Jazz me Blues

Ouvrage Collectif

Moisson Rouge - Avril 2009

Tags :  Roman noir Nouvelles Quidam Entre 250 et 400 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 21 juin 2009

La musique adoucit les mœurs…
Tu parles ! Pas ici en tout cas, pas au sein de ces nouvelles regroupées à l'initiative de Jean-Paul Gratias, traducteur émérite de romans noirs et grand amateur de jazz.
La musique, et plus particulièrement le jazz et le blues, sont au cœur de cette anthologie organisée. On démarre en fanfare aux Etats-Unis en compagnie de Davis Grubb (l'auteur de La Nuit du Chasseur) avec un vibrant hommage à Strange Fruit, chantée par Billie Holiday.

Celle qui m'a vraiment accroché, c'est la chanteuse. Son nom, je m'en souviens comme si c'était hier. Billie Holiday. Elle prenait un malin plaisir à me rendre fou. Elle chantait aux Trois Diables, un petit club. Pour y obtenir une table, il fallait soudoyer grassement le serveur, mais bon sang, ça en valait la peine. Je serais incapable de vous décrire l'émotion que sa voix me procurait. C'était un peu comme une érection, mais tout en douceur. Une érection du cœur, pour ainsi dire.

Vivrant hommage, parce que la passion est évidente, mais douloureux souvenir aussi puisqu'en ces temps où naissait le jazz dans le sud des Etats-Unis, racisme et discrimination faisaient rage, même lorsque la musique, telle un clavier, rassemblait les noirs et les blancs. Les premiers pensaient réussite quand les seconds entendaient plaisir.

Charles Beaumont entre en scène pour étoffer ce portrait des débuts du jazz, de la naissance d'une "autre" musique.

On jouait surtout pour la femme seule au bout du bar, celle qui a trop de maquillage ou trop de kilos. Ou pour le petit gars qui ne danse pas et dont on dit qu'il n'aime pas les filles, sauf que les filles, il en est fou, mais il a la trouille de ce qui va se passer s'il les approche de trop près. On jouait pour les petites maigres à grosses lunettes et les grosses au cul trop petit, et pour ce loser bourré comme un coing, qui a déjà dit au revoir à tout ça.
Des hommes du blues.

Passion et désespoir…

Et puis, comme une compagne éternelle, une ombre derrière la partition, inséparable, la drogue. Que ce soit dans les années trente, dans les années cinquante, soixante, elle est omniprésente, mortelle, ravageant les rangs des musiciens et, parfois, les inspirant.
Sur le même schéma, on se rapprochera de temps plus "modernes" avec Phil Moody, pour enfin traverser l'Atlantique et atterrir à Londres en compagnie de John Harvey, dans les années cinquante. De Londres à Paris, il n'y a qu'un pont…
On s'approche d'aujourd'hui, et c'est Marc Villard qui offre sa plume nerveuse, rapide, avant de laisser place à l'écrivain-musicien Bob Garcia (tintinohile holmésien averti et néanmoins contrebassiste) qui laissera le musicien-écrivain Laurent de Wilde (pianiste) conclure.

Au fond, c'est toute la passion suscitée par le jazz qui ressort à la lecture, passion hier, passion aujourd'hui. Le jazz y apparaît comme une maîtresse exigeante, toujours en quête d'absolu, qui ne pardonne ni les faux pas, ni les fausses notes et, insatiable, aspire la moelle de qui se donne à elle.
À lire en musique bien sûr…


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Pas d'idée à vous proposer, sinon celle d'explorer plus avant les auteurs proposés par Jean-Paul Gratias.

Le début...

Les dix premières lignes...

Ma vie est un roman noir…
Ils sont nombreux, les musiciens de jazz et de blues qui pourraient reprendre cette formule à leur compte. Ne dressons pas un inventaire de destins tragiques, citons simplement Charlie Parker, Billie Holiday, Bix Beiderbecker, Chet Baker, art Pepper, dont l'autobiographie est terrifiante. Il n'est donc pas étonnant que les romanciers aient trouvé là une source d'inspiration (…)


La fin...

Quatrième de couverture...

« Ciprio Africanus Bellwether était un génie. Il jouait de la trompette. Il était noir. Je ne veux pas dire café au lait, ni sépia, ni mulâtre, ni octavon. Je veux dire noir. D'un noir luisant, comme celui d'un chapeau de magicien en soie. Je ne pense pas qu'on eût pu trouver une seule goutte de sang blanc dans sa généalogie. Il est mort, aujourd'hui. Et nous ne verrons plus et n'entendrons plus jamais quelqu'un jouer comme lui. Peut-être est-ce pour le mieux. Car on le tuerait très certainement, de la même façon qu'on a tué Ciprio. Moi, Buster, Red, Chuck et Merle. Et vous. »

« Ma vie est un roman noir », auraient pu dire beaucoup de musiciens de jazz et de blues. Mauvais genres, longtemps marginalisés, le polar et le jazz étaient décidément faits pour se rencontrer.
De cette connivence est né ce recueil, qui propose quatorze superbes nouvelles noires inédites où le jazz et le blues sont de véritables personnages.

À l'affiche du festival, organisé par Jean-Paul Gratias :
Charles Beaumont, Michel Boujut, Bob Garcia, Davis Grubb, John Harvey, Jake Lamar, Bill Moody, James Sallis, Nathan Singer, Marc Villard et Laurent de Wilde.


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

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Réédition

Du même auteur...

Bibliographie non exhaustive... Seuls sont indiqués ici les ouvrages chroniqués sur le site.

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