La Fabrique de la Terreur

Frédéric Paulin

Agullo - Mars 2020

Tags :  Roman noir Roman historique Service secret Journaliste France Années 2010 Entre 250 et 400 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 15 novembre 2024

Recommandé 2010, en Tunisie, un jeune homme s’est immolé à Sidi Bouzid. Il ne supportait plus les gifles, les humiliations des autorités. Il en a fini avec la misère. Son acte désespéré « enflamme » les foules et sonne le début du printemps arabe et de la révolte de la jeunesse tunisienne envers le président Ben Ali. Mais parmi cette jeunesse désœuvrée, sans avenir, se glissent quelques religieux manipulateurs, des salafistes. Wassim, qui rêve encore d’une vie meilleure, se laisse embringuer.

À Montpellier, Simon est élève dans une école d’ingénieur, mais ne croit plus que la société française ait grand-chose à lui offrir. Depuis peu, il s’est converti à l’Islam, plus ou moins radical. Même s’il n’envisage pas de combattre réellement, il considère que ses compétences techniques pourraient servir la cause.

Quasiment dix ans ont passé depuis le 11 septembre. Laureline Fell est désormais commissaire divisionnaire de la DCRI à Toulouse. Elle voit toujours Tedj Benlazar dont le passif de trahison a été épuré. Si les RG et la DST ont été démantelés par le président Sarkozy, les nouveaux services n’ont pas gagné en efficacité. La surveillance reste le cœur de métier, notamment celle de la fratrie Merah.

Vanessa, la fille de Tedj, est toujours journaliste, et toujours en couple avec Réif qui, lui, s’est reconverti en professeur d’histoire-géographie. Elle s’est spécialisée dans l’islamisme et les pays arabes et intervient en free-lance. Les chats ne font pas des chiens…
Par rapport à ce qu’a connu le monde quelques années auparavant, la situation est plutôt « calme » côté terrorisme religieux, mais une révolution couve en Tunisie. Pour Vanessa, sa prochaine destination est une évidence, même si son père tente de la décourager de s’y rendre.

Le chaos est un terreau fertile pour les extrémistes. Tunisie, Lybie, Égypte, Syrie sont des territoires qui conviennent à la patience des islamistes radicaux. Cette même patience qui habite les prosélytes dans les banlieues françaises, belges, en phase de recrutement. Le djihad est toujours en marche, il mue, se transforme, et jamais ne meurt.

Frédéric Paulin conclut avec La Fabrique de la Terreur sa trilogie Benlazar, couvrant la période qui s’étend de ce qu’on a qualifié de printemps arabe jusqu’aux attentats sur le sol français, le 13 novembre 2015.
Il le fait avec cette même sagacité montrée dans les deux précédents volets, cette même intelligence et cette indéniable faculté à inscrire le contexte historique dans le vécu de ses personnages de fiction pour mieux délivrer son analyse.
Magistral !


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

La trilogie Benlazar a été saluée en 2020, à l’occasion de sa conclusion, et a reçu le Grand Prix de Littérature Policière. Un fait unique pour une série de trois romans.

Le début...

Les dix premières lignes...

Une gifle.
Mohamed a reçu une gifle de trop.
Son vrai nom c’est Tarek. Sa famille et ses amis l’appellent Mohamed parce qu’il a un homonyme dans le voisinage. La famille, c’est le plus important. Il vit à Sidi Bouzid, avec sa mère, son beau-père et ses six frères et sœurs. Ils habitent une petite maison dans le quartier pauvre d’Ennour Gharbi. Mohamed a tout sacrifié à sa famille : il a quitté le lycée en terminale et s’est mis à la recherche d’un travail pour subvenir aux besoins des siens. N’en trouvant pas, il a fait comme la plupart des jeunes chômeurs ici : il est devenu marchand ambulant de fruits et de légumes.
Des gifles, il en a reçu. Il en reçoit chaque jour. Puisqu’il n’a pas les moyens de payer les bakchichs pour obtenir l’autorisation de vendre sa marchandise, les flics se servent dans sa caisse, lui volent des fruits ou des légumes. C’est comme ça : il paye et doit quand même déplacer son étal.
Aujourd’hui, il a refusé d’obtempérer. Une colère aveugle l’a submergé.


La fin...

Quatrième de couverture...

Janvier 2011 : après l’immolation de Mohamed Bouazizi, jeune marchand ambulant poussé au désespoir par la misère et l’arbitraire, le peuple tunisien se soulève et « dégage » Ben Ali. C’est le début des « printemps arabes », et Vanessa Benlazar, grand reporter, est aux premières loges. Derrière la liesse populaire, la jeune Française pressent que cette révolution court le risque d’être noyautée par les islamistes, toujours prompts à profiter d’un vide du pouvoir. Bientôt, la chute de Khadafi, la guerre civile en Syrie et le chaos qui s’installe dans tout le Levant lui donnent raison : un nouveau groupe semble émerger peu à peu des décombres, venu d’Irak pour instaurer un califat dans la région ; un groupe dont la barbarie est sans limites, aux méthodes de recrutement insidieuses et modernes, et qui prône la haine de l’Occident. À Toulouse, justement, Laureline Fell, patronne de l’antenne locale de la DCRI tout juste créée par Sarkozy, s’intéresse à un certain Merah, soupçonné de liens avec des entreprises terroristes. Mais les récentes réformes du renseignement français ne lui facilitent pas la tâche. Quand le pire advient, Fell comprend que la France n’est pas armée pour affronter ce nouvel ennemi qui retourne ses propres enfants contre leur pays : d’autres jeunes sont prêts à rejoindre l’État islamique, autant de bombes à retardement que Laureline, avec l’aide de Vanessa, va tenter de désamorcer.

Avec ce dernier tome, Frédéric Paulin clôt la trilogie Benlazar qui nous mènera de Tunis à Toulouse, de Lunel à Bengazi, dessinant la carte des nouveaux réseaux terroristes qui frapperont Paris en plein cœur au cours de l’année 2015.


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

Frédéric Paulin










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