Seuil Policiers - Janvier 2002 - Traduction (anglais) : Robert Pépin
Tags : Roman d'enquête Polar social Discrimination Flic Afrique du Sud Années 2000 Plus de 400 pages
Publié le : 31 mars 2005
Jusqu'au Dernier est le premier roman "français" de Deon Meyer, et il réussit avec lui
une entrée remarquée dans le cercle des auteurs à suivre attentivement.
Mat Joubert est un inspecteur de la brigade des homicides du Cap, mais
c'est surtout un homme "cassé" par la vie, par le destin, par la mort
de sa femme, elle-même flic (on l'apprendra plus tard), survenue deux
ans auparavant. Joubert n'arrive pas à remonter la pente : sa femme
était sa lumière. Aujourd'hui sa vie n'a plus de sel et il n'est pas
loin de laisser libre cours à ses pensées suicidaires, glissant sans
pouvoir interrompre le mouvement, dans une déprime névrotique.
L'arrivée d'un nouveau chef de la police, Bart de Wit, ancien de l'ANC, dont la nomination à ce poste doit plus à la politique qu'aux compétences, va
venir bousculer la morosité de l'inspecteur. Le colonel est là pour
redresser l'image de la police, et il enjoint Mat joubert à montrer
l'exemple en retrouvant forme physique et santé morale sous peine
d'éviction.
C'est alors que deux enquêtes parallèles, la première sur l'assassinat en pleine rue d'un jeune entrepreneur blanc, et la seconde sur une série de petits braquages dans des succursales de la banque Premier, sont confiées à Joubert et à son associé, Benny Griesel ; les deux brebis galeuses du commissariat :
le dépressif suicidaire un peu obèse et son copain alcoolique. Ce sera
leur dernière chance avant la retraite forcée.
Deon Meyer nous campe un inspecteur qui n'est pas, sous certains aspects,
sans rappeler un certain Kurt Wallander. Il est aux antipodes du héros
grand, fort et musclé qui aurait fait rêver il y a quelques décennies.
Non, Mat Joubert fait partie de ces flics auxquels on s'identifie
facilement tant leur coté humain, leur mal de vivre, est mis en avant,
et l'auteur prend tout son temps pour nous décrire, à travers moult
saynètes, parfois savoureuses, la vie "intérieure" de son héros.
L'enquête, les enquêtes, en deviendraient presque accessoires, au moins
dans la première partie du roman.
Deon Meyer nous décrit également une Afrique du Sud en construction, où la
réunification blanc/noir, la recomposition des services de l'état, ne
sont pas choses aisées au regard des trois siècles passés d'apartheid.
Le racisme, compris comme une culture, ne s'efface pas à coup de
changement de ministre ou de gouvernement. Pour autant, on sait
rarement des personnages rencontrés dans ce roman s'ils sont noirs ou
blancs de peau. Une façon d'indiquer clairement que seuls sont
importants les caractères, les individus et les rapports humains qu'ils
entretiennent, plutôt que leur taux de mélanine.
À signaler, un final époustouflant, qui se lit dans l'urgence, comme pour Les Soldats de l'Aube,
où Deon Meyer vous attrape, enchaînant les phrases, les chapitres, vous
prend au collet, vous ballade, vous secoue, et vous laisse pantelant,
un point final en travers de la gorge. Premier roman... en plein dans
le mille !..
Quelques pistes à explorer, ou pas...
Si celui-ci vous à plu, n'hésitez pas et poursuivez votre lecture avec Les soldats de l'Aube (peut-être un ton légèrement au-dessus) ou L'Âme du Chasseur. En attendant que soient traduits ses autres romans.
Les dix premières lignes...
Dans le silence du dernier après-midi de l'année, il pensait à la mort.
Mécaniquement, ses mains fourbissaient son pistolet de service, un Z88.
Il était assis au salon, penché en avant dans son fauteuil, toutes les
pièces de son arme posées sur la table basse, entre des chiffons, des
brosses et une burette à huile. Dans le cendrier, une cigarette
expédiait de longues et maigres volutes au plafond. Au-dessus de lui, à
la fenêtre, une abeille se tapait dans la vitre avec une régularité
monotone et irritante : elle voulait rejoindre la chaleur de
l'après-midi au dehors, là où soufflait un léger vent de
sud-est (...)
Quatrième de couverture...
Depuis la mort de sa femme, l'inspecteur Mat Joubert, de la brigade de Vols et Homicides du Cap, ne s'intéresse plus à rien. Jusqu'à l'arrivée de son
nouveau chef, le lieutenant Bart de Wit, formé à Scotland Yard, qui
l'oblige à cesser de fumer, à maigrir et à consulter une psychologue,
bref à se respecter et à travailler mieux sur deux enquêtes importantes.
La première concerne une certain "Monsieur Mon Cœur" qui détrousse une à
une les succursales de la banque Premier. La deuxième a pour objet des
meurtres perpétrés à l'aide d'un Tokarev, arme dont se servaient les
guérillas marxistes de l'Angola, ou d'un Mauser, tout droit sorti de la
guerre des Boers.
Meurtres politiques, crapuleux, voire mafieux, personne n'a de piste sérieuse et les crimes et les hold-up continuent... Y aurait-il un lien entre eux ?
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...