Rivages / Thriller - Avril 2004 - Traduction (anglais) : Daniel Lemoine
Publié le : 1er décembre 2006
David Peace en remet une couche. Il nous assène encore ses coups de boutoir. Sans ménagement. Sans se soucier des dégâts…
Il y a décidément quelque chose de pourri au royaume d'Angleterre, quelque chose de pourri dans le Yorkshire. Quelque chose de pourri dans l'âme humaine, la folie lutte pour prendre le dessus. Et elle y parvient si facilement. Et chaque jour, chaque homme se bat pour ne pas sombrer. Ou sombrer le plus tard possible. Mais c'est une lutte titanesque, perdue d'avance, une lutte qui fait des dégâts, qui laisse des traces. L'écriture de David Peace en témoigne.
L'éventreur du Yorkshire est toujours là, 1974 n'a été qu'un épisode de son sanglant parcours. Jack Whitehead et le sergent Fraser, personnages secondaires de l'opus précédent, occupent le premier plan. Et le sordide voyage reprend. Le sordide voyage dans les meurtres qui ont jalonné 1974, dans ceux qui ont effrayé l'Angleterre depuis. Le récit est ponctué d'extraits du John Shark Show, une émission radio dans laquelle des auditeurs interviennent, et ça ne rassure pas. On hallucine, on se bat soi-même avec sa folie pour aller jusqu'au bout d'un voyage qui remue, touche, bouscule, triture ce qu'il y a de plus profondément ancré en vous. Personne n'est épargné…
David Peace éclate les points de vues, laisse son style évoluer encore. Il répète, ressasse, ne s'embarrasse pas avec ce que ses prédécesseurs avaient apporté à la littérature. Ou alors, si, il prend ce qui existait déjà et le triture, le torture, le chamboule et fait exploser ce que l'on connaissait. C'est un plaisir, une souffrance… Douloureux et grand.
Accrochez-vous, vous ne le regretterez pas !
Le voyage n'est pas fini.
Quelques pistes à explorer, ou pas...
La suite du Red Riding quartet, 1980 puis 1983. Et GB 84 qui raconte les grandes grèves de 1984 en Angleterre.
Ceux qui ont influencé son style, Hemingway, Chandler, Hammett. Et puis Ellroy, Burke, Robin Cook ou Ted Lewis, auteurs que Peace cite volontiers (notamment dans un excellent entretien accordé à L'Ours Polar n°36/37 de juillet 2006).
Les dix premières lignes...
Leeds.
Dimanche 29 mai 1977.
Ça recommence :
Quand les deux sept s'entrechoquent…
Brûler du caoutchouc banalisé dans une aube torride de plus, jusqu'à un parc antique et sa mort secrète, de Potter's Field à Soldier's Field, les parcs livrent leurs fantômes, ça recommence.
Dimanche matin, vitres baissées et encore une journée de canicule, boîte à lettres rouge trempée de sueur, chiens aboyant au soleil levant (...)
Quatrième de couverture...
Sept, le chiffre de l'apocalypse. 1977, l'année du jubilé d'argent et de l'éventreur de Yorkshire.
Deuxième volet de la tétralogie du Yorkshire, 1977 est une ode funèbre, une quête désespérée du sens. Malgré sa noirceur, on le dévore avec passion car l'auteur est, avec Robin Cook, le seul romancier britannique qui ose dépeindre le mal dans les couleurs les plus extrêmes pour réveiller les consciences endormies. Comme dans 1974, on trouve des personnages puissamment campés, un rythme hallucinatoire, mais aussi l'émotion au fond du désespoir. Les cauchemars de David Peace ne sont pas des élucubrations, ils sont l'expression d'une lucidité terriblement aiguisée et d'une remarquable personnalité d'écrivain.
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...