Agullo - Septembre 2025
Tags : Roman noir Roman historique Quidam France Années 1980 Entre 250 et 400 pages
Publié le : 06 octobre 2025
1986, Paris, rue de Rennes, devant le magasin Tati, un engin explosif dans une poubelle et la volonté délibérée de faire le plus de victimes possibles. Toutes les forces de l’ordre sont sur les dents, la criminelle, les renseignements généraux. Les politiques ne savent plus où donner de la tête. C’est le chaos.
Kellermann, conseiller à l’Élysée où Mitterrand tire encore les ficelles, sent de douloureux souvenirs remonter à la surface, quant à Michel Nada qui assiste désormais Charles Pasqua au ministère de l’Intérieur, il voit se mettre en place la « fausse piste » Abdallah (qui met en cause le soutien de la Syrie) destinée à rassurer l’opinion.
Marchiani ne croit pas à la piste Abdallah. Tout passe par l’Iran, via le Hezbollah.
Pasqua n’y croit pas plus, mais comment convaincre l’opinion publique que le gouvernement va la protéger si l’Iran apparaît dans le tableau ? Les Français apeurés considèrent que le gouvernement peut les sauvegarder d’une fratrie de terroristes. Contre un État, on parle de guerre, non ?
À Beyrouth, Abdoul Rasool al Amine est un rouage de l’organisation des attentats pilotés par les chiites iraniens.
La guerre continue… et pas seulement au Liban. Le groupe Action directe vient d’assassiner le président de Renault, Georges Besse, alors que des dizaines de milliers de licenciements sont prévus dans l’entreprise. Mais Georges Besse a aussi en son temps été un administrateur d’Eurodif et un acteur important de l’affaire qui empoisonne les relations franco-iraniennes.
Frédéric Paulin est un impressionniste. Il écrit par petites touches qui à elles seules ne signifient pas grand-chose. Prises indépendamment, elles ne constituent qu’une infime bribe de l’ensemble, presque sans rapport parfois avec le sujet. Mais dès lors qu’on prend du recul, le tableau apparaît, d’une incroyable précision, fourmillant de détails.
On se replonge ainsi dans cette époque troublée de la fin des années quatre-vingt durant laquelle la France subit une double vague d’attentats. Celles et ceux qui l’ont vécue reconnaîtront sans doute l’ambiance générale, mais en découvriront aussi les coulisses.
La guerre du Liban s’est exportée, elle fait rage aussi entre Matignon et l’Élysée, entre Chirac et Mitterrand qui s’affronteront bientôt lors de la prochaine élection présidentielle. Tous les (mauvais) coups sont permis. Ainsi, tout le début de ce troisième volet de la trilogie libanaise se déroule à Paris au sein des officines de renseignement ou des cabinets de ministre, tandis que s’égraine quotidiennement au 20 h le décompte des jours de captivité des otages français.
Leur libération, on s’en souvient, fut au cœur d’une âpre bataille électorale pour intervenir finalement entre les deux tours entre les deux tours de la présidentielle de 1988. Une bonne partie du récit met en lumière les multiples tractations mises en œuvre pour cet accomplissement.
Reste qu’au Liban, la guerre continue, épuisant tous les stratagèmes pour perdurer. Les frères d’hier sont devenus les pires ennemis, s’exterminant sur un champ de ruines où l’on se demande qui pourra bien survivre pour reconstruire.
les combats ne sont plus le moyen d’atteindre des objectifs stratégiques ou politiques, non, ce ne sont que l’expression pathologique de chefs de guerre, et des miliciens qui leur obéissent. Ces gens se battent entre eux uniquement pour affirmer leur présence. Les anciens alliés se retrouvent désormais ennemis et l’on se massacre au sein d’une même confession : chiites contre chiites, Palestiniens contre Palestiniens, et chrétiens contre chrétiens.
(…) Les Libanais sont assez fous pour se battre entre eux, sans l’aide de l’extérieur.
Frédéric Paulin soigne autant la partie documentaire de son roman que l’intrigue dans laquelle s’entremêlent ses personnages de fiction, au point qu’on se passionne autant pour l’une que pour l’autre ; la mixtion (pour ne pas dire la mission) est parfaitement menée et la toile terminée, grandiose.
Quelques pistes à explorer, ou pas...
C’est la seconde trilogie que termine Frédéric Paulin. Toutes deux sont à considérer comme indispensables.
Les dix premières lignes...
Philippe Kellermann leur a demandé s’il pouvait les accompagner.
Sandra a dit oui.
Le commissaire Nicolas Caillaux n’en revient toujours pas : qu’est-ce qu’il va foutre, lui, avec un conseiller de l’Élysée sur les lieux d’un attentat ? Il devrait s’y opposer. La Renault 21 est lancée en trombe dans les rues de Paris, gyrophare sur le toit, grillant les feux rouges, risquant l’accident tous les cent mètres.
— Paris est à feu et à sang, bredouille Sandra.
Kellermann est tendu. Dans le rétroviseur, Caillaux le voit passer sa langue sur ses lèvres. Sa mâchoire tremble étrangement.
— En mai 1982, j’étais à l’ambassade quand une voiture piégée a explosé, dit-il soudain.
Sandra se retourne vers lui.
Dans le rétroviseur, Caillaux voit le conseiller continuer à se lécher les lèvres.
— Je me souviens, il y a eu des morts. Vous avez été blessé ? lui demande Sandra.
— Oui, enfin, pas grand-chose.
— Mais casse-toi, connard ! grogne Caillaux à l’adresse d’un automobiliste qui ne veut pas le laisser passer.
— Je ne me souviens pas vraiment de l’attentat. Je me souviens surtout que lorsque la poussière est retombée, j’ai remarqué que la façade de l’ambassade était couverte d’un immense lilas rose, très rose.
Quatrième de couverture...
« Si la guerre ne finit jamais, qui donc verra la fin des combats ? Qui donc verra la fin des larmes des veuves, de la détresse des orphelins, de la souffrance des pères ?
Qui donc, si ce n’est ceux qui sont morts à la guerre ? »
Fin d’année 1986, Paris est à feu et à sang. Il faut alors trouver rapidement un coupable pour calmer l’opinion publique. La piste Abdallah, bien que hautement improbable, est choisie, car la raison d’État prévaut souvent sur la vérité, comme le commissaire Caillaux ne le sait que trop bien.
À l’international, Michel Nada a fort à faire car les enjeux sont colossaux : la crise des otages qui dure depuis plusieurs années maintenant vient se mêler de manière toujours plus cynique à la course à la présidence de 1988 entre Mitterrand et Chirac.
Au Liban, la guerre reprend de plus belle après une brève accalmie, opposant cette fois les chrétiens entre eux, en plus de la lutte fratricide entre chiites, et le pays se retrouve bientôt avec deux gouvernements.
Cette macabre comédie cessera-t-elle un jour ?
Dans le dernier volet de sa trilogie libanaise, Frédéric Paulin nous emmène jusqu’aux derniers jours d’un conflit long de quinze ans et qui, comme il avait débuté, s’achève dans le chaos, avec, comme toujours, le peuple libanais pour seul véritable perdant.
Sa trombine... et sa bio en lien...
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