Zoocity

Guillaume Nicloux

Baleine - Mai 1998

Tags :  Polar rural Comédie Truand Quidam Etats Unis Années 1990 Populaire Entre 250 et 400 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 29 octobre 2008

Guillaume Nicloux est aujourd'hui connu pour ses films noirs (Le Poulpe, Une Affaire Privée, Cette Femme-là, La Clef) mais avant de pouvoir vivre de sa passion pour le cinéma, il racontait déjà des histoires.
C'est avec ce livre que je l'ai connu.

Zoocity, c'est un plongeon dans la tourmente d'un patelin paumé. Un bled où l'alcool et le sexe font la loi. Un goût d'Amérique profonde. Un univers impitoyable. Mais ce n’est pas Dallas, plutôt Mystic, le patelin dessiné par Harry Crews dans La Foire aux Serpents.

Édité chez Baleine en 98, ZooCity est le plus déroutant et sûrement le meilleur livre de Guillaume Nicloux. Interrogé par mes soins, Antoine de Kerversau (le fondateur des éditions Baleine) partage mon avis. Il va même plus loin en affirmant que ZooCity est le meilleur livre de Nicloux et qu’il avait su y jeter toute sa fouge et sa rage de l'époque.

Dés les premières pages le ton est donné :

[...] Il pourrait bien en profiter un peu. Que ça le changerait de sa truie. Il suffirait qu'il l'emmène discrètement dans l'arrière-salle et qu'il la fasse passer par la cuisine. [...] Il la foutrait sur le ventre, lui arracherait sa petite robe de traînée et lui montrerait qui est le patron. Peut-être même qu'il la dérouillerait un peu, histoire de cogner avant de fourrer.

Dans ZooCity, l'intrigue est reléguée au second plan. Quasi inexistante. Presque la marque de fabrique de Nicloux. Elle s’articule autour des personnages, des lieux et des situations. Un petit bled au milieu de nulle part. Une ville en autarcie. « La moitie de la population était alcoolique ». Des flics uniquement intéressés par les « jolis petits culs a mater ». On croise Ray. Un type usé par la prison. Des filles. Prudence, Janette. Et Brynner. Le forain. Si le final de Zoocity s'avère un peu décevant, on ne peut qu'applaudir la manière inimitable dont il parvient à rendre crédible la population de ZooCity. Et puis finalement, quand on referme ce bouquin on se dit que l’on a rien compris.
On se demande même s’il y avait quelque chose à comprendre.
Mais l'écriture reste juste. Derrière le ton froid, sec et nihiliste se cachent les destins des personnages aux prises avec leurs drames, leurs émotions, des surprises et des hasards de la vie. La force de Nicloux c'est la mise en scène de situations banales dans lesquelles il cherche à extraire des choses inattendues. Anecdotes et autres micros destins convergent. Les scènes courtes s'enchaînent. Presque anodines. Les micros événements aussi. Nous sommes les spectateurs de confrontations entre personnages. À travers des dialogues ping-pong efficace, il arrive à rendre ces scènes singulières.

On pense à des films comme Short Cuts de Robert Altman ou à Magniolia de Paul Thomas Anderson. On pense aussi à Wollanup, le bled paumé du Cul-de-Sac de Douglas Kennedy. On pense aussi à Harry Crews. L'influence se ressent même derrière chaque mot.
Crews ou Carver sont d'ailleurs les auteurs que cite le plus souvent Nicloux dans ses interviews.


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

1275 Âmes de Jim Thompson ou La Foire aux Serpents de Harry Crews. Guillaume Nicloux travaille justement à l’adaptation de ce roman en film.

Le début...

Les dix premières lignes...

Un trou noir et humide, avec du bruit. Le long tube argenté s’éjecta de l’orifice. Le ronronnement d’un train sur les rails. La pluie frappait violemment les vitres embuées d’un compartiment. Un homme, dont on ne voyait pas le visage, était assis sur une banquette en velours rouge. Il lisait un recueil de textes d’un auteur hongrois récemment disparu. Ce voyageur solitaire portait un costume sombre et une chemise blanche sans col. Une sacoche en cuir souple reposait à ses côtés. Il avait les mains épaisses et calleuses, deux robustes jambes et les cheveux blancs (…)


La fin...

Quatrième de couverture...

Ray avait passé huit ans de sa courte existence en prison. On avait essayé de le dresser là-bas, des hommes en uniforme avaient essayé de lui inculquer les valeurs essentielles de la vraie vie, ils avaient tenté de le soumettre et de l'humilier, on l'avait plusieurs fois battu, mais il s'était défendu. Il avait résisté. Et il s'était endurci, était devenu plus méchant qu'à l'ordinaire, avait fini par acquérir un statut d'intouchable, un statut d'homme fêlé dont il ne fallait pas tripoter le cul. Durant sa dernière année de détention, il n'avait pas dû prononcer plus de cent phrases. On l'avait condamné pour un meurtre. Ils l'avaient condamné parce qu'il avait tué une femme.


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

Guillaume Nicloux










Edition(s)...

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Du même auteur...

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Jack Mongoly