Tokyo Année Zéro

David Peace

Rivages / Thriller - Décembre 2007 - Traduction (anglais) : Daniel Lemoine

Tags :  Roman noir Roman historique Flic Japon Années 1940 Original Entre 250 et 400 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 13 mai 2008

Après deux romans indépendants, sans lien avec aucun autre, GB 84 et The Damned United (dont la traduction française va enfin sortir dans les jours qui viennent sous le titre 44 Jours), David Peace renoue avec la série. Après son quartet autour de l’étrangleur du Yorkshire, le Red Riding Quartet, il entame une trilogie sur le Japon au lendemain de la deuxième guerre mondiale. Le Japon qui va se reconstruire et qui vient de subir une défaite qui l’a terrassé, complètement laminé de l’intérieur.

Le jour où l’empereur s’apprête à faire une déclaration radiodiffusée, l’inspecteur Minami se rend dans un entrepôt où l’on a trouvé le cadavre d’une femme. La résolution de l’affaire ne traîne pas. Baclée et sordide.
Un an plus tard, tandis que tout le monde tente de survivre dans un pays dévasté, on découvre de nouveau le cadavre dénudé d’une femme. Et non loin de là, le squelette d’une autre.
L’inspecteur va tout entreprendre pour que la vérité surgisse. Il n’a pas le choix, si son équipe ne parvient pas à découvrir le coupable, le déshonneur risque de les poursuivre.

David Peace nous décrit un pays détruit dont la reconstruction risque de prendre du temps. La destruction n’est pas que physique, elle ne concerne pas que les villes et leurs bâtiments, elle est aussi morale, la population n’est plus ce qu’elle était. Elle se bat pour survivre, pour surmonter tout ce qu’elle a subi. Les anciens tortionnaires se cachent, plus personnes n’est ce qu’il a été, les indentités, les esprits, ont changé.
David Peace plonge dans un fait divers authentique, il s’en inspire pour nous décrire un pays au bord de l’abîme, un pays qui après avoir été dominateur, tortionnaire, n’inspire aucune pitié. Un pays qui ne sait plus où il en est, un pays déboussolé. Son personnage principal, l’inspecteur Minami est perdu. Il essaie de se démener mais comment résoudre un meurtre quand ses compatriotes tombent comme des mouches, quand l’air vicié qui envahit les villes transporte des virus qu’il vaut mieux ne pas respirer. Tout cela peut rendre fou.

Le style de David Peace est toujours aussi personnel, unique. L’histoire est racontée à la première personne, vue par le personnage principal, l’inspecteur Minami. Nous suivons l’intrigue et les errements intérieurs de Minami en même temps, au bord de la folie en permanence. Le style de Peace est fait de répétitions, Minami ressasse en boucle les mêmes réflexions. Peace joue avec la typographie, les italiques alternent avec une police classique. Pour cette nouvelle série, dans un nouveau pays, l’évolution la plus visible est l’utilisation des sons tels qu’ils sont retranscrits dans les mangas. Une partie du vocabulaire nécessite ainsi une adaptation. Il n’est, de toute façon, pas facile de s’habituer à ce style. Il peut agacer, énerver et pousser à renoncer à la lecture des romans de l’auteur britannique. Si vous réussissez à vous y faire, à l’adopter, vous pourrez goûter le plaisir particulier qu’offrent ses romans. Un plaisir d’autant plus fort qu’il se mérite… Peace est un auteur important, un auteur à côté duquel il ne faut pas passer sans avoir tenté de le lire.

Ce premier opus laisse penser que cette série ne sera pas loin du niveau de son Red Riding Quartet (composé des quatre romans que sont 1974, 1977, 1980 et 1983), un (demi-)ton en dessous peut-être.


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Je ne connais pas d’équivalent au style radical de Peace. Si vous le découvrez par ce roman, reportez-vous à son quartet dont je parle plus haut, lisez GB 84 et patientez en attendant la suite.
Un autre auteur britannique a adopté le Japon pour l’un de ses romans noirs, Mo Hayder, avec Tokyo.
Pour le reste, retournez vers les grands auteurs pour éviter une chute trop vertigineuse.

Le début...

Les dix premières lignes...

Tokyo, 32°, beau

« Inspecteur Minami ! Inspecteur Minami ! Inspecteur Minami ! »
J’ouvre les yeux. Hors de rêves qui ne m’appartiennent pas. Je me redresse sur ma chaise, derrière mon bureau. Des rêves dont je ne veux pas. Mon col est mouillé, mon costume tout entier humide. Mes cheveux me démangent. Ma peau me démange…
« Inspecteur Minami ! Inspecteur Minami ! »
L’inspecteur Nishi décroche les rideaux du black-out, des rais lumineux et chauds d’aube et de poussière emplissent le bureau alors que le soleil se lève derrière les fenêtres zébrées de papier collant (…)


La fin...

Quatrième de couverture...

Août 1945. Tokyo n’est plus que ruines. Les immeubles sont éventrés, les canalisations ont explosé, les habitants se sont réfugiés dans des abris de fortune, l’empereur va signer la capitulation. Dans cette atmosphère de fin du monde, l’arrivée d’une dépêche au bureau de la Première Division criminelle passe presque inaperçue. Qui s’intéresse à la présence d’un corps de femme dans un dépôt de vêtements de l’armée ? L’inspecteur Minami se charge de l’enlèvement du cadavre. Ce qu’il ne sait pas encore, c’est que cette macabre découverte n’est qu’un prélude.
Un an plus tard, les jeeps des Vainqueurs sillonnent la capitale d’un pays toujours exsangue. Le 15 août 1946, un cadavre de femme est signalé dans le parc de Shiba. Au cœur d’une clairière, gît une jeune fille âgée d’une vingtaine d’années ; un morceau de tissu rouge lui enserre le cou. Dépêché sur les lieux, Minami fait les premières constatations et ne tarde pas à découvrir un second corps, presque réduit à l’état de squelette. C’est le début d’une affaire qui, pour l’inspecteur, prend aussi la forme d’une quête de sa propre identité, perdue dans le désastre de la guerre.


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

David Peace










Edition(s)...

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Réédition Réédition poche

Du même auteur...

Bibliographie non exhaustive... Seuls sont indiqués ici les ouvrages chroniqués sur le site.

1974 1977 1980 1983 44 Jours : the Damned United M comme Menace