Rivages / Thriller - Janvier 1999 - Traduction (anglais) : Mona de Pracontal
Tags : Roman noir Roman d'enquête Crime organisé Détective privé Boston Années 1990 Entre 250 et 400 pages
Publié le : 31 août 2005
Patrick Kenzie se rend au bar du Ritz-Carlton à Boston où il doit rencontrer un
trio de politiciens faisant appel à ses services de détective privé. Il
y a là, notamment, le sénateur Sterling Mulkern, espèce de ponte du
Massachussetts, aussi indéboulonnable que raciste, accompagné de son
bras droit et homme à tout faire, lui-même sénateur : Brian Paulson.
Ces deux-là ont trempé dans la préparation d'un projet de loi qui doit
venir prochainement en discussion à la Chambre ; une préparation en
forme de lobbying, à la limite de la légalité, mais qui a laissé
quelques traces qui ont malencontreusement disparues en même temps que
la femme de ménage noire s'occupant des bureaux, Jenna Angeline.
C'était il y a neuf jours...
Patrick Kenzie est associé dans son entreprise à Angie Gennaro. Entre eux, c'est une
histoire qui remonte à l'enfance, au même quartier, une amitié qui n'a
pas eu à pâtir d'être consommée dans un lit et a donc perduré. Pour
l'heure, nos deux détectives s'attachent au dossier de Jenna et à ces
fameux documents qu'ils sont censés retrouver. Kenzie visite son
appartement qui a été "retourné" par un certain Rolland à la réputation
de méchante teigne tandis qu'Angela explore la côté administratif de
leur cliente...
Première apparition, dans l'œuvre de Dennis Lehane, du couple de détectives
Kenzie / Gennaro qui mène ses enquêtes avec en toile de fond la ville
de Boston. Les voilà confrontés en premier lieu au sénateur Mulkern,
politicien véreux, corrompu, pour qui tout s'achète, tout se vend, à
condition d'y mettre le prix. Aucun respect, aucune valeur, si ce ne
sont celles du pouvoir et de l'argent. Politicien qui tient également
les rennes de Boston, ville au racisme latent, "ordinaire", où un
journaliste est un héros lorsqu'il s'attaque aux gros bonnets de la
politique et les maltraitent, mais devient un provocateur dès lors que
sa photo est publiée sous sa signature et qu'elle présente le visage
d'un noir...
Dennis Lehane décrit avec une grande justesse un même quartier de Boston, sa partie blanche, sa
partie noire. Dans la première on découvre des gens qui ont choisi
d'habiter là, pour la communauté, pour l'ambiance, pour la solidarité,
pour la famille. Un quartier quadrillé par ses églises où chaque pâté
de maisons est une paroisse, où on côtoie souvent la pauvreté mais
jamais la misère. Dans la seconde, celle où se cache la misère, ce ne
sont que rideaux définitivement baissés sur des commerces mitraillés,
jardins publics laissés à l'abandon, voirie pas entretenue ; on habite
ici parce qu'on n'a pas le choix d'aller ailleurs. Violence,
désœuvrement sont le pain quotidien.
À travers ses personnages, Lehane décrit la vie autour de lui, de ses héros,
quelque chose de pas très reluisant, plutôt gris, plutôt terne, et qui
ne fait pas vraiment envie : "c'est un endroit où les gens
s'estiment heureux qu'il y ait des saisons, car au moins ça confirme
que le temps passe véritablement".
Il y a comme une urgence dans l'écriture de Lehane, elle traverse sa plume et
s'inscrit sur le papier, clairement, au vu et au su de chacun.
Impossible de passer à côté :
- Il y a beaucoup de choses à haïr dans la vie.
- Je le sais. Croyez-moi je le sais. On dirait qu'il y en a tellement qu'il faut en quelque sorte faire un choix. Gagner ce qu'on déteste, je suppose.
Un roman sombre en forme de cri, portant un constat lucide et accablant du
racisme ordinaire made in USA. Une ville, un pays, où la mixité sociale
reste encore à inventer, si tant est qu'elle existe ailleurs... Sans
oublier une intrigue foisonnante, servie par un couple de détectives
attachants, aux personnalités complexes, qu'on sait déjà retrouver
bientôt avec grand plaisir.
Quelques pistes à explorer, ou pas...
Si ça n'est pas déjà fait, je pense que les autres "épisodes" mettant en
scène le tandem Patrick Kenzie / Angela Gennaro devraient vous combler. N'oubliez pas non plus le fameux Mystic River.
À propos du racisme aux États-Unis, je ne peux que vous conseiller le roman de George Pelecanos, Blanc comme Neige.
Les dix premières lignes...
Le feu fait partie de mes tout premiers souvenirs.
J'ai regardé Watts, Detroit et Atlanta brûler au journal du soir, j'ai vu
des océans de mangroves et de palmiers partir en fumée de napalm en
entendant Walter Cronkite parler du désarmement latéral et d'une guerre
qui avait perdu sa raison d'être.
Mon père, qui était pompier, me réveillait souvent la nuit pour que je puisse
regarder aux nouvelles les dernières images des incendies qu'il avait
combattus. Je sentais son odeur de suie et de fumée, les odeurs
épaisses de l'essence et du cambouis, et pour moi, assis sur ses genoux
dans le vieux fauteuil, c'étaient des odeurs agréables (...).
Quatrième de couverture...
Amis depuis l'enfance, Patrick Kenzie et Angela Gennaro sont détectives
privés. Ils ont installé leur bureau dans le clocher d'une église de
Boston. Un jour, deux sénateurs influents les engagent pour une mission
apparemment simple : retrouver une femme de ménage noire qui a disparu
en emportant des documents confidentiels.
Ce que Patrick et Angela vont découvrir, c'est un feu qui couve "en
attendant le jet d'essence qui arrosera les braises". En attendant la
guerre des gangs, des races, des couples, des familles.
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...