Peur sur Dinard

Un avis personnel...

Publié le : 26 janvier 2007

Sabine Gallec n'est pas très heureuse en ménage. Après seulement trois année de mariage, elle s'est découvert un mari macho, radin, égoïste et maladivement jaloux ; accessoirement, elle a aussi pris un amant ; rien de plus banal au fond. Pourtant, ce matin-là, en se rendant au supermarché où elle occupe un poste de caissière, au détour d'un chemin creux, c'est la mort qu'elle croise...

Roger-Guy Ulrich pratique ce qu'on appelle le polar régionaliste et son "domaine" de prédilection se situe autour de Saint-Malo, voire même au-delà de la Rance puisqu'il choisit pour cet opus de planter son décor dans les rues de Dinard. Il s'attache d'ailleurs à situer avec précision les lieux de son intrigue et c'est sans peine - pour qui connaît un peu la région - qu'on peut reconstituer quelques uns des itinéraires suivis par les protagonistes. Les rues, les boulevards, les monuments, les plages... Tout y est !
Côté intrigue, il s'agit de meurtres de femmes, étranglées à l'aide de fil électrique, et de l'enquête menée par le commissaire Erwan Le Morvan et ses acolytes lieutenants. Dinard confrontée à un serial killer, on ne voit pas ça tous les jours...
Roger-Guy Ulrich transforme des situations somme toute banales en évènements extraordinaires, il instille la mort dans les couples.
La construction, quoique des plus classiques, est solidement charpentée et respecte la procédure en s'y attachant plus particulièrement ; on ne confond pas un mandat de perquisition américain et une commission rogatoire à la française. La focale est braquée sur le commissaire, c'est sur lui que se fait la mise au point.
Le problème n'est pas qu'on ait du mal à croire aux situations évoquées, ni aux personnages présentés, mais il manque à la lecture ce petit quelque chose, cette étincelle, qui permet de s'identifier d'une manière ou d'une autre. Le décor apparaît comme figé, sans vie, et le commissaire Le Morvan manque cruellement d'une profondeur qui lui fait défaut.

Il ne suffit pas d'une intrigue, même bien menée, ni de brouiller plus ou moins adroitement les pistes jusqu'au dénouement final, il faut aussi qu'il y ait des "gens" au milieu, à l'intérieur, de ceux qu'on aime ou qu'on déteste, parce qu'ils ne font pas que traverser la scène mais, au contraire, montrent qu'ils sont bien vivants, provoquant ainsi une forme d'empathie ou de répulsion, mais au moins une réaction. C'est un peu ce qui m'a manqué dans cette aventure.

Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Roger-Guy Ulrich n'en est pas à son coup d'essai. Si le commissaire Erwan Le Morvan vous a séduit, je crois pouvoir dire qu'il apparaît pour la première fois dans Rue de la Soif, récemment réédité par les éditions Astoure sous le titre Requiem à Saint-Malo.