Agullo - Février 2025
Tags : Roman noir Roman historique Polar politique Quidam Liban Années 1980 Entre 250 et 400 pages
Publié le : 18 mai 2025
On prend les mêmes et on recommence...
1983, à Beyrouth, après celui contre l’ambassade américaine, l’attentat qui a visé le Drakkar a fait soixante morts parmi les forces françaises, dont le propre fils du conseiller politique Kellermann.
Personne ne sait d’où est venue l’attaque, pas même les Américains. Iran, Syrie, Libye, Hezbollah, Jihad islamique, toutes les hypothèses sont étudiées, mais laissent les services secrets perplexes. Tout le monde veut cependant venger l’affront, y compris le président Mitterrand. La France va s’engager dans la guerre au Liban.
Ça, c’est la réalité. Côté fiction, puisque le propre de Frédéric Paulin est de mêler intimement les deux, il y a Kellermann, le diplomate et conseiller de l’Élysée qui a perdu son fils, contacté par son ancienne amie libanaise Zia, qui a elle-même participé à l’attentat en recrutant les kamikazes et qui souhaite s’excuser de la mort de Romain, révélant ainsi les instigateurs de l’attaque : le Hezbollah, soutenu par l’Iran. Il y a le commandant Dixneuf, de la DGSE, auprès de qui Kellermann cherche de l’aide pour assouvir sa vengeance. À l’autre bout de l’échiquier, le chiite al-Amine, figure éminente du Hezbollah, désormais une cible à abattre. Et puis la famille Nada, les chrétiens du Liban, dans les sphères du pouvoir ; Édouard à Beyrouth, Michel à Paris, naviguant autour du clan Chirac.
Le décor est planté, les acteurs en place, le jeu de massacre peut (re)commencer.
Le second volet de la trilogie libanaise de Frédéric Paulin démarre après les attentats meurtriers qui ont touché les États-Unis et la France en octobre 1983 sur le sol libanais, jusqu’à la série d’attaques terroristes perpétrées à Paris qui se termine en septembre 1986 par l’attentat de la rue de Rennes devant le magasin Tati.
L’immersion est toujours au rendez-vous et la faculté de Frédéric Paulin de mêler ses personnages de fiction au déroulement de l’Histoire ne se dément pas.
Le conflit au Liban est une absurdité que personne n’arrive à expliquer ou à justifier, il broie les frères d’hier dans un déferlement de violence. Reste qu’à Paris, il s’invite dans les jeux de pouvoir que se livrent la gauche et la droite, Mitterand et Chirac, l’un encore aux manettes, l’autre rêvant de les empoigner. Entre ces deux clans, ce ne sont que magouilles et secrets, machinations, intrigues, mises en œuvre par la barbouzerie plus ou moins légale.
Et pendant ce temps, Action directe déploie ses ailes, le Hezbollah s’engage sur la voie des prises d’otages, quant à l’Iran, soutien plus ou moins opaque de l’une comme de l’autre, il « milite » activement pour que la France respecte ses engagements dans l’affaire Eurodif et rembourse le milliard de dollars au cœur d’un contentieux qui les opposent et dont les conséquences directes se lisent… au Liban.
Rares ceux qui échappèrent à la guerre nous remet en mémoire et en « ordre » tous ces éléments d’actualité qui ont ponctué l’actualité du début des années quatre-vingt, époque où chaque soir, avant le journal télévisé, on pouvait voir défiler les noms et les visages des personnalités « encore » détenues au Liban. Il éclaire le foutoir et tente avec brio, au mieux, de le rendre intelligible. Et du coup, c’est nous qui en sortons plus intelligents. Merci pour ça.
Quelques pistes à explorer, ou pas...
La parution de la conclusion de cette magistrale trilogie est prévue pour la rentrée 2025, toujours chez Agullo, avec comme titre provisoire Que s’obscurcissent le soleil et la lumière.
En ce premier semestre, les auteurs français nous gâtent avec leurs récits au long cours sur fond de contexte historique. La présente trilogie de Frédéric Paulin croise celle entamée par Benjamin Dierstein avec Bleus, Blancs, Rouges. Aussi indispensable l’une que l’autre.
Les dix premières lignes...
La soirée avait été agréable.
Philippe Kellermann n’avait pas passé un moment en tête-à-tête avec sa fille depuis longtemps.
Élise est maintenant une jeune femme. Elle agira désormais par réaction à son milieu : elle se demande si, une fois ses études terminées, elle n’ira pas s’implanter dans une usine. Ça fait rire son père : « Comme les maoïstes à la grande époque ? » a-t-il dit. Selon Élise, ça n’a rien à voir : les gens peuvent changer, parce qu’il y a des gens pour les changer. Les grèves chez Citroën, chez Matra, et toutes celles qui secouent la France en ce moment prouvent que la confrontation entre le Capital et le prolétariat industriel est proche.
Kellermann aurait pu lui répondre qu’aux dernières municipales, les résultats électoraux de la LCR, qui affirme incarner un pôle politique alternatif, sont restés confidentiels. Il sait de source sûre qu’il n’y aura pas de gauche de la gauche. Mais il préfère se taire : Élise croit en ses idées, c’est une bonne chose à son âge.
Quatrième de couverture...
23 octobre 1983. L’attentat du poste Drakkar à Beyrouth fait près de soixante victimes françaises parmi lesquelles pourrait se trouver le fils du diplomate Philippe Kellermann. La France, directement visée, est désormais en guerre.
Après plusieurs tentatives d’attentat déjouées, Abdul Rasool al-Amine et le Hezbollah changent de tactique, inaugurant une crise des otages qui occupera le paysage médiatique français pendant tout le reste des années 1980.
Et pendant que le pays n’en finit pas d’être endeuillé et que le monde politique se déchire sur la conduite à tenir, les attentats signés Action directe se multiplient à Paris et en province…
Deuxième partie de l’ambitieuse trilogie de Frédéric Paulin consacrée à la guerre du Liban, Rares ceux qui échappèrent à la guerre dépeint une période charnière du conflit qui voit l’Hexagone prendre conscience de la manière la plus brutale des dangers qui le menacent alors que le Liban s’enfonce chaque jour un peu plus dans le chaos.
Sa trombine... et sa bio en lien...
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