L’Étendard Sanglant est Levé

Benjamin Dierstein

Flammarion - Septembre 2025

Tags :  Roman noir Roman historique Polar politique Flic Service secret France Années 1980 Plus de 400 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 18 octobre 2025

Recommandé Le prologue de ce second volet nous en apprend un peu plus sur Vauthier, le mercenaire, ex-para, reconverti dans la nuit parisienne : en 1965 il est au Congo, avec déjà du sang sur les mains. Un sang qui le poursuivra longtemps.
Puis retour en 1980 en compagnie de Gourvennec, officiellement viré de la police, mais officieusement infiltré au sein des mouvances d’extrême gauche afin d’y débusquer le fameux, mystérieux et insaisissable Geronimo. Douze ans ont passé depuis que cet homme l’a blessé — lui qui n’était alors qu’un bleu-bite — et tué son chef, mais la traque continue. Pourtant, c’est vers Action directe que se situe la priorité du moment et Gourvennec se retrouve chargé par son officier traitant aux RG, Jacqueline Lienard, d’approcher au plus près Rouillan et Ménigon. Geronimo étant le fournisseur en explosifs de nombre de groupuscules terroristes, l’idée est de placer Gourvennec, formé sur ce sujet, dans le circuit, au plus près des transactions.
Paolini, ancien collègue de promo de Lienard et désormais à la BRI est également sur la piste.
Quant à Vauthier, qui connaît la véritable identité de Geronimo et est censé le manipuler malgré sa dangerosité, sa véritable cible, celle de ses chefs, c’est Khadafi.

Benjamin Dierstein est un auteur qui a du souffle. Il le prouve encore magistralement avec le second volet de sa trilogie — la parution du dernier tome est prévue pour début 2026 — mêlant adroitement fiction et contexte historique autour des années quatre-vingt en France.
On retrouve ici les quatre personnages principaux imaginés par l’auteur pour offrir un cadre romanesque à son portait d’une époque durant laquelle la France allait se voir confrontée à de grands bouleversements. Personnages qui se mêleront adroitement à d’autres, bien réels et bien connus.
Concentré autour des services de police, le récit s’attache dans un premier temps à la traque du trafiquant Geronimo, insaisissable et discrète plaque tournante de la fourniture d’explosifs aux extrémistes de tous bords, AD, IRA, FLB, FLNC, FPLP, ETA. Tous les services sont sur les dents, certains depuis longtemps, mais pas forcément tous pour les mêmes raisons. C’est l’occasion pour l’auteur de montrer la guerre interne qui se profile au sein de la police alors qu’approche l’échéance électorale majeure de 1981. Il n’y a pas que dans les urnes que la droite et la gauche s’affrontent.
Et comme un clin d’œil, Benjamin Dierstein intègre dans son récit des retranscriptions d’écoutes, divers rapports confidentiels et autres revues de presse, comme l’avait initié en son temps James Ellroy, dont l’auteur ne renie pas la filiation, bien au contraire.

La police est un attribut du pouvoir et, dès lors que ce dernier change de mains, les nouveaux arrivants n’ont de cesse d’en attraper au plus vite les rênes. L’heure est à la chasse aux sorcières et aux règlements de compte. Dès lors, c’est à un pendant plus politique du récit auquel on assiste avec les balbutiements de l’installation de la gauche socialiste au pouvoir, confrontée aux nombreuses réticences de ceux encore en place.
Benjamin Dierstein nous fait pénétrer un monde trouble et secret, recollant entre eux des morceaux d’actualités disparates et reconstituant les multiples tractations, les embrouilles du moment.
Le terrorisme intérieur se déplace de l’extrême gauche vers l’extrême droite, la police est infiltrée, le SAC vit ses dernières heures et le contre-espionnage français craint que certains ne veuillent s’en prendre au Président, tandis que Khadafi continue de foutre le bordel en Afrique et au Moyen-Orient, que les Palestiniens sont toujours en guerre et que Sadate est assassiné après l’ambassadeur de France au Liban. Une époque formidable…

On n’en a pas fini avec les quatre fantastiques ; il reste un chapitre à écrire, le dernier, même si on a l’impression que Gourvennec, Lienard, Paoli et Vauthier ont déjà vécu mille vies. Près de 1500 pages tournées et on en redemande.
La masse de documentation, citée en fin d’ouvrage, est impressionnante, mais retranscrite à la manière de Benjamin Dierstein, elle n’apparaît jamais indigeste.
James Ellroy nous avait impressionnés avec son American Tabloïd et une plongée mouvementée dans l’histoire américaine, un peu lointaine pour nos yeux européens. Benjamin Dierstein lui rend un hommage appuyé et particulièrement réussi, la proximité temporelle et géographique en plus.

Vivement la suite !


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

La lecture du présent roman ne saurait s’envisager sans celle du premier volet de la trilogie : Bleus, Blancs, Rouges, et en attendant sa conclusion, 14 Juillet, dont la parution est prévue début janvier 2026.

Le début...

Les dix premières lignes...

Jeudi 3 juin 1965
L’étendard français flottait à l’entrée de l’hôtel.
Le corps de Vauthier suintait l’odeur rance de la sueur — celle qui colle aux draps après des journées entières à boire du whisky et baiser.
Celui d’Exaucée sentait bizarrement le shampoing et le parfum bon marché, malgré les nuits passées à lui lécher la chatte.
La piaule qu’il partageait avec elle était une chambre minuscule d’Albertville, dans le sud du Congo, dont les fenêtres donnaient sur le lac Tanganyika — ça faisait désormais plus d’une semaine qu’ils fêtaient ensemble la fin de la saison des pluies.
Le soleil cognait contre les volets. Les moustiques dansaient dans l’air vicié. La radio diffusait des airs de rumba. Les mêmes informations bruissaient sur toutes les stations. Les États-Unis avaient lancé une campagne de bombardement intensif au Nord Vietnam et fait débarquer leurs premières unités au sol. L’URSS avait subi un nouvel échec dans la conquête de la Lune, après la chute de Luna 5. La Chine avait fait exploser sa deuxième bombe atomique. Le Che s’était volatilisé et alimentait les plus folles rumeurs à propos d’un poste de conseiller militaire du Vietcong.


La fin...

Quatrième de couverture...

Janvier 1980. Alors que la France s’enfonce dans la crise économique, les services de police sont déterminés à mettre un visage sur ceux qui importent le terrorisme révolutionnaire dans le pays.
Infiltré auprès d’Action directe, le brigadier Jean-Louis Gourvennec approche un marchand d’armes formé par les services libyens qui affole Beauvau et répond au surnom de Geronimo. Jacquie Lienard, son officier traitant aux RG, tout comme Marco Paolini, un jeune flic tourmenté de la BRI, sont prêts à tout pour localiser et identifier le trafiquant. Les deux inspecteurs concurrents vont rapidement faire face à Robert Vauthier, un mercenaire reconverti en proxénète qui enflamme les nuits de la jet-set parisienne et s’apprête à prendre le chemin du Tchad pour traquer Geronimo. La campagne présidentielle et le retour de Carlos sur le devant de la scène vont plonger ces quatre personnages dans un déchaînement de coups bas, de corruption et de violence dont personne ne sortira indemne.

Le deuxième tome d’une saga historique entre satire politique, roman noir et tragédie mondaine, dont les personnages secondaires ont pour nom Valéry Giscard d’Estaing, François Mitterrand, Charles Pasqua, Tany Zampa, François de Grossouvre, Carlos ou Gaston Defferre.


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

Benjamin Dierstein










Edition(s)...

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Réédition

Du même auteur...

Bibliographie non exhaustive... Seuls sont indiqués ici les ouvrages chroniqués sur le site.

La Sirène qui Fume La Défaite des Idoles Un Dernier Ballon pour la Route La Cour des Mirages Bleus, Blancs, Rouges