Leo

Un avis personnel...

Publié le : 30 novembre 2024

Après avoir fait partie de la brigade des Hawks, l’élite de la police sud-africaine, Benny Griessel et son coéquipier Vaughn Cupido ont été rétrogradés. Quelques mois de purgatoire plus tard, et compte tenu de leurs bons et loyaux services, ils sont en phase de rédemption et doivent rejoindre bientôt le service des crimes graves au commissariat de Stellenbosch.
Pendant ce temps, au milieu de la brousse, une certaine Christina Jeager qui accompagne des groupes de touristes est contactée par une vieille connaissance. On a besoin de ses services pour blanchir quelques millions de dollars que convoite un commando formé pour l’occasion. Il s’agit de forcer un dépôt sécurisé et d’y récupérer le pactole détourné par une organisation mafieuse, celle des frères Chanda.
Christina n’est pas une mercenaire, plutôt une amoureuse de la nature sauvage qui perd son temps en guidant les touristes de l’Okavango. Ce contrat pourrait lui permettre de passer à autre chose en réactivant ses contacts dans le milieu diamantaire.
L’opération se déroule sans encombre, jusqu’au moment où celui qui a fourni le tuyau intervient. C’est un carnage, dont réchappe miraculeusement Christina.

Du côté de Griessel et Cupido, leur première enquête aux crimes graves concerne la découverte du corps d’une jeune femme blanche retrouvé dans un coin isolé de forêt. Pas de blessure apparente, peut-être une simple chute de VTT, mais aux yeux de Griessel, quelque chose cloche. Quant au jeune homme qui a découvert le cadavre, il pense qu’il pourrait s’agir de l’œuvre d’un animal ; peut-être un léopard…

Le roman est découpé en plusieurs parties qui prennent chacune pour titre le nom d’un animal et s’associent à l’un ou l’autre des personnages, des intrigues.
Après une courte entrée en matière dans laquelle on retrouve Griessel et Cupido, on bascule sur le long compte rendu de la préparation d’un casse jusqu’à sa conclusion. Nous sommes de simples spectateurs, un peu laissés pour compte. On assiste au spectacle de loin, sans vraiment y participer.
La même chose se reproduit plus ou moins lorsqu’on bascule chez les deux enquêteurs. Ils n’ont pas l’air très motivés par l’énigme qu’on leur propose. Et nous non plus…
Deon Meyer nous avait habitués à inscrire ses intrigues dans un contexte, comme une façon pour nous, lointains lecteurs, d’appréhender une certaine réalité sud-africaine. Rien de tel ici. Arrivé au quart du roman, on se demande encore à quel moment les choses sérieuses vont débuter.
Et ce n’est pas le stress de Griessel, dont le mariage avec sa compagne Alexa est annoncé, ou encore le régime amaigrissant de Cupido qui vont aider à arranger les choses.

Côté enquête, leurs recherches finissent par les mener à un suspect potentiel, un promeneur avec ses deux rottweilers. Et voilà que l’homme se fait sauvagement assassiner. Un ancien militaire.
Quant à Christina, elle a miraculeusement retrouvé ses anciens partenaires et ils veulent venger ensemble la trahison subie en volant cette fois quatre tonnes d’or.

Ce n’est qu’arrivé au tiers du roman qu’on sort de l’apathie générale et que les affaires se corsent, Deon Meyer retrouvant pour le coup son appétence à mêler deux intrigues parallèles. Enfin, les deux mondes se croisent, avant de s’entrechoquer bientôt.
Dès lors, comme par enchantement, le rythme s’accélère et l’on retrouve tout cet environnement de corruption, de déliquescence de l’état, de captation des richesses du pays par ceux-là mêmes qui le dirigent, qui font partie intégrante des récits de l’auteur.
Griessel, qui retrouve tous ses talents d’investigation, se retrouve coincé entre une enquête qui avance enfin et un mariage qui approche trop vite, secondé dans les deux cas par un Cupido aussi efficace policier que désastreux conseiller matrimonial.
L’affaire est sauvée.

La suite n’est qu’un emballement. Deon Meyer démontre tout son talent de conteur dans un découpage millimétré, chronométré même. La tension va crescendo sur plusieurs centaines de pages, impossible de lâcher la lecture.
Je ne vous confierai pas le fin mot de l’histoire, ni sur quelles bases « historiques » l’auteur construit son intrigue qui, bien qu’ancrée dans une Afrique du Sud en proie à une corruption endémique, trouve sa source bien au-delà de ses frontières.
Au final, et malgré cette (trop) longue entrée en matière, Leo se révèle d’une agréable lecture. Comme une journée qui débute sous les bancs de brouillard pour se terminer sous un soleil éclatant, en apothéose. Un pari risqué, mais réussi.

Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Leo n’est sans doute pas le meilleur roman de Deon Meyer, mais il relève agréablement le niveau qu’avaient atteint ses dernières productions.