Seff Editions - Mars 2002
Tags : Roman d'enquête Trafic Complot Flic Journaliste Années 2000 Original Entre 250 et 400 pages
Publié le : 31 août 2005
Francfort, 12 novembre 1974. Franz Müller prend l'autoroute ce matin-là sous le brouillard pour rejoindre un rendez-vous professionnel distant d'une centaine de kilomètres. En chemin il fait une pause pour soulager sa vessie du café clairet préparé par sa femme Hilde. Intrigué par la présence incongrues d'un car tournant au ralenti sur le parking, il s'approche et découvre à l'intérieur du véhicule un véritable carnage avant de s'enfuir sans demander son reste.
Journaliste free lance, Jacques Duclos participe à un concours de tir au char d'assaut en espérant pourvoir vendre son article à quelque hebdomadaire parisien à sensation. Justement, alors que les manœuvres se terminent, il est joint par le rédac' chef de Paris-Flash qui l'envoie d'urgence couvrir un scoop de première : une quinzaine de cadavres abattus au pistolet mitrailleur retrouvés dans un car sur une aire d'autoroute allemande. Il n'est qu'à quelques kilomètres et s'il pouvait, en prime, ramener quelques clichés sanguinolents, ce serait encore mieux !..
New York, aéroport JFK. Sophie Lazowska embarque sur le premier vol pour Francfort, elle vient d'apprendre que son père est mort durant son voyage en Allemagne, en quête d'une vérité qu'il poursuivait "secrètement" depuis des années...
C'est Franck Dehm, directeur de la Kripo locale, qui est chargé de l'enquête. Deux jours après la fusillade, toujours rien : aucun indice, aucune revendication, aucune piste, et aucun de ses valeureux adjoints n'a d'idée lumineuse qui ferait avancer les choses. C'est donc lui qui émet l'hypothèse la plus prometteuse : il n'y a qu'une seule victime, les autres ne sont que des dégâts collatéraux.
Vingt-cinq ans plus tard, Jacques Duclos et Sophie Lazowska, qui se sont rencontrés au moment du drame, sont mariés. Lui est devenu un spécialiste des grands crimes médiatiques non élucidés et écrit un bouquin sur chaque affaire qu'il traite : Kennedy, Marylin, Dominici... Jusqu'au jour où il reçoit un mail, signé Larowski, dont l'auteur s'accuse d'être l'assassin, en novembre 1974, du père de Sophie...
Paul Colize pose les pièces de son puzzle tranquillement sur la table. Chacune a un léger rapport avec la précédente, avec la suivante, ou pas. Chacune est déjà un début d'aventure, une promesse de lendemain, de cohérence... Puis, naturellement, ce puzzle commence à s'organiser autour de deux groupes distincts. On passe de l'un à l'autre, sans jamais perdre le fil, mais en pestant parfois contre l'auteur qui s'amuse et se joue de notre impatience à chaque chapitre.
Quelques pièces restent encore à l'écart, mais on se doute bien qu'elles ne tarderont pas à rentrer dans le rang et à trouver leur place ; Paul Colize est un homme qui ne joue pas avec la logique...
Autour d'une intrigue savamment construite et patiemment documentée, l'auteur compose une somptueuse galerie de personnages secondaires qui viennent, tout à tour, agrémenter son récit. Chaque apparition ou presque est l'occasion de brosser un portrait d'une précision réjouissante : Paul Colize est un témoin attentif et perspicace de ses congénères. Il sait, en quelques lignes à peine, en extraire la substantifique moelle et nous la resservir à sa sauce.
Voyage dans le temps, dans l'espace et dans l'Histoire, qui prend sa source dans les laboratoires installés par les nazis dans les camps de concentration durant la seconde guerre mondiale, dans les expériences qui y furent menées, soit en terme de "purification" de la race, soit pour tenter de prolonger sa longévité ; un roman dont les ramifications passent par l'Argentine des colonels, par le Canada, par l'Afrique du Sud, par une bonne partie de l'Europe... et par de sombres trafics d'organes protégés par des organisations très puissantes et très secrètes...
Une vraie belle maîtrise de la construction qui rend la lecture addictive et qui sait, à travers de très courts chapitres, aspirer son lecteur vers un final où point l'émotion. Un réel plaisir de lecture !..
Quelques pistes à explorer, ou pas...
Si jamais vous avez le bonheur de tomber sur un roman de Paul Colize, attention à vous : ouvrez-le et vous aurez alors bien du mal à savoir comment vous en tirer. Le refermer après en avoir terminé au plus vite... c'est une solution, mais c'est aussi une frustration ; celle d'avoir sans doute manqué quelque passage en l'appréciant à sa juste valeur... Faire trainer la lecture en longueur, doser homéopathiquement le plaisir... oui, mais quid du rythme imposé par l'auteur si vous le passez à la moulinette du ralenti ?..
La solution, c'est d'en ouvrir un second, puis un troisième... tant qu'il en reste... Clairs Obscurs fait partie de ceux-là, et ne manquez pas Quatre Valets et une Dame !.. L'addiction à parfois du bon.
Les dix premières lignes...
L'homme posa sa main gauche à plat sur la table, doigts bien écartés, et s'empara du poignard dont la lame effilée se terminait par une pointe acérée. Il avala une longue goulée d'air et entama son entraînement matinal.
La manœuvre consistait à ficher la lame dans le bois, le plus près possible de la jonction entre le pouce et l'index, à revenir au point de départ situé à hauteur du poignet, à marquer ensuite l'intervalle entre l'index et le majeur, à regagner le point de départ, et ainsi de suite. Aller, retour, aller, retour, le tout étant exécuté à une vitesse vertigineuse, en changeant à chaque début d'exécution l'ordre de visite selon un plan bien établi au préalable.
Le bruit que générait l'opération faisait penser à une dactylographe exécutant consciencieusement ses gammes sur son instrument de travail (...).
Quatrième de couverture...
Novembre 1974, Allemagne de l'Ouest.
Quinze personnes sont froidement assassinées dans la navette qui relie l'aéroport de Francfort et la ville de Darmstadt. Quinze cadavres, mais pas le moindre indice. La police se résigne à classer l'affaire.
Décembre 1999, France. Un courrier électronique énigmatique pousse Jacques Duclos, journaliste d'investigation, à reprendre l'enquête. Au départ des camps nazis jusqu'aux complexes scientifiques les plus futuristes. De Paris à l'Afrique du Sud, en passant par Barcelone et Milan.
Quelles sont donc ces pratiques, réservées aux grands de ce monde, qui justifient de tels bains de sang pour préserver leur clandestinité à travers le temps et l'espace ?
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...