Prémices de la Chute

Frédéric Paulin

Agullo - Mars 2019

Tags :  Roman noir Roman historique Service secret Journaliste France Années 1990 Entre 250 et 400 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 31 octobre 2024

Recommandé 1996, dans la banlieue de Roubaix. Pour la première fois en France, deux policiers de la BAC se font attaquer à l’arme lourde lors d’un contrôle routier.
Réif Arno, journaliste borderline, cocaïnomane, est dépêché sur place pour couvrir l’événement ; Arnotovic, pour être exact, d’origine yougoslave, ou bosniaque depuis que la Fédération a volé en éclat après la mort de Tito. Il pourrait s’agir de la même bande qui a braqué récemment une supérette, pour un butin conséquent de plusieurs centaines de milliers de francs. Arno cherche des informations auprès de ses indics, dont un trafiquant local, Saïd Ben Arfa.

Lauréline Fell, la boss de l’antiterrorisme, est une collègue et amie intime de Tedj Benlazar. Comme tous les flics de France, elle est sous le choc après l’attaque subie par leurs semblables. Ce qui l’inquiète aussi, c’est la mutation de Tedj à Sarajevo. Des « barbus » ont été repérés parmi les troupes là-bas, il y a été envoyé pour en avoir le cœur net. La réalité qu’il découvre sur place l’effraie. Même si ses supérieurs ne croient pas à ses conclusions, lui pense qu’à Zenica, le djihad est en marche.

Sarajevo, terre de multiculturalisme, livrée à la guerre civile puis aux mafias.
Arno a obtenu des infos de Saïd. Les braqueurs ne seraient pas du milieu, pas des truands, mais des anciens de la brigade El Moudjahidin ayant combattu en ex-Yougoslavie. Un groupe formé en Afghanistan, composé entre autres d’Européens, d’Anglais, de Belges, de Français, de Ch’tis. Saïd prévient qu’il y a danger et lâche deux noms : Dumont, et Caze.

— Tu ferais bien de te méfier de ces mecs. Je te répète que c’est pas les belles bagnoles ou les gonzesses qui les intéressent.
— Qu’est-ce qui les intéresse ?
— Putain ! mais t’es con ou quoi ? C’est Allah qui les intéresse. Ils ramassent du fric pour mener le djihad.

Benlazar n’est pas surpris par ce qui s’est passé à Roubaix : il pense que ça devait arriver avec tout le stock d’armes « libéré » à la fin des combats en Yougoslavie.

Les gars qui sont venus se battre pendant le siège de Sarajevo, ceux qui ont empêché que la ville tombe aux mains des Serbes, maintenant ils rentrent chez eux. Avec leurs armes.

Et parmi les hommes retournés dans la vie « civile », certains voudraient poursuivre l’œuvre de Khaled Kelkal.

Frédéric Paulin a cette faculté incroyable, ce talent, consistant à inscrire ses personnages à la fois dans l’intrigue — la « petite » histoire — et les évènements connus, le contexte — la « grande » Histoire. Ils y sont si intimement mêlés qu’on ne peut, en tant que lecteur, que se retrouver totalement immergé. Il lui suffit de quelques pages pour larguer les amarres et hisser les voiles. Le voyage sera mouvementé et instructif.

Les liens privilégiés de la France avec la Serbie, les « méchants », face aux Bosniaques, les « victimes », pour beaucoup musulmans, pour qui la France est restée très discrète, fermant trop souvent les yeux sur les exactions, ont généré du ressentiment envers le pays des droits de l’homme. D’autant que parmi ces « victimes » sévissent aussi les islamistes de la brigade El Moudjahidin.

Il n’y a pas de temps morts chez Frédéric Paulin, mais plutôt une tension constante. L’alternance des personnages maintient le lecteur en constante alerte, le tout baignant dans une fluidité de tous les instants. Le récit est concis, sans fioritures inutiles, le rythme millimétré. Tous ces efforts déployés pour non pas écrire un énième thriller de tête de gondole, mais pour produire un texte intelligent montrant la montée du terrorisme islamiste en France, en Europe, et dans le monde, sans manichéisme, à la manière d’un professeur d’histoire inspiré et inspirant.

Frédéric Paulin décortique des événements connus de tous, les assemble pour leur donner une cohérence qui soutient sa thèse. Après avoir éclairé le rôle des militaires et des services secrets algériens dans l’émergence des réseaux islamistes puis leur exportation sur le sol français, il prend de la hauteur pour mettre en lumière une organisation internationale qui fait fi des frontières.
Ainsi entre en scène les Américains soutenant et armant les « barbus » afghans en lutte contre les Russes avant que les premiers ne se retournent contre eux. Ce seront ensuite les Saoudiens, leurs pétrodollars et leur rigorisme religieux, le wahhabisme, et puis un groupe qui « monte » : Al-Qaïda, avec à sa tête un certain Oussama Ben Laden.

À travers les personnages liés aux services secrets français, Frédéric Paulin souligne le travail de fourmi, mais également l’aveuglement des autorités, voire des médias, qui, malgré les alertes, ne veulent pas voir les engrenages mortifères se mettre en branle.

Vous savez quoi ? Les mecs du gouvernement, les directions du renseignement et vos chefs sont complètement à la ramasse. Il va se passer quelque chose de terrible et tout le monde dira « on ne pouvait pas prévoir un tel bordel ».


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Quelques pistes à explorer, ou pas...

Second volet de la trilogie Benlazar, Prémices de la Chute se poursuit et s’achève avec La Fabrique de la Terreur

Le début...

Les dix premières lignes...

On ne se prépare pas à la guerre.
Parfois on s’est entraîné, parfois on s’est armé, parfois on a dressé des plans d’attaque ou de défense, mais rien ne prépare à la guerre. À l’absence d’issue, à la violence totalisante, à la peur qui vous paralyse, à l’avenir qui n’est plus que hasard. Il n’y a pas de préparation à la guerre, il n’y a que des mensonges qui poussent les hommes à y partir.
On ne se prépare pas à la guerre.
On fait face, au dernier moment.
« Stop priorité. On nous a tiré dessus, un collègue est touché. Ils sont plusieurs… » Des coups de feu claquent. Gros calibre, pas de celui que les flics ont déjà pu croiser dans les rues.
« Attention ! Ça tire encore ! Il est derrière, il est pas loin, là ! Il nous a tiré dessus encore une fois ! »
La guerre a commencé.


La fin...

Quatrième de couverture...

Janvier 1996. Dans la banlieue de Roubaix, deux malfrats tirent sur des policiers lors d’un contrôle routier. Qui sont ces types qui arrosent les flics à la Kalachnikov ? Un journaliste local, Réif Arno, affirme qu’ils ont fait leurs armes en ex-Yougoslavie dans la brigade El Moudjahidin. À la DST, le commandant Laureline Fell s’intéresse de près à ces Ch’tis qui se réclament du djihad
et elle a un atout secret : Tedj Benlazar est à Sarajevo pour
la DGSE, d’où il lui fait parvenir des informations troublantes sur la Brigade et ses liens avec Al-Qaïda. Cette organisation et son chef, Ben Laden, ne sont encore que de vagues échos sur les radars des services secrets occidentaux, mais Benlazar a l’intuition que le chaos viendra de là-bas, des montagnes d’Afghanistan…
De la Bosnie aux grottes de Tora Bora, de Paris à Tibhirine,
de Roubaix à New York, avec ce deuxième tome Frédéric Paulin entraîne le lecteur dans la toile des réseaux djihadistes, poursuivant son exploration des souterrains de la terreur.


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Sa trombine... et sa bio en lien...

Frédéric Paulin










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La Grande Peur du Petit Bleu La Guerre est une Ruse La Fabrique de la Terreur