Gallimard / Série Noire - Novembre 2007
Tags : Roman noir Truand Quidam France Années 2000 Populaire Original Entre 250 et 400 pages
Publié le : 13 décembre 2007
Félix se rend dans le nord de la France, dans un bled paumé et oublié des cartes routières, pour y enterrer son « tonton ». Il a hérité de lui, il est sa seule parenté. Dans l’héritage, il y a la maison de son enfance, dans ce bled paumé. Un poids ou une chance de repartir de zéro quand on est au bout du rouleau ? Certainement une seconde chance, mais une chance risquée.
En effet, lors de ses soirées de bistrot, de celles dans lesquelles on se noie dans la bière fade pour tenter d’oublier son malheur, il a rencontré Simon. Ancien taulard, plutôt doué pour monter des coups, mais pas assez pour rester dehors pour profiter du butin, il a saisi que la situation de Félix pouvait lui offrir une opportunité de se refaire. Simon réunit une équipe pour monter un braquage. La maison servira de couverture au coup : ils vont se faire un convoi de fonds.
C’est du roman noir ! Très noir et corsé, comme l’expresso du matin ! Cette histoire de braquage qui foire est en fait un prétexte pour l’auteur. Il nous sert en fait une chronique sociale. Sur deux époques. Contemporaine tout d’abord, avec ce village perdu, aux maisons murées, plus de commerces, déserté par les jeunes, la grève des convoyeurs de fonds qui se font attaquer aux armes lourdes et qui se transforment en chair à canon d’une guerre qu’ils ne comprennent pas.
Plus historique ensuite. En visitant la maison, Félix tombe sur de vieux articles de journaux conservés par son oncle. Ils parlent des expulsions de mineurs polonais que l’État français de l’époque renvoie chez eux pour favoriser l’emploi national. Cette main d’œuvre pas chère et dure au labeur que la France a accueilli après la Guerre pour remonter la pente est sacrifiée. L’histoire d’une jeune polonaise, Anna, retient son attention. Il va essayer de retrouver sa trace.
Ce n’est donc pas tant la réussite ou non du braquage qui tient en haleine. On sent d’ailleurs dès le début qu’il est voué à l’échec tant les membres de l’équipe sont à la peine. C’est plutôt le retour à la vie de ce village et la résolution de la disparition de la jeune polonaise qui tient le roman. Pécherot met de la poésie mais aussi de la hargne (contre le système de l’époque et actuel) dans sa plume. Un curieux mélange de « c’était mieux avant » et de « tout est foutu, tout doit disparaître ». Un bon roman, rapide, aux chapitres courts, qui aurait mérité plus de profondeur dans le traitement des deux histoires.
Quelques pistes à explorer, ou pas...
Du même auteur, sa très talentueuse trilogie sur le Paris populaire de l’entre-deux-guerres : Les Brouillards de la Butte (Grand Prix de Littérature Policière 2002), Bellevile-Barcelone et Boulevard des Branques.
Les dix premières lignes...
Le bruit d’une fleur ?
Son regard était compatissant. Un brave type. On le voyait à la façon qu’il avait de hocher la tête. Genre Oui-Oui, le lutin des petits bouquins. Le bruit d’une fleur, ça lui en bouchait un coin, mais il s’en serait voulu de me contrarier dans un moment pareil.
— Bien sûr, il a dit en capuchonnant son stylo, je comprends.
Il ne pigeait rien et il s’en foutait, mais c’était gentil de faire comme si. Il avait du métier, on le sentait. Tout en tact et en retenue. Je me suis levé et on s’est serré la main (…)
À travers la vitrine ruisselante de pluie, il m’a fait un dernier signe de la tête. Comme un on se reverra, plein de soupirs désolés. Je n’étais pas pressé. J’ai remonté mon col. Sous la flotte, l’enseigne dégoulinait. Pompes funèbres générales (…)
Quatrième de couverture...
Dans une ville à l’abandon, quatre hommes, éternels perdants, préparent l’attaque d’un fourgon blindé. Il y a Félix, éreinté par la vie, Simon, le truand sur le retour, Brandon, le rappeur autiste, et Zamponi, l’artisan lessivé. Ils jouent leur dernière carte. Leur plan ? Se fondre dans le décor. Ravaler au grand jour la maison d’un oncle défunt. Mais la poisse les poursuit. La grève des convoyeurs les prend de vitesse. La presse s’en mêle, les curieux rappliquent, un restaurant déserté retrouve une jeunesse… Tandis que les braqueurs rongent leur frein, la ville renaît. Les fantômes du passé entrent dans la danse, apportant avec eux une mémoire oubliée : un amour fou, une mystérieuse disparition et le sort tragique des émigrants polonais, expulsés de France dans les années trente. Quand les fils du destin s’enchevêtrent, le bal des « pas-de-chance » est ouvert…
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...