Poste Mortem

Jean-Jacques Reboux

Baleine - Mars 1999

Tags :  Roman noir Thriller Polar politique Comédie Psychologie Quidam France Années 1990 Populaire Humoristique Plus de 400 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 02 novembre 2008

Recommandé Le brigadier Marielle ne s'attendait pas à une telle tuile… Alors qu'il est confortablement installé dans le train, un coup de téléphone anonyme l'informe qu'une prise d'otage est en cours sur "ses" terres, à Saint-Martin-des-Besaces.
Cette prise d'otage, c'est Simone qui s'en charge. Simone Dubois, employée de la Poste. Et elle a décidé de justifier son acte face à celui qu'elle retient prisonnier, un "illustre", son ministre de tutelle…

Jean-Jacques Reboux, avant de devenir auteur, puis éditeur, a longtemps pratiqué la Poste de l'intérieur. Pas derrière un guichet, au contact de la clientèle ; pas sur un vélo, à distribuer le courrier ; non, plutôt du côté obscur de la Poste : les centres de Chèques Postaux.
Il l'indique d'ailleurs clairement en ouverture de son roman : « Voilà, ce livre que vous tenez entre vos mains, ce n'est pas moi qui l'ai écrit ». Poste Mortem est le roman de Simone Dubois, l'histoire d'une vie de chéquarde.

Simone Dubois, c'est une petite bonne femme qui atteint la cinquantaine, célibataire, qui a passé l'ensemble de sa carrière professionnelle dans cette institution du service public. Célibataire, mais pas vieille fille… Simone aime les hommes ; elle les collectionne même, au point d'en avoir assassiné une bonne dizaine…
Ainsi se résume son existence. Quoique "résumer" ne soit pas vraiment le terme qui convienne au cas de Simone. Car elle aime bien raconter en détail, Simone, et c'est d'ailleurs ce qu'elle fait, imposant à son otage ligoté le récit de sa vie, de ses meurtres.
Jean-Jacques Reboux compose une confession/monologue de haute voltige, avec une Simone qui n'a pas la langue dans sa poche. Un débit de mitrailleuse lourde qui harcèle d'humour cinglant le pauvre ministre, Dominique Strauss-Kahn. Simone raconte la Poste, son histoire de femme seule, les années Mitterrand (le roman débute à la mort du Président alors qu'elle vient d'assassiner Bousquet ; non… pas René… Jean-Paul Bousquet). On est dans le tragi-comique, partagé entre le rire et les larmes, car Simone est un serial killer sympathique, et Poste Mortem apparaît, dans sa première partie, comme si Un Tueur sur la Route d'Ellroy avait été revisité par Mister Bean…

Mais voilà, le compte à rebours s'égrène, les morts pleuvent, et petit à petit on ne sait plus si Simone est une meurtrière, une victime, une affabulatrice ou une schizophrène… Jean-Jacques Reboux brouille adroitement les pistes et le décompte s'inverse. Simone est aussi une menteuse :

(…) j'arrête pas de mentir, j'ai pas de honte à ça, j'aime ça, mentir, c'est ma seule passion, c'est comme ça que j'arrive à pas devenir dingue (…)

Jean-Jacques Reboux a une immense tendresse pour le personnage de Simone Dubois, tendresse contagieuse, même s'il vaut mieux ne pas avoir affaire à elle directement. Il signe là une sorte de thriller démonté, puis recomposé par les mains "dérangées" de son personnage, se moquant au passage gentiment du genre. L'humour, omniprésent, dans le texte, dans la langue, le vocabulaire, les situations, n'empêche pas une profonde noirceur de poindre. La vie de Simone est aussi faite de misère et de solitude. Enfin, s'il n'est pas, loin s'en faut, un essai politique, Poste Mortem porte en lui, en filigrane, le constat d'une évolution du service public selon les socialistes et reste, aujourd'hui comme hier, d'une actualité brûlante.
Il y a là tous les ingrédients d'un excellent polar.


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Dans la même veine tragico-burlesque, n'hésitez pas et jetez vous sur De Gaulle, Van Gogh, ma Femme et Moi.

Le début...

Les dix premières lignes...

Train Corail Caen-Paris, 8 heures 27.

— Allô ! Je suis bien sur le téléphone portable du brigadier Marelle ?

— Affirmatif. Qui êtes-vous monsieur ?
— Je vous appelle du hameau La Genestais, à Saint-Martin-des-Besaces…
— Oui… Et que se passe-t-il au hameau La Genestais ?
— Il se passe de drôles de choses, brigadier…
— Mais encore ?
— Des choses pas très belles, brigadier…
— Oui, bon, ça va ! C'est une farce ou quoi…
— Meuh non c'est pas une farce qu'est-ce tu crois ?
— Allô ! Qui est à l'appareil ?
— C'est-u-ne-sur-pri-seuh… chantonna la voix (…)


La fin...

Quatrième de couverture...

Simone Dubois, 54 ans, célibataire, mangeuse d'hommes et dévoreuse de vies humaines, déteste Mitterrand, les chefs, le travail à la Peste, la plupart de ses collègues chéquardes et la race humaine en général.
Quand la terreur des Chèques Postaux raconte sa vie à son ministre de tutelle ficelé sur une chaise en le gavant de marijuana, cela donne Poste Mortem, un polar brindezingue 100% PTT, par un auteur qui a longtemps traîné ses guêtres aux Chèques Postaux.


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

Jean-Jacques Reboux










Edition(s)...

Informations au survol de l'image...

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Du même auteur...

Bibliographie non exhaustive... Seuls sont indiqués ici les ouvrages chroniqués sur le site.

Le Massacre des Innocents De Gaulle, Van Gogh, ma Femme et Moi Vladimir Moldevoï est Toujours Vivant Je Suis Partout