Fleuve Noir - Mai 2025
Tags : Thriller Psychologie Flic Scientifique France Années 2020 Plus de 400 pages
Publié le : 23 août 2025
À la faveur de l’été, je me suis dit que j’allais m’offrir une petite balade au pays du thriller francophone. Ça n’est pas ma tasse de thé habituelle, mais une petite entorse n’est jamais malvenue pour lutter contre les habitudes et redresser les chakras.
Mon choix s’est arrêté sur la dernière production de Franck Thilliez, un auteur que j’ai lu à ses tous débuts et qui laissait entrevoir quelques promesses d’avenir. Vingt ans plus tard, il est toujours là et figure même parmi les meilleures ventes auprès des aficionados du genre.
Réveillon 2023, le docteur Éléonore Hourdel quitte l’UMD (unité pour malades difficiles) pour une Saint-Sylvestre en solo. Elle laisse derrière elle une structure ultra sécurisée où sont retenus les dangereux incurables de la psychiatrie.
Lorsqu’elle arrive chez elle, elle découvre qu’on s’est introduit dans son foyer et subit même une agression violente. Le père et mari de deux victimes sauvagement assassinées par un des criminels qu’elle a « expertisé » et ainsi soustrait à une sanction pénale crie vengeance. Au final, c’est heureusement contre lui qu’il retourne son arme.
Franck Sharko est chef de groupe à la criminelle et enquête sur la disparition d’une sexagénaire du côté des Buttes Chaumont. Jean-Pierre Barlois, son mari, a signalé les faits la veille au soir ; la procédure débute à peine. Reste qu’au bout de deux semaines aucune piste n’est apparue ; le groupe Sharko est finalement dessaisi pour une nouvelle affaire : le cadavre d’un homme retrouvé chez lui plusieurs jours après qu’il ait été sauvagement assassiné. Un solitaire, discret, sans histoire, sans reflet. Un inconnu ou presque. On retrouve cependant la trace de sa fille ; il s’agit du docteur Éléonore Hourdel. Sauf qu’à la morgue, et bien qu’ils ne se soient plus vus depuis plus de vingt ans, Éléonore ne reconnaît pas son père…
Du côté de l’UMD, c’est un nouveau patient qui est accueilli se croyant persécuté par des vers qui chercheraient à s’introduire dans son corps, un cas qui intrigue le docteur Hourdel.
Le récit alterne entre l’enquête de l’équipe Sharko et l’analyse d’Éléonore Hourdel avec son inconnu malade. Le lien éventuel, suggéré, étant le cadavre retrouvé identifié comme le père du docteur, a possiblement été tué par l’inconnu de l’UMD.
Franck Thilliez adore la « chose » scientifique. Elle est pour lui une source d’inspiration toujours renouvelée. Pour cette fois, c’est au sein d’une unité pour malades difficiles qu’il pose ses valises, là où les maladies mentales sont les plus agressives, les plus inattendues. On pense parfois, en lisant les descriptions de l’unité sous la plume de Franck Thilliez, à celles du chef-d’œuvre de Ken Kesey, Vol au-dessus d’un Nid de Coucou, mais la comparaison s’arrête là tant le scénario proposé apparaît tiré par les cheveux.
Après tout, on peut aussi vouloir se laisser emporter par ce genre d’histoires scabreuses, mais le talent de l’auteur se doit de faire oublier la construction de la fiction, les morceaux de décor et de mise en scène qui dépassent du cadre. La précision est de mise dès lors qu’on ne vise pas seulement un public de fans énamourés.
L’auteur ajoute à son récit un fond de discours scientifique ou philosophique, assez vite évacué, sur la maladie, la folie, la schizophrénie, mais aussi la responsabilité pénale face aux actes commis, mais il s’agit avant tout pour Franck Thilliez de rester dans le domaine du thriller, de toujours tenter de faire frissonner son lectorat. Dès lors, à partir de cette fragile base, il construit l’improbable et emberlificotée trame de son intrigue pour en arriver aux scènes qui frisent avec l’horreur tout en ressuscitant à l’infini son couple de personnages fétiches.
J’aurais bien voulu me laisser faire, vraiment. J’étais même venu pour ça. Mais les ficelles me sont apparues trop grossières et la crédibilité de la psychologie des personnages bien légère (c’est dommage… dans un HP).
Et puis il y a ce vocabulaire spécifique au thriller, qui insiste lourdement, par séquence, pour souligner le côté morbide. Je n’ai pas pris le temps de noter des exemples, mais chez moi, c’est rédhibitoire.
Bref, je crois que je ne suis plus fait pour le thriller.
Quelques pistes à explorer, ou pas...
En matière de thriller, j’ai quelques lacunes ces dernières années. Je vais passer mon tour.
Les dix premières lignes...
La neige s’était invitée aux alentours de 20 h 30, au moment où les fumeurs regagnaient leur chambre après leur dernière cigarette de la journée. En ce réveillon de la Saint-Sylvestre, les quarante-huit internés d’office de l’unité pour malades difficiles Ulysse avaient bénéficié d’un repas exceptionnel — blanc de pintade, pommes de terre rissolées et bûchette aux marrons glacés —, et dans l’enceinte ultra-sécurisée régnait une ambiance particulière. Certains déprimaient, mais n’arrivaient pas à pleurer à cause des traitements thymorégulateurs qui muselaient leurs émotions. D’autres étaient submergés par des souvenirs douloureux que ravivaient les fêtes et ruminaient.
Le docteur Éléonore Hourdel attrapa son manteau en cuir avant de verrouiller son bureau à double tour. Elle traversa l’aile administrative déserte et rejoignit le PC infirmiers, que l’on appelait « la bulle ». Il s’agissait d’une pièce semi-circulaire, protégée par d’imposantes vitres en Plexiglas, qui permettait de gérer tous types d’urgences. Elle offrait en effet une vue sur la cour de promenade grillagée, la salle des repas, les espaces d’activités et, surtout, le couloir où s’alignaient les vingt-six chambres de l’aile 1, dite « aile Télémaque » — l’UMD en comportait deux, l’autre étant l’« aile Pénélope ».
Quatrième de couverture...
Quand on bascule dans la folie, il est souvent trop tard !
Unité pour malades difficiles de Chambly. Un nouveau patient est accueilli. Délirant, sans papiers, inapte à la garde à vue, celui-ci a poussé sans raison un passager sur les rails et prétend « fuir des vers ».
Seine–Saint-Denis, à cinquante kilomètres de là. Sharko et son équipe découvrent le corps d’un quinquagénaire sauvagement assassiné près de son lit. Chez lui, aucune empreinte digitale ni trace d’ADN, pas même les siennes.
Qui sont ces deux hommes ? Quelles sont leurs histoires ?
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...