Seuil Policiers - Février 2010 - Traduction (anglais) : Estelle Roudet
Tags : Roman d'enquête Flic Afrique du Sud Années 2000 Plus de 400 pages
Publié le : 14 février 2010
Bennie Griessel est en pénitence. Sa femme Anna l'a viré pour alcoolisme récurrent : six mois de mise à l'épreuve avec « chambre à part, table à part, maison à part. »
Cent cinquante six jours qu'il tient le coup, même si cette dernière nuit il a quand même fauté — du côté chair — avec une certaine Bella. N'empêche, Bennie reste flic et ce matin-là, le téléphone a sonné de bonne heure pour lui annoncer la découverte d'un corps…
Bennie rejoint sur place Vusumuzi Nbabani — que tout le monde appelle Vusi — une jeune recrue de la police parmi un groupe de six qu'il est en train de former. Griessel n'est présent qu'en tant qu'observateur, comme une sorte de mentor, mais c'est Vusi qui mène l'enquête. Sa première affaire "blanche". En effet, la jeune femme découverte égorgée est blonde ; peut-être même une touriste. La tuile…
Au même moment, sur les hauteurs dominant la ville du Cap, dans la banlieue cossue, une autre jeune femme terrorisée tente de fuir ses poursuivants. Elle a vécu la nuit précédente de terribles événements et cherche par tous les moyens à y échapper, se cachant dans les jardins ouverts des villas, tandis qu'elle est traquée par une bande de jeunes hommes…
Ce même matin, Alexandra Barnard se réveille douloureusement d'une nuit trop arrosée sous les cris de sa femme de ménage. À ses côtés, elle découvre une arme et, plus loin, son mari, mort…
Dès l'entame de son récit, Deon Meyer donne le ton et le rythme : le chrono est lancé, on ne va pas traîner en route, et si on prendra quand même le temps d'explorer certains personnages, ce sera plus tard, en passant, sur le chemin de l'enquête.
Deon Meyer, en reprenant le personnage de Bennie Griessel, le flic alcoolique, renoue également avec l'intrigue policière "pure", abandonnant (pour un temps, on l'espère) le portrait de l'Afrique du Sud post-apartheid qu'il dresse roman après roman.
Car même si avec 13 Heures sont abordés quelques volets de la société sud-africaine — comme les problèmes rencontrés par les métis, ou encore les difficultés de la police avec ses trop nombreuses jeunes recrues sans expérience — il faut bien reconnaître que ce sixième roman traduit en France joue plus sur le suspense que sur l'aspect social qu'on apprécie chez cet auteur.
Bennie Griessel se trouve ici confrontés à deux intrigues, deux enquêtes, qui se chevauchent, se superposent, s'entremêlent tout au long de cette journée menée à un train d'enfer. C'est à une longue course-poursuite contre le temps que nous sommes conviés, parfaitement maîtrisée avec un suspense toujours entretenu au fur et à mesure que les heures s'égrainent, avec des personnages attachants comme sait si bien en trouver l'auteur, mais…
Quand bien même Deon Meyer nous livre un roman réussi, ses lecteurs habituels ressentirons, je pense, comme un sentiment d'insatisfaction. 13 Heures n'a pas la puissance de L'Âme du Chasseur, du Pic du Diable ou de Lemmer, l'Invisible, alors forcément, on est un peu déçu.
Il reste cependant, dans son genre, un excellent suspense, servi par une excellente traduction.
Quelques pistes à explorer, ou pas...
Si 13 Heures vous a captivé, les trois romans de Deon Meyer cités un peu plus haut devraient vous retourner…
Les dix premières lignes...
Cinq heures trente-six : une fille gravit en courant la pente escarpée de Lion's Head. Sur le gravier du sentier large, le bruit de ses chaussures de course dit l'urgence. À cet instant précis où les rayons du soleil découpent sa silhouette à flanc de montagne tel un projecteur, elle est l'image même de la grâce et de l'insouciance. Sa natte brune rebondit contre son petit sac à dos. Le bleu pastel de son tee-shirt fait ressortir son cou hâlé. Vêtue d'un short en jean, elle avance à grandes foulées énergiques et rythmées, propulsée par de longues jambes. Elle personnifie la jeunesse athlétique — vigoureuse, saine, déterminée.
Jusqu'à ce qu'elle s'arrête et se retourne pour regarder par-dessus son épaule gauche. Alors l'illusion s'évanouit. Son vidage respire l'angoisse. Et l'épuisement absolu (…)
Quatrième de couverture...
Le Cap. 5h36 : une Américaine monte la côte de Lion's Head en courant. Elle est jeune, belle, et terrifiée. Parce que traquée. Comme une bête.
5h37 : l'appel réveille l'inspecteur Benny Griessel. Il y a eu meurtre. Une femme la gorge tranchée, à deux pas St. Martin, l'église luthérienne de Long Street.
7h02 : saoule, l'ex-sensation du chant Alexa Barnard découvre le cadavre de son mari volage par terre. Et un pistolet juste à côté d'elle.
9h00 : avec deux meurtres à résoudre et une insupportable envie de boire, Griessel comprend que former une nouvelle génération de flics risque d'être plus compliqué que prévu.
Passé 12h00 : la course contre la montre engagée pour sauver une jeune touriste de la mort vire au cauchemar.
Et à 5h30, on tire sur Griessel, en plein cœur.
Soit treize heure ordinaires dans la vie d'un inspecteur des homicides du Cap.
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...