La Nuit des Grands Chiens Malades

(Alain Dreux-Gallou) A.D.G.

Gallimard / Série Noire - 1972

Tags :  Roman noir Polar rural Crime organisé Truand Quidam France profonde Années 1970 Argotique Poétique Moins de 250 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 1er février 2009

— Tu me donneras deux boîtes de balles, a dit Hector des Boués, vu que c’est Maupas qu’a un petit stock d’armurerie dans son épicerie.
— À moi aussi, a dit Raoul.
Du 12 et du 16, ce soir-là, Maupas il en a plus vendu que pour l’ouverture de la chasse, c’était comme une folie qui tombait sur nous, la chaleur peut-être, ou bien quelque chose dans l’air qu’on sent à l’approche des guerres, comme des silences de la vie, les gestes quotidiens tout ouatés, prudents, à se garder d’aller trop vite.

Le polar a souvent la ville comme décor — quand elle n’est pas carrément un personnage central — et certaines études font même le rapprochement : Roman Policier, Policier = police = polis = cité en grec, faisant ainsi du roman policier le roman de la ville et de son organisation. Avec La Nuit des Grands Chiens Malades on quitte la ville et on rentre de plein pied dans le polar rural avec le Berry — entre Bourges et Châteauroux, et plus précisément le village de Saint Vincent du Saux — et ses habitants, leurs habitudes, langages et traditions. L’arrivée d’une bande de « hippizes », leurs mômes, leur « dreugue », leur « ouiskie » et d’anciens villageois devenus citadins pas nets — accompagnés de deux ravissantes filles — va embrouiller quelque peu le village et la campagne alentour.

On retrouvera avec plaisir le style et la gouaille d’A.D.G. adaptés ici au parlé « Berrichon ». L’utilisation de la troisième personne du singulier « on » pour narrer l’histoire est assez étrange, on a l’impression que c’est le village du Berry qui raconte (on aura à la fin l’explication de ce système de narration). Dans Notre Frère qui Êtes Odieux (dont on parlera prochainement) A.D.G. alterne entre le « je » et le « il » de façon habile, c’est un fait certain, A.D.G. s’interroge sur l’utilisation de la langue. Il y a dans La Nuit des Grands Chiens Malades des fulgurances de poésie rurale et des réflexions sur la violence et l’organisation de la société et une chanson aussi qui revient We Shall Overcome comme un hymne.
Étonnant, non ?


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Quelques Messieurs trop Tranquilles – Georges Lautner, 1973Pour le polar rural, il faut absolument lire Jusqu'à Plus Soif de Jean Amila. Sanctuaire de Faulkner pourrait aussi s’imposer. On retrouve certains personnages de La Nuit des Grands Chiens Malades dans Berry Story (Série Noire 1586, Gallimard, 1973).

Notons aussi que Georges Lautner a porté à l’écran La Nuit des Grands Chiens Malades en 1973 sous le titre Quelques Messieurs trop Tranquilles avec, entre autres, Jean Lefebvre, Michel Galabru et Miou Miou.


Le début...

Les dix premières lignes...

On ne sait pas très bien comment ils sont arrivés : en bande ou un par un, sûrement en stop parce qu’aucun n’avait de voiture, juste un grand zèbre avec un vélo de femme, décoré de fanions multicolores, avec le sigle « peace » accroché au bout d’une badine de coudrier.
Ce qu’on sait, c’est qu’ils se sont installés dans un champ litigieux, plutôt une bande de terrain en friche qu’Arsène le croque mort et Gérard-Le-Parisien se disputaient depuis des années. Savoir si c’était le fait du hasard ou mûrement concerté, c ‘était une autre affaire.
Ils se sont installés en rond autour de la petite source, ont planté, les uns des espèces de wigams, les autres de classiques « canadiennes », une famille avait même une tente des surplus américains (…)


La fin...

Quatrième de couverture...

Nous, bien sûr qu'on est berrichons, d'entre Châteauroux et Bourges, on n'a pas la grosse cote auprès des Parisiens : qu'on serait lourds, méfiants, un peu retardés pour tout dire, pleins de croyances obscures.
Seulement, on a quand même la télévision, et les Hippizes, on sait ce que c'est, des jeunes qui se droguent et qui prêtent leurs femmes à tout le monde. Alors quand on les a vus débarquer, dix, douze, sans compter les gniards, et planter leur tente à la "Grand' Côte", là, notre sang n'a fait qu'un tour.


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

(Alain Dreux-Gallou) A.D.G.










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