Underworld USA

James Ellroy

Rivages / Thriller - Janvier 2010 - Traduction (anglais) : Jean-Paul Gratias

Tags :  Roman noir Hard Boiled Roman historique Polar politique Crime organisé Corruption Psychologie Flic Détective privé Etats Unis Années 1960 Littéraire Original Plus de 400 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 17 octobre 2010

Recommandé Il s’est fait attendre. Longuement.
Mais dès les premières phrases, on sait qu’il est de retour, qu’il n’a rien perdu. C’est bien le maître du roman noir d’outre-Atlantique qui nous revient. Avec sa verve, ses outrances, ce style qui en fait l’un des grands romanciers actuels, tous genres confondus.
Il va encore nous en faire voir sur l’histoire souterraine des États-Unis, il va nous bousculer, déstabiliser notre petit confort. C’est parti !

Après un prologue en 64, nous reprenons là où Ellroy nous avait laissés. 1968, Martin Luther King et Robert Kennedy viennent de rejoindre JFK. Certains sont toujours obsédés par Cuba (notamment un certain Mesplède, un français, peut-être le frère ou l’un des descendants de celui qui apparaissait chez Lehane dans Un Pays à l'Aube ; peut-être des cousins ou des oncles d’Amérique de notre Claude Mesplède national), d’autres sont obsédés par l’argent et la poule aux œufs d’or de l’époque, Howard Hugues. Le pouvoir est le moteur de bon nombre d’entre eux.
Une fois de plus, Ellroy nous propose de suivre l’intrigue à travers trois personnages dont les points de vue alternent, un agent fédéral, proche de ce Hoover que nous retrouvons aussi, bien évidemment (que seraient les États-Unis et la trilogie Underworld USA sans ce grand malade ?), un ancien flic, chimiste à ses heures et déjà croisé précédemment et, enfin, un détective, jeune et obsédé, qui fait tellement penser à la description qu’Ellroy a fait de lui-même dans Ma Part d'Ombre, et qui se retrouve embringué dans toutes les histoires qui vont jalonner ce pavé qu’Ellroy nous offre.
Cette sainte trinité qu’Ellroy affectionne, rencontrée également dans d’autres romans, notamment ceux de son quartet de Los Angeles, cette sainte trinité qu’il maîtrise particulièrement, Ellroy va en jouer, s’en démarquer, la triturer, pour mieux y revenir.

L’époque est pourrie, le président qui se fait élire, Nixon, est à l’avenant, il fera plus tard parler de lui, se fera prendre, on le sait tous. Les extrémistes sévissent partout, le terrorisme s’annonce, un terrorisme intérieur, de gauche comme de droite. Et la balance, l’histoire, le point de vue, va petit à petit pencher, s’incliner vers la gauche, Ellroy ayant déjà tellement exploré l’autre bord.
Les femmes deviennent des personnages importants, politisés et actifs… Les femmes et le vaudou.
Ellroy bouscule tout comme il avait déjà tellement bousculé son pays et son histoire dans les deux premiers opus de la trilogie, il bouscule même l’univers qu’il nous offrait jusque là.
Est-ce un jeu ? Ellroy joue-t-il avec nous ou est-ce qu’il ne lui restait plus que ça à dézinguer après avoir tellement dézingué son pays ? Se dézinguer ?
C’est un livre exigeant, bien sûr, comme toujours, auquel il faut parfois s’accrocher, huit cent pages ça demande une certaine volonté, mais Ellroy nous donne tant en retour… Exige tant de lui, on le sent, on le sait…

On sent en plus, je l’ai dit, je le redis, un Ellroy différent et en même temps tellement lui-même, un Ellroy qui évolue encore quand il a déjà tellement évolué… Un Ellroy qu’on retrouve avec plaisir au long de ces huit cents pages mais que l’on redoute tellement de devoir quitter, attendre de nouveau. Et pour combien de temps ?
Que pourra-t-il nous offrir encore pour notre plus grand bonheur, pour nous faire encore frissonner, être dégoûtés ?


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

N’oubliez pas de lire les autres opus de la série, les deux premiers de la trilogie, American Tabloïd et American Death Trip.
Et lisez, pourquoi pas, un autre grand du roman noir états-unien qui s’est coltiné à l’histoire de son pays, allez voir du côté du dernier Lehane (Un Pays à l'Aube), que je trouve moins réussi que celui-ci, moins à la hauteur de ce qu’on pouvait attendre d’un tel auteur.

Le début...

Les dix premières lignes...

Los Angeles, 24 février 1964

SOUDAIN :
Le camion laitier braqua sèchement à droite et mordit le trottoir. Le volant échappa aux mains du chauffeur. Pris de panique, il écrasa les freins. Le coup de patins fit chasser l’arrière. Un fourgon blindé de la Wells Fargo percuta le flanc du camion laitier — de plein fouet.
Notez bien l’heure :
7 h 16 du matin, au sud de Los Angeles, à l’angle de la 84e Rue et de Budlong Avenue. La partie résidentielle du quartier noir. Des baraques merdiques avec des cours en terre battue.
Le choc fit caler les moteurs des deux véhicules. Le chauffeur du camion laitier se cogna contre le tableau de bord (…)


La fin...

Quatrième de couverture...

24 février 1964, 7 h 16 du matin à Los Angeles. Attaque d’un fourgon blindé de la Wells Fargo. Quatre convoyeurs abattus, trois braqueurs morts ; le quatrième a pris la fuite en emportant seize sacs de billets et quatorze mallettes remplies d’émeraudes.
C’est sur ce braquage, disséqué avec une maestria éblouissante, que s’ouvre Underworld USA, dernier volet de la trilogie commencée avec American Tabloïd.


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

James Ellroy










Edition(s)...

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Réédition Réédition poche

Du même auteur...

Bibliographie non exhaustive... Seuls sont indiqués ici les ouvrages chroniqués sur le site.

Lune Sanglante A Cause de la Nuit La Colline aux Suicidés Le Dahlia Noir Clandestin Un Tueur sur la Route Le Grand Nulle Part American Tabloïd Ma Part d'Ombre American Death Trip