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Un avis personnel...

Publié le : 08 avril 2012

En mars 1967, Larry Speed, fondateur et bassiste du groupe Pearl Harbor débarque aux Baléares pour quelques jours de repos après en avoir terminé avec studios et concerts à Berlin. Après avoir profité de la vie locale, des alcools peu chers et de quelques substances prohibées, on le retrouve au fond de la piscine de l'hôtel, mort…
Février 2010, devant la gare de Bruxelles, un homme se jette littéralement sous un taxi. Il ressemble fort à un clochard et reste dans le coma après l'accident. Malgré les recherches, après plusieurs jours, on ne sait toujours pas qui il est. Sur son dossier médical est inscrit X Midi : son nom, son heure d'arrivée dans le service…
Troisième branche : l'invité mystère, qui forme son récit en italique et à la première personne. Homme, né le 6 février 1945, le jour où fut larguée sur Hisroshima la première bombe atomique, et qui découvre quelques années plus tard le rock'n roll avec Chuck Berry. Une rencontre qui allait changer sa vie…

Paul Colize mène un récit à plusieurs voix et à plusieurs époques qui s'entrecroisent en chapitres courts.
À la fin des années soixante, on assiste successivement à la mort suspecte, quoique donnée comme accidentelle, de chacun des membres du groupe Pearl Harbor. Les quatre victimes se sont éparpillées en Europe après plusieurs mois de concerts à Berlin et leurs "accidents" respectifs ne sont pas "rapprochés". Pourtant leurs morts interviennent seulement à quelques jours d'intervalle, mais les parents ou les proches, malgré une tentative d'explication commune, s'en retournent très vite chacun à son malheur.
Dans le présent, X Midi reste un inconnu dans le coma, même si quelques signes permettent d'envisager qu'il sorte de cet état. On cherche mollement à l'identifier, jusqu'au jour où, coûtant trop cher à entretenir pour l'hôpital, on le confie à une institution au sein de laquelle il va faire la connaissance de Dominique, un kinésithérapeute qui va tenter de l'aider.

Assez vite, on se rend compte que le personnage mystérieux qui raconte sa vie en italique n'est autre que X Midi et que ces deux-là n'en font qu'un. Dès lors, le pari de Paul Colize est de recoller les morceaux entre les vies de cet homme mystérieux, avec un passage obligé par Berlin en 1967. Je ne vous dévoilerai pas ici les tenants de cette intrigue sophistiquée, mais seulement que l'auteur déploie toute sa science du récit pour une construction méticuleuse qui laisse peu de place au hasard.

Le plus intéressant dans toute cette histoire, reste la biographie de l'homme mystère. À travers elle, Paul Colize nous fait traverser toute une époque qui s'étale sur une quinzaine d'année, depuis la découverte de Chuck Berry et son premier Teppaz jusqu'à l'épisode berlinois. Une période de musique et de rock'n roll. Une période pleine d'énergie, de révolte, d'interdits défiés. X Midi a traversé cette époque, il en a été un des acteurs derrière ses baguettes de batteurs, en France, puis à Londres à l'époque des Beatles.
Une époque qu'on pourrait penser idyllique… mais ce serait mal connaître l'auteur.
Si la musique a changé la vie de X Midi, si elle lui a donné une énergie folle, si elle lui a sans doute apporté quelques unes de ses plus belles satisfactions, il n'en a pas forcément été de même pour tout ce qui l'accompagnait.
Paul Colize nous propose un relecture très intelligente et plutôt sombre de ces quelques années durant lesquelles la musique populaire est entrée en force dans tous les foyers sans être encore devenue un vrai business. Il nous propose l'envers du décor, pas toujours très beau à regarder.

Comme toujours, c'est très précis, très documenté, et remarquablement agencé. Paul Colize a cette finesse de plume qui fait que son récit coule sans jamais accrocher, pour un roman atypique difficile à classer.
Toutefois, en abandonnant ici (en la gommant peut-être) la fantaisie nonchalante qui l'accompagnait jusque-là, en voulant s'exprimer dans un registre plus sombre bannissant l'humour, il perd cette originalité qui participait aussi à la saveur de sa lecture.
Un peu dommage à mon goût.

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Quelques pistes à explorer, ou pas...

Le jazz a beaucoup traversé le polar. Le rock un peu moins…
Citons tout de même le récent premier roman de Franz Delplanque, Du Son sur les Murs, dont le personnage principal et narrateur est un véritable jukebox ambulant.
À retenir également une collection Polar Rock a vu le jour grâce à Sergueï Dounovetz qui l'a inaugurée avec son Fleur de Bagne et qui a connu cinq titres avec notamment Pierre Hanot et Laurent Fétis.