Seuil Policiers - Février 2005 - Traduction (suédois) : Anna Gibson
Tags : Roman d'enquête Polar politique Corruption Flic Suède Années 2000 Plus de 400 pages
Publié le : 20 février 2005
Le dira-t-on jamais assez : il en est de l'ordre des parutions françaises
des romans de Henning Mankell comme des voies du seigneur : elles sont
impénétrables : L'Homme qui Souriait se situant, si on respecte la chronologie, après Les Chiens de Riga et La Lionne Blanche puisque l'intrigue débute en octobre 1993.
Cependant, il semble bien cette fois qu'il en soit terminé des aventures
(mouvementées dans le temps) du commissaire Wallander et que sa fille
Linda prenne désormais le relais avec la première de ses enquêtes : Avant le Gel, à paraître fin 2005, début 2006.
Ou alors aurons-nous la surprise de voir arriver un recueil de nouvelles inédites qui nous présentera le Wallander d'avant Meurtriers sans Visage...
Pour en revenir à L'Homme qui Souriait, il s'agit donc du quatrième roman de Henning Mankell ou apparaît son inspecteur favori.
Un vieil avocat se pose un cas de conscience : il a découvert que son
principal client n'est pas si honnête qu'il veut le faire croire, mais
c'est aussi ce même (gros) client qui, depuis plusieurs années, assure
le chiffre d'affaire du cabinet qu'il dirige avec son fils. Doit-il, ou
non, en parler à son associé ? On ne connaitra jamais sa décision
finale ; il est abattu sur une route déserte, par une nuit de
brouillard, et le meurtre est maquillé en banal accident de la
circulation. Puis c'est au tour du fils d'être assassiné après avoir
confié ses soupçons quant à la mort accidentelle de son père à une
vieille connaissance, l'inspecteur Kurt Wallander, en retraite sur les
plages immenses de l'île danoise de Jylland, où il rumine sa décision
de quitter définitivement la police. Lorsque ce dernier apprend la mort
de son ami avocat, il reprend le collier et déchire sa lettre de
démission pour, pris par le remord, tenter d'élucider ce crime commis
alors qu'il avait refusé son aide à un ami...
Wallander n'est pas en grande forme au début de ce roman, il sort de dépression
et se remet à peine d'avoir tué un homme, en état de légitime défense
certes, mais le geste le hante. D'autant plus qu'à ce moment là, dans
ce champ noyé de brouillard, sa seule volonté était de voir l'homme en
face de lui mourir... Cet épisode (cf. Les Chiens de Riga) a changé sa vie :
C'était un point de non-retour ; un enterrement et une naissance, les deux à la fois.
Wallander cesse donc de s'ausculter le nombril et reprend du service après l'assassinat de Sten Torstensson. C'est aussi pour lui l'occasion de rencontrer une nouvelle collègue féminine : Ann-Britt Höglung, et pour Mankell de nous rappeler le fossé qui, selon lui, sépare aujourd'hui plus qu'hier les générations. Car si Wallander fait partie de ceux qui ont grandi avec le modèle suédois et subissent de plein fouet la perte de ses valeurs fondamentales, Ann-Britt, quant à elle, représente plutôt ceux qui n'ont vu que le déclin de ce fameux modèle :
Le monde est peut-être le même. Mais son image, non.
Mais cette enquête menée dans les milieux du pouvoir et de l'argent est
aussi l'occasion pour Henning Mankell de nous confier ses craintes
(fondées) concernant la corruption organisée qui menace les
institutions, et la fausseté, l'hypocrisie des rapports entre les
pouvoirs politiques et économiques, voire une certaine servilité des
premiers envers les derniers.
Il aborde bien sûr les transformations de l'idéal économique suédois en modèle libéral
où, comme partout, le secteur privé prend en charge les missions même
de l'état et où le maître mot est rentabilité et son pendant
l'insignifiance de la vie humaine.
Un constat sombre et désabusé (mais réaliste) de la vie occidentale qui augure d'un avenir par forcément lumineux...
Quelques pistes à explorer, ou pas...
Chaque épisode de la série, c'est un régal... d'autant qu'il s'agit là du dernier épisode à paraître en France (voir la chronologie à respecter).
Les dix premières lignes...
Le Brouillard.
Comme l'approche d'un prédateur silencieux.
Je ne m'y habituerai jamais, pensa-t-il. Bien que j'aie vécu toute ma vie
en Scanie, où la brume entoure constamment les gens d'invisibilité.
Vingt et une heure, le 11 octobre 1993.
La nappe de brouillard avançait très vite, du coté de la mer. Il serait
bientôt rentré à Ystad. Il venait de dépasser les collines de Brösarp
lorsque sa voiture entra tout droit dans la blancheur.
Son angoisse devint immense.
Pourquoi ai-je peur du brouillard ? Je devrais plutôt craindre l'homme que je
viens de quitter à Farnholm. Le châtelain aimable aux collaborateurs
effrayants toujours discrètement postés dans l'ombre. Je devrais penser
à lui et à ce qui se cache derrière son sourire, son intégrité de
citoyen au-dessus de tout soupçon (...).
Quatrième de couverture...
Une chaise au milieu de la route, dans le brouillard. Et sur cette chaise,
un mannequin de taille humaine. Le vieil avocat Gustaf Torstensson
freine brutalement, sort de sa voiture. Ce sera son dernier geste
d'homme vivant.
Pendant ce temps, le commissaire Kurt Wallander erre sur les plages infinies de l'île danoise de Jylland. Il est venu là pour prendre un décision : quitter
définitivement la police. C'est alors qu'une vieille connaissance,
l'avocat Sten Torstensson, fait irruption dans sa retraite de vent et
de dunes. Son père est mort sur une route aux environs d'Ystad ; il
refuse de croire à la thèse de l'accident. Wallander, lui, refuse de
l'aider. Mais le jour où il retourne au commissariat pour signer enfin
sa lettre de démission, il apprend l'assassinat de Sten Torstensson.
Wallander déchire sa lettre.
Dans la traque qui s'engage alors, il découvre un réseau criminel d'une
nature effrayante. Derrière, tirant les ficelles, se profile un homme
singulier. Un homme élégant et sûr de lui, habitué à ce qu'on lui
obéisse. Un homme qui sourit toujours.
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...