Krakoen - Octobre 2010
Tags : Roman d'enquête Vengeance Détective amateur Années 2000 Original Humoristique Entre 250 et 400 pages
Publié le : 31 mai 2005
Antoine Lagarde, comme tous les quinze jours, rend visite à son père, ingénieur des Ponts et Chaussées à la retraite, veuf, qui vit seul dans son petit appartement. C'est là qu'il découvre son cadavre, gisant dans une mare de sang.
Selon les premières constatations de la police, Pierre Lagarde a été poignardé de plusieurs coups de couteau mais, étonnamment, rien n'a été dérangé, rien n'a été volé ; au contraire Antoine retrouve un vieil étui à cigarettes qu'il savait avoir disparu depuis de nombreuses années et, plus troublant, à l'intérieur, une carte à jouer : un valet de pique, marqué au dos d'un étrange message : A, BON, AMI...
L'enquête belge piétine et Antoine regagne sa vie parisienne avec sa découverte qui n'intéresse personne. C'est un homme d'importance, à la tête d'un cabinet de consultants en organisation de l'entreprise, divorcé d'une suissesse un peu braque et père de Jérôme, son rayon de soleil qui va sur ses neuf ans et qu'il ne voit plus qu'un week-end sur deux. Mais si les semaines et les mois passent, comme les maîtresses, Antoine garde dans un coin de son cerveau laissé vacant par sa libido cette histoire de valet.
Il a bien tenté quelques approches auprès d'un ami joueur et collectionneur de cartes, ainsi qu'à partir du "message", mais n'a rien appris de concluant jusqu'au jour où il tombe sur un fait divers : dans l'est de la France, un certain A. Bonami, libraire, vient d'être abattu sans raison apparente. Antoine, à l'occasion d'une visite à son fils à Bruxelles décide de faire un crochet. Ce ne sera pas le dernier...
Dès le premier chapitre de ce roman, Paul Colize prend son lecteur à la gorge dans un style acéré et vif qui s'attache à rendre particulièrement vivant chacun des personnage rencontrés. On ne les connaît encore qu'à travers quelques lignes que déjà on s'attache à eux. Les descriptions sont précises, piquantes, l'humour ravageur et les mots bien en place...
L'intrigue prend son temps, pour notre plus grand plaisir, à travers un défilé de tranches de vie, de personnalités de passage croquées d'un ton acerbe par le narrateur ; les petits travers de chacun y sont laminés : Paul Colize ne mâche pas ses mots.
Car Antoine Lagarde n'est pas tout à fait un personnage sympathique. Il pose un regard désabusé, désenchanté, sur le monde, sur les femmes, sur son métier, sur sa famille. Dressé sous sa carapace d'homme affairé, son humour noir et cynique le sauve :
Peu après mes premiers embrasements, j'ai divisé la gent féminine en deux catégories distinctes : les baisables et les pas baisables, mes critères de sélection étant arbitrairement limités aux mensurations, à l'allure générale et aux effets vestimentaires.
À l'approche de l'âge adulte, j'ai étendu ce référentiel en y adjoignant un seuil minimal de capacités intellectuelles et la perméabilité au sens de l'humour.
Ce plus grand discernement, bien que tempérant mes propensions machistes, a eu pour conséquence de réduire sensiblement ma sphère de prospection.
Et puis cette histoire de valet le rattrape...
Après nous avoir fait sourire, Paul Colize nous captive, s'amuse à nous perdre aussi, dans une enquête à reculons où les indices s'imposent à son héros sans qu'il les cherche. Le temps s'étire, on est loin d'une course poursuite échevelée, mais l'intérêt grandit et le brouillard s'épaissit. L'auteur manipule son narrateur sans le ménager, l'estourbit sans qu'il comprenne bien ni pourquoi ni comment. Mais la logique est là, implacable, et le vin sera bu, jusqu'à la lie... jusqu'à l'émotion...
Un roman tout en finesse, au décalage subtil, où le talent de Paul Colize explose au grand jour en mêlant divers registres où son humour grinçant, mais toujours drôle, est omniprésent.
Un style... Un ton... Antoine Lagarde ne vous laissera pas indifférent avec cette promenade pleine d'inattendus. Un vrai régal !..
Quelques pistes à explorer, ou pas...
Paul Colize n'en est pas à son coup d'essai, même s'il marque ici incontestablement des points. N'hésitez pas à retrouver sa plume finement taillée dans Clairs Obscurs, ou à découvrir ses autres romans, présents sur le site unepassion.be.
C'est là, et seulement là, que vous aurez la possibilité de pouvoir satisfaire vraiment votre attente.
Les dix premières lignes...
Le corps gisait dans une mare de sang.
La phrase toute faite.
Le genre de cliché qui m'a toujours énervé. Les journalistes manquent d'inspiration.
Parfois il y a une variante.
Le cadavre était allongé dans une mare de sang.
La nuance est subtile.
Dans la version Un, on peut encore espérer ressusciter la victime. Dans la Deux, c'en est terminé.
Définitivement.
Mais le dénominateur commun, immuable et récurrent, c'est la mare de sang.
Comme si le corps humain contenait vingt ou trente litres d'hémoglobine (...).
Quatrième de couverture...
De l'avis de son ex-femme, Suissesse à Quartz réglée à l'Horloge atomique actuellement encanaillée à un toucheur-rectalien, il vend du vent ; pour son fils, c'est papa-ce-héros ; ses innombrables conquêtes féminines le considèrent comme "place to be, people to know", dans tous les sens du terme ; ses associés le vénèrent et ses clients l'exaspèrent.
Antoine Lagarde, c'est l'homme de la situation. De SA situation : financière, professionnelle, sexuelle et paternelle. Point à la ligne.
Mais Antoine, c'est aussi une visite régulière chez papa Lagarde, hypocondriaque professionnel et ingénieur retraité.
Jusqu'ici, tout va.
Sauf que papa Lagarde a été assassiné et qu'une mystérieuse carte à jouer, un valet de pique, contenant une annotation sibylline met Antoine sur une piste qui mène en enfer, valet après valet.
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...