Gallimard / Série Noire - 1959 - Traduction (anglais) : Pierre Verrier
Tags : Roman noir Roman d'enquête Polar social Polar militant Flic Quidam New York Années 1950 Populaire Moins de 250 pages
Publié le : 31 janvier 2008
Dare-Dare est un des rares romans américains qui fut publié en France et donc traduit en français avant d'être diffusé aux États-Unis dans sa langue d'origine. C'est un des rares romans de Chester Himes qui met en scène des flics blancs, délaissant quelques temps son duo de flic de Harlem, Ed Cercueil & Fossoyeur Jones.
(…) un Blanc qu'avait bu il n'avait pas besoin que quelque chose de spécial le travaille pour venir chercher des crosses à un Noir.
À l'aube dans les sous-sols d'un restaurant, Jimmy, un étudiant noir qui travaille là pour se payer ses études de droits, se retrouve nez à nez avec un ivrogne blanc armé d'un flingue muni d'un silencieux. Sans autre forme de procès, celui-ci commence à tirer sur Jimmy qui prend ses jambes à son cou pour échapper à la mort.
Lorsque les flics arrivent sur place, ils découvrent les cadavres des deux collègues de Jimmy, qui lui a réussi à sauver sa peau. Le sergent Peter Brock, aidé de son beau-frère Matt Walker, va mener l'enquête sur les motivations de ce tueur blanc qui risque de s'en prendre encore au pauvre Jimmy. Mais l'enquête sera difficile, la population noire étant très méfiante envers les flics blancs, voir les blancs en général…
Y m'a seulement parlé d'un ivrogne blanc, et pour nous autres gens de couleur, tous les ivrognes blancs se ressemblent
Dare-Dare, de son titre original Run Man Run, écrit en 1959, est un polar assez classique dont l'intrigue bien que menée au rythme des courses poursuites et des fusillades, n'est pas très prenante, ou plausible, ou je-ne-sais-quoi qui la rend peu intéressante. Mais les romans de Chester Himes ne se limitent pas seulement aux intrigues et tout le climat social entre les blancs et les noirs qui transpire en arrière plan donne un regain d'intérêt à ce livre. Les noirs qui se sentent persécutés et les blancs qui ont une peur innée de ces noirs affranchis.
— Tous les nègres sont violent, dit le livreur. Même quand ils rigolent.
— Vous avez l'air d'avoir eu des histoires avec les Noirs, dit Brock.
— Non, mais je tiens pas à en avoir, dit le livreur.
Chester Himes y décrit aussi la vie à Harlem avec notamment ses veillées funèbres qui sont plus des gueuletons de pieds de porc bien arrosés de whisky, que des moments de recueillements, comme il l'avait, déjà, fait dans Couché dans le Pain, lorsque le révérend ivre mort tombe par la fenêtre de s'être trop penché lors d'une de ces veillées. Mais aussi ce Harlem, violent, lugubre avec ses bars enfumés et ses ruelles sombres, au cœur de cette ville de New York qui à cette époque avait très mauvaise réputation.
(…) Et tu prétends que ce n'est pas possible ? Dans cette ville de violence ? Il ne se passe pas de jour que les canards ne rapportent les crimes les plus insensés. Qu'est-ce que c'est qu'un meurtre, dans cette ville où il y a des gens qui tuent comme ils boiraient un verre d'eau, aussi longtemps qu'ils ne se font pas choper.
Bref, un roman intéressant, mais loin d'être mon préféré de l'auteur.
Quelques pistes à explorer, ou pas...
Les aventures d'Ed Cercueil et Fossoyeur Jones ou n'importe quel roman de Jim Thompson.
Les dix premières lignes...
Jimmy empoigna les boîtes à ordures vides qui se trouvaient sur le monte-charge et les brandit au-dessus de la machine à laver. L'eau bouillante jaillissait dans les boîtes retournées, lavant et stérilisant à la fois. Elles étaient lourdes, mais il les maniait avec une aisance de grand gaillard qui ne connaît pas sa force.
Ça donnait chaud, d'autant plus que les tuyaux de chauffage central qui couraient dans les sous-sols faisaient régner dans la pièce une chaleur étouffante. Le visage noir de Jimmy était luisant de sueur et la veste de son uniforme de toile bleue était mouillée sous les bras (…)
Quatrième de couverture...
« Au même instant, le Blanc l'aperçut. Il montra les dents comme un chien qui va mordre et, dans sa main droite, le revolver se releva ».
Pour Jimmy, qui travaille de nuit dans un restaurant de Harlem, il est grand temps de sauver sa peau noire. L'homme est blanc et armé. Qu'il soit fou, ivre, névrosé ou bien qu'il se trompe de personne est le cadet de ses soucis. Surtout si le tueur a déjà laissé deux cadavres dans une chambre froide... À Harlem, tout arrive. Fatalité ? Que non ! Jimmy, sous les balles, sent venir une rage au-delà de la peur. Il entend une voix issue d'une mémoire ancienne lui dicter la révolte. Et cette voix, alors qu'il court, de la sueur plein les yeux, lui dit : « Fonce-lui dessus ! Prends son flingue et défonce-lui le crâne ! »
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...