Rivages / Noir - Janvier 1988 - Traduction (anglais) : Freddy Michalski
Tags : Roman noir Polar urbain Flic Criminel Los Angeles Années 1980 Littéraire Entre 250 et 400 pages
Publié le : 1er mars 2006
Le premier mot qui me vient concernant le troisième opus de la trilogie Lloyd Hopkins, c'est déception.
Bien sûr.
On assiste à la fin, certes brillante, mais la fin quand même de la carrière du flic le plus génial de Los Angeles. Cassé par sa propre démence, ayant lui-même scié la branche sur laquelle il était assis.
Rejeté par ses supérieurs, malgré son génie.
Déclaré inapte définitivement à conduire une enquête criminelle.
Ça fait tout drôle quand même.
Dans À Cause de la Nuit, on sentait déjà que Lloyd n'était pas sur la bonne pente. Mais on pouvait se dire qu'il allait redresser la barre. Récupérer sa femme et ses mômes et un semblant d'équilibre psychologique, reprendre sa carrière en main, redevenir un flic génial mais pas complètement timbré..
Mais si l'on creuse un peu, on se rend compte que c'est absolument impossible.
Le personnage tel qu'il est construit par Ellroy est rongé de l'intérieur depuis le début, depuis ces aveux à la fin de Lune Sanglante sur les blessures de son enfance, les raisons qui le poussent avec acharnement à vouloir protéger le monde, l'innocence, les femmes, les enfants, tout ça en vrac et sans discernement. Lloyd est fini depuis le début mais il a fait illusion, pendant quelque temps.
Alors cette fin sordide et brillante en même temps est dans la continuité, sans réelle surprise.
Mais bigrement dure à accepter.
On voit aussi surgir dans ce roman quelques personnages encore plus hauts en couleurs que les habituels "joyeux" drilles qui peuplent les cauchemars de Ellroy.
Deux frangins cambrioleurs complètement oufs, dont l'un est un violeur invétéré qui se prend pour un requin, et l'autre un musicien raté totalement soumis à la volonté de son frère.
Un voleur de voitures au QI comparable à celui de Lloyd Hopkins, qui se transforme petit à petit en braqueur de banques, tueur de flics, et tueur tout court, tout ça pour ne pas abandonner ses rêves de filer le parfait amour avec une fausse star du rock, vraie cocaïnomane-pute-paumée-irrécupérable.
Un vrai foutoir ce roman. À l'image de la ville, comme toujours, et du brouillard qui pollue la tête de Lloyd Hopkins.
Il était, il n'est plus. Et après ça, on se demande quels pourront bien être les prochains fantasmes de Ellroy.
Quelques pistes à explorer, ou pas...
Vraiment pas d'idée.
Peut-être continuer à suivre la route d'Ellroy, peut-être aller chercher des héros tout aussi désabusés mais avec plus de tendresse, chez Dennis Lehane par exemple.
Les dix premières lignes...
Évaluation psychiatrique - Mémorandum :
(...) Sujet : Hopkins, Lloyd W., Sergent, Service de la Criminelle.
Messieurs,
Ainsi qu'il m'a été demandé, j'ai établi une évaluation du sergent Hopkins à mon cabinet privé, au cours de cinq séances de consultation d'une heure chacune, qui se sont tenue du 6 au 10 novembre 1984. Je l'ai trouvé en bonne santé physique, et d'une grande vivacité d'esprit pour une intelligence qui atteint au génie. Il a participé à ces séances avec beaucoup de bonne volonté, voire le désir de bien faire, contredisant ainsi vos craintes initiales quant à sa coopération. Ses réactions à des questions d'ordre intime et à des attaques agressives furent honnêtes, sincères et sans tergiversations (...).
Quatrième de couverture...
Depuis que sa femme et ses filles l'ont quitté, le sergent Lloyd Hopkins est seul. Seul contre ses anciens collègues qui veulent le forcer à prendre une retraite anticipée ; seul contre des braqueurs de banque tueurs de flics ; contre les nouveaux chrétiens, contre les tarés, les macs, les fêlés et les obsédés du cul.
Hopkins est seul contre lui-même et sa propre folie. Et il est prêt au sacrifice.
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...