Il faisait plutôt froid et une pluie
fine tombait sur la piste, où des bourrasques irrégulières
s'engouffraient dans la manche à air ; puis le calme revenait.
L'appareil, un bimoteur Bristol Blenheim, avait déjà servi lors de la
bataille d'Angleterre, à l'automne 1940. Plusieurs fois touché par des
chasseurs allemands et contraint à des atterrissages, il avait toujours
pu être réparé et renvoyé au combat. Depuis la fin de la guerre, on
l'employait essentiellement à des opérations de transport de vivres et
de matériel à l'intention de troupes anglaises stationnée dans
l'Allemagne vaincue (...).
Quatrième de couverture...
Décembre 1945. Dans l'Allemagne vaincue, un passager solitaire descend d'un
avion militaire britannique et se rend à la prison de Hameln. Là, il
procède à la pendaison de criminels de guerre nazis. Mais l'un d'eux a
échappé à son sort.
Octobre 1999, dans le nord de la Suède, Herbert Molin, un policier à la retraite, est torturé à mort. Dans sa maison isolée, les empreintes sur le parquet semblent indiquer que le tueur a esquissé un tango sanglant avec sa victime. Ici, ce n'est plus le commissaire Wallander qui mène l'enquête.
Au même moment, à l'autre bout de la Suède, le jeune policier Stefan
Lindman apprend deux mauvaises nouvelles : il a un cancer et son ancien
collègue a été assassiné. Pour tromper son angoisse, il décide de
partir dans le Härjedalen et d'enquêter lui-même sur ce meurtre. Or,
les ombres d'un passé très noir se sont réveillées. Elles ont frappé.
Elles vont frapper encore et encore. Stefan a peur. Mais il est jeune,
malade. Il ignore combien de temps il lui reste à vivre. Il n'a rien à
perdre.
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...