Vingt Mille Vieux sur les Nerfs

Jean-Paul Jody

Baleine - Février 2010

Tags :  Roman noir Polar politique Polar social Quidam Paris Années 2000 Moins de 250 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 13 juin 2010

Gabriel a ses habitudes… et lorsqu'elles ont tendance à disparaître, il part en croisade. Il est temps pour lui de sauver l'existence du plat qui a donné son nom au repaire tenu par son ami Gérard, mais que ce dernier a décidé d'oublier pour cause de non rentabilité. Un véritable affront.
Alors Le Poulpe rameute ses amis, les amateurs de recettes à l'ancienne. Et ce sont quelques ancêtres qui chaque mercredi se regroupent à la Sainte Scolasse pour y déguster le pied de porc. D'ailleurs, ça tombe plutôt bien pour lui : Cheryl le délaisse pour un regain d'intérêt pour l'actualité. Enfin, l'actualité… celle de la grand-messe du vingt heures.

Une nouvelle habitude est prise. Et voilà qu'à force de se retrouver, d'échanger, ce vieil aréopage voudrait remettre le couvert. Tous ces militants d'un autre âge, entre coco et anar, qui voient bien que le monde n'a pas changé, voudraient encore se battre. Peut-être même de manière beaucoup plus radicale que par le passé.
La première cible concerne la défense des baleines et sera incarnée par l'ambassadeur du Japon en France…

Le Poulpe vieillit sous la plume de Jean-Paul Jody. Les années passent et le voilà qui s'interroge sur son âge, sur le temps qui défile et laisse ses traces sur les corps.

— Comment sait-on qu'on est devenu vieux ? demande le Poulpe.
— Quand on n'arrive plus à se couper les ongles de pied tout seul.

Perdu dans ses pensées, Gabriel fait dans la nostalgie, cherche à ressusciter comme une vieille recette d'enfance, un repère, une madeleine à l'odeur de pied de porc… et, sans le savoir, se fait dépasser par l'arrière ; par plus vieux que lui.
Les vieux militants qu'il convoque autour de la table ont la révolte et la colère tenaces. Ils ont aussi de la mémoire.

Après la guerre de 40, les résistants se sont démenés pour bâtir un monde nouveaux, plus juste. Le Conseil national pour la résistance a mis en place la Sécu, les caisses de retraite, la sécurité de l'emploi, la réglementation du travail et des licenciements… La première mouture du projet s'intitulait "Les jours heureux". Aujourd'hui le gouvernement envoie à la casse tout ce qu'ils ont construit. Et t'avoueras que les jours ne sont pas très heureux.

Gabriel Lecouvreur n'est ici qu'un spectateur, après avoir tenu le rôle du déclencheur. D'un côté Chéryl lui annonce les attentats qui font le sommaire du journal télé et voient disparaître un jour un directeur de banque, un autre un entrepreneur ; de l'autre il constate la disparition tragique de ses amis gastronomes.
Le Poulpe a trouvé plus anar que lui…
Jean-Paul Jody trouve ici un juste milieu pour évoquer les coupes sombres des libéraux dans les acquis sociaux et leurs conséquences. L'absence de réaction de tout à chacun, la résignation. Le pendant est cette bande de militants d'un autre temps qui, avant de passer l'arme à gauche (forcément à gauche…), s'offre de montrer la voie de la vigilance dans un dernier baroud d'honneur. Ceux qui voulaient un monde meilleur et ont vu leurs rêves brisés n'ont pas dit leur dernier mot.

Les Japonais se font Hara Kiri pour éviter le déshonneur… On a perfectionné le truc. Comme qui dirait, on sauve l'honneur de la France.

Un excellent épisode du Poulpe qui, malgré son apparente apathie, retrouve ici quelques couleurs. Du rouge… et du noir…


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Quelques pistes à explorer, ou pas...

Sur le thème des "dernières volontés", Françoise Laurent a précédé Jean-Paul Jody sur un sujet approchant dans son roman Dolla. Si ici ce sont les acquis du Conseil de la résistance qui sont foulés au pied, là il s'agissait plutôt des idéaux soixante-huitards.

Le début...

Les dix premières lignes...

C'est le matin, tôt.
Le ciel rosit à peine derrière les montagnes. L'heure de la traite. Baptiste porte sa combinaison d'agriculteur, la même depuis quinze ans, et se grosses bottes de caoutchouc. Il a 85 ans, la ferme ne rapporte plus, la grande distribution achète trois sous ce qu'elle revend dix fois plus cher. Son fils n'en peut plus, ruiné par les exigences européennes et les crédits de la banque verte qui fait des affaires à Singapour avec l'argent des paysans, il parle de tout faire péter. Il en parle seulement (…)


La fin...

Quatrième de couverture...

Plus de pied de porc au menu du Pied de porc à la Sainte Scolasse ! Un comble ! Un scandale !
Pour obliger le bistrotier à leur préparer sa spécialité une fois par semaine, Gabriel fait appel au vieux Gaspard et à ses copains, et constitue au pied levé un commando d'anciens militants de ce plat et dur reste. Les aïeux qui croupissaient dans leurs maisons de retraite ont beau vieillir, l'appétit et les colères restent intacts.
Retrouvailles, ripailles… mais bien vite pagaille et deuil quand, un à un, les petits vieux sont emportés, victimes collatérales d'attentats orchestrés par de mystérieux révolutionnaires qui ont décidé de faire la révolution dans le sang et la terreur.
Des morts, des bombes, des terroristes, des attentats… Du travail pour le Poulpe !


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

Jean-Paul Jody










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