Viviane Hamy - Juin 2008
Tags : Roman d'enquête Vengeance Flic Europe Années 2000 Entre 250 et 400 pages
Publié le : 02 septembre 2008
Londres, Paris, Kiseljevo. Un cimetière ; un commissariat et un pavillon de banlieue scène de crime ; un village au bord du Danube et un bois étrange en arrière plan.
Le roman prend son temps, à l’image du commissaire Adamsberg, personnage improbable avec sa lenteur et ses deux montres. L’histoire nous promène et nous intrigue avec son foisonnement de lignes. On s’étonne même qu’elles se rejoignent, tant partir de pieds coupés retrouvés dans leurs chaussures devant un cimetière anglais pour finir sur la mythologie des vampires en Serbie peut étonner.
Fred Vargas est de ces auteurs qui savent donner du goût à des éléments banals. Elle n’oublie pas que les petits rien font beaucoup, joue avec les mots, en allemand et en serbe, et offre un ensemble parsemé de saveurs qui titillent. Les personnages et leurs manies contribuent énormément à captiver le lecteur, du commissaire aux membres de son équipe, de Danglard l’érudit à Estalère le naïf, du vieux Lucio qui gratte sa piqûre d’araignée sur un bras coupé à Josselin l’ostéopathe.
Je rentre dans le droit chemin qui, comme tu le sais, n’existe pas et qui par ailleurs n’est pas droit.
Cette phrase prononcée par Vlad peut illustrer le chemin de Fred Vargas, la construction du roman et de ses personnages : un brin décalé. Il faut accepter la fantaisie, qui n’empêche pas la noirceur sous-jacente, pour apprécier l’univers marqué de l’auteur. Entre modernité et légendes anciennes, secrets de famille et fond de l’âme, Un Lieu Incertain se pose un soir sur la table de chevet et risque de vous accompagner une bonne partie de la nuit, si ce n’est toute, tant le voyage est divertissant et agréable.
Quelques pistes à explorer, ou pas...
Les autres romans de Fred Vargas évidemment. Si les vampires vous attirent, découvrez les déclinés par Richard Lortz dans Les Enfants de Dracula parus chez Rivages.
Les dix premières lignes...
Le commissaire Adamsberg savait repasser les chemises, sa mère lui avait appris à aplatir l’empiècement d’épaule et à lisser le tissu autour des boutons. Il débrancha le fer, rangea les vêtements dans la valise. Rasé, coiffé, il partait pour Londres, il n’y avait pas moyen de s’y soustraire.
Il déplaça sa chaise pour l’installer dans le carré de soleil de la cuisine. La pièce ouvrait sur trois côtés, il passait donc son temps à décaler son siège autour de la table ronde, suivant la lumière comme le lézard fait le tour du rocher. Adamsberg posa son bol de café côté est et s’assit dos à la chaleur (…)
Quatrième de couverture...
— Bien, dit Clyde-Fox en se rechaussant. Sale histoire. Faites votre job, Radstock, allez voir ça. C'est un tas de vieilles chaussures posées sur le trottoir. Préparez votre âme. Il y en a une vingtaine peut-être, vous ne pouvez pas les manquer.
— Ce n'est pas mon job, Clyde-Fox.
Bien sûr que si. Elles sont alignées avec soin, les pointes dirigées vers le cimetière. Je vous parle évidemment de la vieille grille principale.
— Le vieux cimetière est surveillé la nuit. Fermé pour les hommes et pour les chaussures des hommes.
— Eh bien elles veulent entrer tout de même, et toute leur attitude est très déplaisante. Allez les regarder, faites votre job.
— Clyde-Fox, je me fous que vos vieilles chaussures veuillent entrer là-dedans.
— Vous avez tort, Radstock. Parce qu'il y a les pieds dedans.
Il y eut un silence, une onde de choc désagréable. Une petite plainte sortit de la gorge d'Estalère, Danglard serra les bras. Adamsberg arrêta sa marche et leva la tête.
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...